Zouberr Joomaye : « Fowdar doit certainement avoir une motivation politique »

 

Zouberr Joomaye le dit haut et fort : Les commentaires du député du ML, Sangeet Fowdar, sur l’exposition du Premier ministre à la télé sont « déplacés » et « inappropriés ». Par contre, l’élu du no. 13 calme le jeu avec son colistier Bashir Jahangeer et dément s’être bagarré avec lui. Il défend, par ailleurs, le bilan du gouvernement et rejette le blâme des inondations sur les administrations régionales, les fonctionnaires du département du « planning » et sur les changements climatiques.

Zahirah RADHA

 

Q : Vous êtes-vous remis de votre altercation physique avec votre colistier Bashir Jahangeer au dernier BP du MSM ?

Je démens formellement toute altercation entre Bashir Jahangeer et moi-même. Il n’y en a jamais eu. Cette nouvelle diffusée dans la presse n’est pas fondée.

Q : Il n’y a même pas eu de dispute entre vous ?

Non, il n’y a pas eu de dispute mais c’est vrai qu’il m’a réclamé des explications. Il voulait savoir si c’était moi qui avais rapporté certains de ses propos au Premier ministre et je lui ai dit que non. Pour moi, l’épisode est clos. Nous travaillons ensemble pour le parti dans la circonscription.

Q : Le courant passe bien entre vous ?

Il n’y a aucun problème de mon côté.

Q : Un autre député du gouvernement, Sangeet Fowdar, a aussi dénoncé les transfuges sur sa page Facebook. Vous sentez-vous viser ?

Il a dit ce qu’il voulait sans donner plus de précisions. Je suppose qu’il faisait référence à tous ceux qui ont quitté d’autres partis pour se rejoindre au MSM. Mais cela ne le concerne nullement puisqu’il n’est pas membre du MSM, mais du ML. Dans l’hypothèse où il sent un certain malaise, c’est à son leader Ivan Collendavelloo qu’il doit s’exprimer. Personnellement, je ne me sens pas visé du tout étant donné que nous n’appartenons pas au même parti, bien que nous soyons dans une alliance gouvernementale.

Q : Mais cela n’affecte-t-il pas le travail au niveau du gouvernement ?  

Je pense que Sangeet Fowdar est quelqu’un qui pèse bien ses mots avant de parler. Il sait ce qu’il fait. Pour moi, le fait qu’il choisit un mode de confrontation avec la majorité gouvernementale, il doit certainement avoir une motivation politique quelconque.

Q : Cette affaire a-t-elle été évoquée avec le leader du ML ?

Ce n’est que le Premier ministre qui peut vous répondre puisque c’est lui qui est le leader du parti et de l’alliance. Mais l’opinion exprimée par Fowdar sur l’exposition de Pravind Jugnauth à la télé est déplacée et inappropriée.

Q :  Comment le MSM réagit-il à cela ?

Le leader en est très conscient et il prendra des mesures appropriées le moment venu.

Q : Un autre élu de la majorité, Raj Dayal, a juré un affidavit contre SAJ disant qu’il a été forcé à la démission suite à l’affaire Bal Kouler…

Il ne faut pas oublier qu’il fait l’objet d’une charge formelle. Il faudra attendre le dénouement de l’enquête. 

Q : Quel est actuellement le mood au sein du MSM ?

C’est un très bon mood qui prévaut au sein du parti depuis que le Premier ministre a remporté son cas devant le Privy Council le 25 février dernier…

Q : … En dépit des guéguerres internes, les divers scandales et les récents problèmes liés aux inondations, au manque d’eau et tout dernièrement au débordement des eaux usées et de matières fécales à Saint Paul ?

