[VIDÉO]Victime d’un ‘Hit-and-Run’ mortel : Le père du défunt remue ciel et terre pour retracer le véhicule impliqué

Amed Aboo Bakar Sumun est parti à la fleur de l’âge, soit à 19 ans. Ce jeune homme avait plusieurs projets en tête mais il devait être percuté de plein fouet par un autobus à Trianon le jeudi 18 juin, alors qu’il partait pour son travail sur sa moto. L’autobus ne s’est pas arrêté. Commence alors un long calvaire pour le père pour retracer cet autobus, face à la morne indifférence des policiers.

Le jour fatidique avait débuté comme d’habitude pour Amed Sumun et pour sa famille. Sa maman avait tout préparé pour Amed pour qu’il puisse se rendre à son travail à ABC Motors à Phoenix tôt. Il échange quelques mots avec sa maman et sa grand-mère et vers 7 h 20, il enfourche sa moto et quitte son domicile.

Salim Sumun, le père d’Amed reçoit un appel téléphonique vers 8 h. La personne à l’autre bout du fil l’informe qu’Amed a eu un accident et que le SAMU l’a déjà transporté à l’hôpital Victoria à Candos.

En proie à une vive inquiétude, Salim Sumun quitte son domicile et part en direction de Trianon. Une fois arrivé sur le lieu de l’accident, des personnes vont l’informer que c’est un autobus qui a percuté son fils. Toutefois, le véhicule ne s’est pas arrêté.

Il part pour l’hôpital Victoria à Candos. Il y avait au moins sept ou huit médecins au chevet d’Amed. C’est ainsi que Salim Sumun prend conscience de la gravité de l’état de santé de son fils. Un des médecins lui confirme que l’état d’Amed est plutôt critique. Amed est conduit en salle d’opération. Un long moment d’angoisse pour ce père qui prie de toutes ses forces. Des membres du personnel sortent dans le couloir et viennent à la rencontre de Salim Sumun. Le père s’accroche à un dernier espoir mais les blouses blanches devaient l’informer que toute tentative de réanimation a été vaine et que son fils n’est plus de ce monde. Il aurait fait un arrêt cardiaque.

Salim Sumun se rend au poste de police de Rose-Hill le même jour et indique à la police que selon les informations qu’il a pu recueillir sur le lieu de l’accident, ce serait un autobus qui est impliqué dans ce cas de ‘hit-and-run’. Les policiers lui rassurent qu’ils vont visionner les caméras de surveillance sur le lieu de l’accident.

Quelque temps après, n’entendant rien du côté de la police, il décide de se rendre au poste de police de Rose-Hill pour savoir si la police a pu retracer l’autobus en question. Des policiers, en le reconnaissant, lui lancent : « Qui ou vine fer ici ? » Ils demandent à Salim de prendre un rendez-vous et de revenir le lendemain. Mais le lendemain, c’est la même histoire : on lui demande de repasser. De guerre lasse, Salim Sumun abandonne, et ne sait plus vers qui se tourner

Ce n’est que quelques jours plus tard que ce père de famille entend fortuitement une personne qui intervenait sur une radio privée sur l’accident impliquant son fils.  Cette personne devait affirmer qu’il avait été témoin de l’accident et qu’il savait que le receveur de l’autobus est un habitant d’Henrietta.

Salim Sumun informe immédiatement la police de ce développement. Mais la police lui dit que qu’ils ne vont pas rechercher ce témoin tombé du ciel. Salim Sumun ne baisse pas les bras : il prend contact avec la radio en question, qui lui fournit le numéro du témoin. La police daigne finalement passer un coup de fil. Le témoin est ainsi venu de l’avant pour consigner sa déclaration, mais une fois de plus, l’affaire reste au point mort au niveau de la police.

À ce moment la, le PPS Gilbert Bablee intervient auprès de la police et les choses commencent finalement à bouger. Les députés Patrick Assirvaden et Kushal Lobine apportent leur soutien au père d’Amed.

La police a finalement visionné les caméras CCTV sur place, ce qu’ils auraient dû faire depuis le début. Ils ont finalement avoir un aperçu de l’autobus, et ont pu retracer le chauffeur et le receveur.

 « Un enfant modèle »

Amed était le benjamin d’une fratrie des trois enfants, dont une sœur et un frère. Il était l’enfant gâté de sa famille.

Pour ses parents, surtout pour sa mère, Amed était un enfant modèle. « Jamais li ti lève la voix avec nous », disent-ils. « Jamais nous fine gagne ene reproche avec li. » Son père le  décrit comme un garçon très brillant. Le jeune garçon a toujours été au service des autres. « Non pas existe dans so la bouche », nous dit Salim Sumun.

Depuis son enfance, Amed adorait les deux-roues. « Li ti ena au moins 3 ou 4 motocyclettes, ek 3 bicyclettes », nous dit le père. Parmi ses snacks favoris, Amed adorait les pistaches salées.

Il avait intégré la ‘School of Electronics’ à 12 ans. Il a suivi une formation dans cette école entre deux à trois ans et intègre ensuite le Grade 9 (Form III) au collège Aleemiah, à Phoenix, où il avait bossé très dur, mais a dû décrocher en Grade 11 (Form V). Il allait obtenir son diplôme en septembre de cette année-ci à la Vocational Training Institute (VTI). Cette institution avait toutefois déjà offert à Amed un stage à ABC Motors Ltd à Phoenix. Dans moins de six mois, Amed est confirmé à son poste.

Religieux et spirituel, Amed a accompli à deux reprises l’Umrah à La Mecque, l’un en compagnie de sa famille et l’autre avec son frère aîné. Salim Sumun projetait de construire un atelier pour Amed, mais le destin en a décidé autrement.

Hors-Texte

« Que ceux qui ont été témoins de cet accident viennent de l’avant »

Salim Sumun lance un appel à tous ceux qui ont été témoins de cet accident de venir de l’avant. « Faudrait gagne en temoin kine trouve quite chose et faudrait li sure », explique Salim. À l’heure où nous mettions sous presse, deux témoins sont déjà venus de l’avant.

Sarah Khodadin