[VIDEO]Précarité de la famille Ramdass Leur toit menace de s’écrouler sur leurs têtes

À La Caverne dans le centre de l’île, la pauvreté fait partie du quotidien de la famille Ramdass. Cette petite famille est composée d’une mère de famille, de son père et de ses trois filles. Ils vivent dans des conditions déplorables. Chez les Ramdass, la précarité financière se conjugue avec l’état de leur maison et les difficultés auxquelles Navina doit faire face pour envoyer ses filles à l’école. Récit…

Marwan Dawood

Nous venons à peine de célébrer en grande pompe les 51 ans de notre indépendance. Feux d’artifices, spectacles hauts en couleur… Cependant, plusieurs familles mauriciennes n’ont aucune raison de célébrer, dont les Ramdass à La Caverne, Vacoas. Nous sommes partis à leur rencontre jeudi matin et le constat est déconcertant.

Trois petites filles, Joanne, Julia et Anna (prénoms modifiés) vivent en compagnie de leur mère, Navina, et leur grand-père maternel, Dhaneshwar. Dans une maison constituée de trois chambres recouvertes de feuilles de tôle, cette famille vit avec la pension de vieillesse de Dhaneshwar et avec l’aide sociale que perçoit deux des trois filles. La benjamine, Julia, ne reçoit pas d’aide sociale contrairement à ses sœurs.

L’un des soucis principaux de cette famille est la condition dans laquelle se trouve la maison. Comme mentionnée, elle est recouverte de feuilles de tôle soutenues par des poutres. Cependant, le temps a eu raison de cette partie de la maison. Depuis plusieurs années maintenant, en raison de la précarité économique de la famille, aucun travail de maintenance n’a été effectué et aujourd’hui, les poutres commencent à pourrir dangereusement tandis que les feuilles de tôle sont remplies de trous. Qui dit trous dans la toiture, dit également maison qui coule en temps de grosses pluies.

Lorsque nous sommes arrivés sur place jeudi matin, nous pouvions encore témoigner des dégâts causés par les grosses pluies de la veille, soit mercredi soir. Dans quasiment toutes les chambres, des seaux ont été placés au sol pour collecter l’eau de pluie. Ce qui choque davantage est que dans une des chambres, les poutres sont sur le point de céder et la famille a dû avoir recours à un morceau de bois pour empêcher les feuilles de tôle de dégringoler sur les membres de la famille.  « Nou pena moyen pou redresse tousala. Noune mett enn bout dibois pou tini tole la, ziska dibois la mem pe cabosser ek poids ki ena lor li la. Kan sa kassé, li pou vine enn vrai danger pour tou dimoune. Si enn la chambre la grainer, partout pou tomber », explique Dhaneshwar.

 

 

 

 

 

Ce dernier nous fait faire le tour de sa maison et nous arrivons dans une chambre où l’une de ses petites filles dort encore. Dans quelques minutes, ce sera l’heure pour elle de se lever pour aller à l’école. En entendant des voix, la petite fille, Joanne, se réveille en sursaut. En voyant nos cameras, elle va vite comprendre que nous sommes là pour aider sa petite famille.

« Kan nou dormi asoir, si ena la pli, nou bizin veiller tention nou bane zafer lekol mouillé », dit Joanne, d’un ton émouvant. Elle pointe du doigt le plafond. Et comme dans les autres chambres, ici aussi la lumière du soleil apparaît à travers des trous dans les feuilles de tôles. Ce qui en dit long sur la souffrance de cette famille.

Quelques instants après, une odeur de friture arrive jusqu’à nous. Dans la cuisine, Navina prépare le déjeuner des enfants. « Kan ena, zot gagne dipain, kan pena soit zot ale ventre vide soit pas ale lekol. Nou la vie coumsa. Pareil, kan ena travail, mo ale travail. Kan pena, mo bizin assize lakaze. Faudé gagne enn travail dan la cour parla lerla mo gagne enn ti cass. Pension mo papa pas suffit ek l’aide sociale ki bane zenfant gagner fini dan acheter manger mem. Aster bizin paye la lumiere ek delo », déplore cette mère de famille, désespérée.

Nous allons constater qu’un autre danger guette cette petite famille. La connexion d’électricité a été faite à la va-vite. Les fils sont suspendus et les connexions sont mal faites. En ce qui concerne les toilettes, c’est dans une petite hutte en dehors de la maison que les membres de la famille doivent se rendre, alors que leur salle de bain est inutilisable. « Nou bizin baigne dehors dan enn ti coin parski nou salle de bain ine bousser. Bizin casser refaire et nou pena cass pou fer sa. La pli soleil, kan bizin baigner bizin servi sa coin la », intervient Dhaneshwar.

Ce dernier fait aussi le point sur sa santé. « Je suis une personne malade. Je ne peux travailler car je souffre beaucoup. Je travaillais dans une école mais les choses ont changé pour moi et ma petite famille », dit-il. En chœur, père et fille disent la même chose : «Franchement, nou pas bizin dimoune vine donn nou cash mais si ziss zot capave aide nou remett lakaz la azour, nou ti pou reconnaissant. » Pendant ce temps, les enfants sont tous partis à l’école.

 

Faiz Khodabocus, travailleur social : « Un appel pressant aux Mauriciens pour venir en aide à cette famille »

Faiz Khodabocus est travailleur social au sein de l’association Feed the Needy et Home the Homeless et inspecteur sanitaire à la municipalité de Quatre-Bornes. En début d’année, son attention avait été attirée par un ami de la présence de cette famille non loin de sa maison. « Je me suis rendu sur place avec des matériels scolaires car mon ami m’a dit qu’ils sont dans le besoin mais je ne m’attendais pas à constater une telle chose. Je lance un appel aux Mauriciens pour venir en aide à cette famille. Ensemble, nous pouvons leur offrir une maison décente. Nous n’avons besoin que des poutres et des feuilles de tôle pour refaire la toiture et l’électricité », explique le travailleur social.