L’alliance gouvernementale compte, en son sein, des politiciens chevronnés. Nous sommes conscients que la fin d’un mandat est normalement marquée par des surenchères, des tractations politiques internes, et parfois même par des chantages. Même le public a beaucoup plus d’attentes, sachant qu’il peut demander plus en cette période. C’est tout à fait normal. Nous l’abordons donc avec beaucoup de réalisme, sachant que tout cela fait partie du jeu.

Q : Vous pensez donc que les manifestations tenues de part et d’autre suite aux divers problèmes ont été motivées par la mauvaise foi ?

Je ne conteste pas le fait que les gens puissent être mécontents quand il n’y a pas d’eau, par exemple. Mais par contre, je trouve exagérée que les politiciens de l’opposition se mêlent aux manifestants, en faisant monter la mayonnaise un peu plus et de les provoquer pour descendre sur la route, et parfois même de causer des troubles à l’ordre public, comme on l’a vu à Saint Paul durant la semaine. Heureusement que la police est vigilante et grâce aux informations glanées sur le terrain, elle a pu agir pour éviter certaines menaces sérieuses ainsi que contre les fauteurs de troubles.

Q : N’est-ce pas le rôle des politiciens d’aider à trouver des solutions à l’égard de ceux qui sont en détresse, surtout quand les autorités leur font la sourde oreille ?

Certainement, mais ce n’est pas normal quand on planifie un coup, en mettant des tissus et du caoutchouc dans un tonneau pour le brûler.

Qu’il y ait des revendications, on le comprend. D’ailleurs, il y a eu des manifestations à Fond du Sac et à Curepipe, mais la police n’est pas intervenue parce qu’il n’y avait pas de menaces sérieuses. Cependant, à Saint Paul, c’était différent.

Q : Un ministre du gouvernement a quand même passé un sale quart d’heure à Fond du Sac ?

Ashit Gungah s’est déjà expliqué. Dans des situations d’urgences, quand les gens sont en détresse, ils peuvent avoir des réactions plus prononcées qu’en situation normale et on les comprend. Nous sommes prêts d’ailleurs à leur faire face. Mais on n’acceptera pas que certains prennent la justice en leurs mains pour tenir des manifestations illégales car on est quand même dans un état de droit. Les manifestations sont permises si elles sont légales.

Q :  La partielle au no. 7 aura-t-elle bien lieu ou est-ce une stratégie politique pour détourner l’attention de l’opposition, excluant le MMM qui a déjà affirmé son intention de ne pas y aligner de candidat ?

Le Premier ministre a déjà annoncé la tenue d’une partielle. C’est sa prérogative pour décider de la date. Si le PMSD et le MMM n’ont pas de candidats pour y aligner, ce sera très probablement l’alliance gouvernementale et le PTr qui s’affronteront.

Q : Le MSM est-il confiant de pouvoir remporter cette partielle ?

Tout à fait.

Q : Malgré les problèmes d’inondations à Cottage ?

Les gens savent que les inondations sont imprévisibles. Ce n’est pas un facteur déterminant pour une élection partielle. Les votants jugeront le gouvernement sur son bilan, sa performance économique, le développement, l’attitude du Premier ministre et toutes les actions sociales qui ont été prises. 

Q : C’est quoi justement le bilan du gouvernement ?

Il y a plusieurs volets. Au chapitre de l’économie, outre des économistes pseudo-indépendants comme Rama Sithanen et Eric Ng qui cherchent un ticket avec le PTr, toutes les grandes institutions internationales, comme la Banque Mondiale, le FMI et Moodys, reconnaissent la résilience de notre économie malgré un contexte international difficile. La croissance est stable, l’inflation et le chômage reculent. Jamais durant les 17 dernières années n’aura-t-on eu d’aussi bons chiffres.

Au niveau des infrastructures, les projets avancent à grands pas et tout le monde le voit. Il y a le Metro Express, le fly-over de Jumbo-Dowlut, les infrastructures sportives dans le cadre des JIOI. L’industrie de la construction a connu une croissance et les prévisions pour 2019 est un « double digit growth ».

