Vox Populi, vox Dei

Si notre cœur avait vibré le 29 août dernier, il l’a été tout autant, sinon plus, hier. Une marée humaine, pour ne pas dire d’insignifiants, aux couleurs du quadricolore mauricien a de nouveau investi les rues de Port-Louis, déterminée à lutter et à botter hors du pouvoir ce gouvernement mafieux. Les citoyens ont compris qu’il fallait ranger de côté leurs divergences politiques pour s’unir contre l’affairisme, l’injustice, l’indifférence et la mauvaise gouvernance. Ils ont démontré, une fois de plus, que le pays passe avant toutes considérations partisanes et divisionnistes. Ils ont prouvé qu’ils ont l’intérêt de ‘Motherland’ à cœur. Ils ont manifesté leur dégoût et leur ras-le-bol d’un gouvernement pourri jusqu’à la moelle. Ils ont dit un NON résonnant au règne de Lakwizinn. Bref, ils ont revendiqué leurs droits de retourner aux urnes le plus rapidement possible.

Dans toute démocratie qui se respecte, quand le peuple s’exprime ainsi, les dirigeants se doivent impérativement d’agir. Quand un gouvernement n’a plus le soutien et la légitimité du peuple, il lui faut « lev paké allé ». Car la voix du peuple est souveraine. « Vox Populi, vox Dei ». Les prétendus conseillers en communication du Premier ministre doivent sans doute lui expliquer le sens de cette expression latine. Car Pravind Jugnauth prétend être sourd comme un pot en face des revendications citoyennes. Il ne pourra pas à chaque fois remercier les Mauriciens clamant sa démission dans les rues, comme il l’avait fait post-29 août 2020, avant de déverser ensuite sa bile devant ses partisans pour affirmer qu’il n’a aucune intention de céder aux pressions et de tenir des élections générales avant la fin de son mandat. Il peut dire ce qu’il veut autant qu’il veut, mais le véritable pouvoir, c’est le peuple qui le détient. Le plus tôt qu’il le comprenne, le mieux ce sera pour lui.

Les traîtres, ce ne sont pas ceux qui choisissent d’abandonner le MSM. Le vrai traître, c’est celui qui délaisse ceux qui l’ont porté au pouvoir. Comme le fait Pravind Jugnauth depuis quelque temps. En parlant de traître, Bolom la ne peut se poser en donneur de leçon. N’avait-il pas lui-même fait preuve de traitrise envers le peuple en 2017 en offrant le ‘primeministership’ à son fils sur un plateau ? Il aura beau couver son fils, mais le peuple finira, tôt ou tard, à avoir le dernier mot. Qu’il soit à travers des contestations citoyennes ou à l’issue des urnes. Autant donc que Pravind Jugnauth sorte la tête haute que dans le déshonneur. Qu’il reconnaisse une fois pour toute l’illégitimité de son gouvernement et donne des élections générales anticipées. Car régner pendant encore quatre ans avec un gouvernement aussi fragilisé risque de lui coûter plus cher qu’il ne le pense.