Visite présidentielle à la CMT qui annonce le licenciement de 5 000 employés : Quand Ashit Gungah s’emmêle les pinceaux

 

La visite du président de Mozambique, Felipe Jacinto Nyusi, en compagnie du ministre Ashit Gungah, à la Compagnie Mauricienne de Textile (CMT) jeudi n’avait rien d’anodin. Celle-ci importe 35% de ses matières premières, plus précisément le coton, du Mozambique. Or, le directeur de la CMT, François Woo, en a profité pour annoncer qu’il envisage de licencier 5 000 employés à Maurice. Du coup, la visite a pris une autre tournure, la nouvelle du licenciement programmé prenant le dessus sur la visite présidentielle. Une situation qui a carrément refroidi ceux qui sont le domaine du commerce.

« Comment le ministre Gungah a-t-il pu programmer une visite présidentielle dans une compagnie qui compte licencier des milliers de travailleurs ? Était-il au courant de la situation ? Est-ce ainsi qu’il projette d’attirer les investissements à Maurice ? » s’interroge-t-on dans le milieu concerné. D’autant que François Woo n’a pas caché son intention de délocaliser vers le Mozambique. Le président Felipe Jacinto Nyusi lui a d’ailleurs lancé une invitation en ce sens. Ce qui attise davantage la colère des hommes d’affaires. Une situation que l’économiste Eric Ng Ping Cheung qualifie de « cocasse ». « Je trouve très drôle qu’un ministre du Commerce puisse faire une chose pareille. Au lieu d’encourager les investisseurs à venir chez nous, il fait exactement le contraire en les encourageant d’aller à l’extérieur. Car c’est bien ce qu’il a fait, » souligne l’économiste. Et d’ajouter que : « C’est comme s’il s’est tiré une balle dans le pied ».

Certains observateurs n’hésitent pas à s’interroger sur le rôle du « Prime Minister’s Office » dans cette affaire, celui-ci ayant dû au préalable approuvé, ratifier et finalisé la visite. Le Premier ministre, qui est aussi le ministre des Finances, pourra-t-il nous dire ce qu’el en pense de toute cette affaire ? Car cela aura bel et bien un impact sur l’image de Maurice sur le plan d’investissement.