Sur le plan social, la pension de vieillesse a doublé, le « minimum wage » a été introduit, la lutte contre la pauvreté a été cristallisé par l’introduction de la « negative income tax » qui est un soutien financier direct pour ceux qui sont au bas de l’échelle.

Q : Les électeurs vous jugeront-ils sur le Metro Express ou les JIOI quand leurs robinets sont à sec ou quand leurs maisons sont inondées à chaque grosse averse ?

Effectivement, il y a des projets qui n’ont pas encore été complétés, comme la fourniture d’eau sur une base 24/7. Au sein de l’opposition, on capitalise sur le manque d’eau dans certains endroits, mais en réalité, la fourniture d’eau s’est améliorée dans beaucoup d’endroits. Avec le démarrage des opérations du Treatment Plant de Bagatelle, je pense que le problème d’eau dans les Lower Plaine-Wilhems et à Port-Louis sera résolu d’ici juin. Il ne restera alors que la région du sud mais il sera aussi résolu assez vite. Ceci dit, il faut être réaliste. On ne peut pas résoudre un problème qui perdure durant des décennies en quatre ans. Ce n’est qu’en 2014-2015 qu’on a commencé à remplacer les tuyaux défectueux. Le processus est en marche et le problème d’eau sera résolu petit à petit.

Quant aux problèmes d’inondations, dans ma circonscription, le problème a été résolu à plus de 80% avec la construction des drains. Mais dans les autres parties du pays, le gouvernement est venu avec un cadre légal pour une « land drainage authority » qui, une fois qu’elle sera pleinement opérationnelle, résoudra les problèmes d’inondations. Ceux-ci ont été en partie provoqués par des développements non-planifiés. Les autorités, soit les municipalités et les conseils de districts, ont aussi fauté en donnant des permis dans des endroits à risques. Des fonctionnaires du département de planning sont aussi responsables puisqu’ils n’ont pas tiré la sonnette d’alarme. Les changements climatiques n’arrangent pas les choses non plus. Il faut maintenant trouver des solutions.

Q : Un récent rapport du ministère des Finances a fait état d’abus et de vices de procédures à l’ICC et a recommandé que l’organisation du hadj soit confiée à un autre organisme. Le gouvernement prendra-t-il des mesures appropriées ?

Le gouvernement en a pris note et agira en conséquence au moment venu. À trois mois du prochain hadj, on sera extrêmement vigilant et on veillera à ce que tout passe bien, à la satisfaction des futurs pèlerins. L’année dernière d’ailleurs, les Hadjis étaient satisfaits du déroulement du pèlerinage.

Q :  N’est-il pas l’heure de dépolitiser le hadj, selon vous ?

Le hadj n’est pas politisé. Mais les négociations pour le visa, par exemple, se fait impérativement au niveau de l’État. Ce sera impossible pour n’importe quel gouvernement de s’en laver les mains. C’est la responsabilité du gouvernement de s’assurer que tout se passe bien. Il y a aussi d’autres considérations, comme le vaccin aux futurs pèlerins. Qui s’en chargera si le gouvernement ne le prend pas en charge ?

Q : Dans quel état d’esprit abordez-vous le 1er mai qui est le dernier grand événement politique avant les prochaines échéances électorales ?

L’alliance gouvernementale est extrêmement sereine. Nous sommes très confiants. Étant sur le terrain, je peux vous dire que les gens sont extrêmement enthousiastes et ils veulent démontrer leur solidarité et témoigner leur soutien au Premier ministre. Ils savent que Pravind Jugnauth est sérieux, dynamique, travailleur, qu’il « means business » et qu’il est un « no-nonsense Prime Minister ». 

Q : Les koze-kozé viendront-ils avant ou après le 1er mai ?

C’est difficile de le dire à ce stade. Les tractations sont courantes en période électorale. Ce n’est pas nouveau. Il faudra attendre de voir.