Yasmina ,mère d’ismaail salahuddine «On pourrait sauver des vies si les autorités agissaient promptement»

Une sortie entre famille tourne au drame. Emporté par une houle, à Le Souffleur dimanche dernier, Muhammad Ismaail Salahuddine, 23 ans, habitant La Caverne, Vacoas, demeure toujours introuvable. Malgré que les chances de le retrouver vivant soient quasi-inexistantes, ses proches, fervents croyants, gardent toujours l’espoir qu’un miracle se produise. « Nous voulons croire à un miracle et croire qu’il est toujours en vie. Sinon, c’est le destin, nous devons accepter ce que Dieu a décrété ».

Une semaine depuis ce drame, ses proches vivent toujours dans l’angoisse. Malgré les multiples interventions de la police et des éléments de la National Coast Guard (NCG), aucun signe de vie du jeune homme. Yasmina Salahuddine, la mère d’Ismaail, est terrassée par la douleur. Les derniers moments passés avec son fils restent gravés dans sa mémoire.

Une sortie familiale comprenant une trentaine de personnes, dont Ismaail, est organisée en ce jour fatidique du dimanche 28 juillet. Passant par le ‘pont naturel’, ils sont descendus à Le Souffleur pour admirer la vue. La joie et la bonne humeur étaient au rendez-vous. Rien ne laissait présager un malheur. Après avoir pris quelques photos, Ismaail avait rentré son téléphone portable et s’était assis sur un rocher pour regarder des vagues. Soudain, ce dernier est emporté par une grosse vague qui le projette dans l’eau.

Témoins de la scène, ses proches se sont rués vers lui afin de lui porter secours. Ils croyaient tous qu’il allait s’en sortir vu qu’il était un bon nageur. « D’ailleurs, lorsqu’il est tombé dans l’eau, il s’est débattu et a nagé pour remonter vers nous. Mais il a été projeté contre un rocher par une deuxième vague et on ne l’a plus revu après », relate sa mère.

Toutefois, ses proches sont d’avis qu’Ismaail aurait pu être sauvé si les autorités avaient agi à temps. Selon sa mère, aussitôt l’alerte donné par des policiers aux éléments de la NCG, ces derniers sont arrivés sur les lieux en retard. « Ils sont arrivés avec seulement une corde et une bouée. Et ils n’ont même pas voulu se jetter à l’eau, nous expliquant qu’il y a un protocole à suivre et que la mer était démontée », martèle la mère.

Selon les proches, ce n’est que mercredi dernier que les plongeurs de la NCG ont effectué une sortie en mer pour entamer les recherches. « Il faut comprendre que cela peut arriver à n’importe qui, dans n’importe quelles circonstances. Je veux lancer un appel aux autorités, sur une base humanitaire, d’agir promptement dans les cas d’urgence comme celui-ci. On pourrait sauver des vies », dit Yasmina Salahuddine, désemparée.

Les rites funéraires, en l’absence du défunt, connus comme le ‘Namaz janazah’ (Raib), selon les coutumes musulmanes ont eu lieu mardi soir. Cependant, les recherches continuent afin de le retrouver.
Ses proches souhaitent remercier les volontaires qui ont offert leur aide pour les recherches en mer, et les policiers du poste de police de L’Escalier. Yasmina Salahuddine souhaite également que les gens respectent leur intimité pendant cette période difficile et qu’ils s’abstiennent de faire des commentaires désobligeants.

Ismaail, un jeune activement engagé dans le social

Ismaail avait perdu son père à l’âge de 9 ans. Ayant acquis les aptitudes de son père, il s’était engagé dans une voie spirituelle. Ses rêves étaient de propager l’Islam et de devenir un grand écrivain.

Classée 13e aux examens du HSC, Ismaail avait obtenu une bourse d’études en Arabie saoudite. Après deux ans d’études, il revient au pays en juillet pour des vacances. Il devait regagner l’Arabie saoudite vers la mi-août.

Ismaail a pendant son parcours effectué de nombreux travaux sociaux: la distribution de vêtements aux nécessiteux, le développement de bonnes relations avec des personnes de plusieurs confessions religieuses et la lutte contre les problèmes sociaux.

Selon Yasmina Salahuddine, son fils était connu et apprécié de tous comme un bon vivant. Elle le décrit comme un fils exemplaire. Elle relate qu’Ismaail participait dans plusieurs activités extracurriculaires et était même membre des scouts depuis plusieurs années. « Je n’ai jamais eu aucun reproche avec lui. Il était intelligent et obéissant. Il aimait les aventures, l’écriture, et se faire des amis. »

C’est aussi ce qu’affirment ses deux meilleurs amis, Adnan et Khalid. Pour Khalid Kurmallee, ce n’est pas un ami qu’il a perdu, mais un frère. Khalid a fait la connaissance d’Ismaail alors qu’il enseignait au secondaire sur une base volontaire après ses résultats du HSC. Ismaail, dit-il, débordait d’humour et de bonne humeur. Il se rappelle de son ami comme une personne dynamique, toujours à l’écouté des démunis et participait beaucoup aux activités extrascolaires, y compris les collectes de fonds pour son école ou pour l’ONG Centre d’Information sur l’Islam, dont il était membre. « Nous sommes tous très affectés par ce qui s’est passé et je souhaite que là où il est, qu’il soit en paix », confie Khalid.