[VIDÉO] Une plaie sociale dans notre paradis : La misère noire des habitants de ‘Petit Rodrigues’

Nous avons été horrifiés à notre arrivée à ‘Petit Rodrigues’, un faubourg de la capitale qui se situe pas trop loin de Ste Croix. Sur un ‘State Land’ connu auparavant comme Paul et Virginie, les habitants vivent dans des conditions d’un autre âge. La drogue fait des ravages dans ce quartier. De plus, il se chuchote que des enfants en bas âge ont été victimes d’attouchements sexuels.

Le quartier si situe au sommet d’une petite colline, que vous devez rejoindre en empruntant un sentier escarpé. Ici, plus de 400 familles – avec 500 enfants –  vivent dans des conditions difficiles, parfois extrêmes, dans des bicoques en feuilles de tôle. Sans eau courante, sans électricité, il est difficile d’imaginer comment ces personnes vivent au quotidien.

Avec des yeux remplis d’espoir, de tristesse, avec des voix pénibles, des habitants sont venus nous témoigner de la dureté de leur quotidien.

Nous abordons Christelle (prénom fictif), 37 ans, une mère de cinq enfants, âgés entre 2 et 19 ans, qui habite dans ce faubourg depuis neuf ans. Christelle tente tant bien que mal de joindre les deux bouts. Elle et sa famille vivotent avec une petite aide sociale.

« Nou pena delo, la lumiere », nous dit-elle. Elle nous explique qu’en temps de pluie, c’est un cauchemar pour les habitants. La boue est omniprésente, une situation rendue pire par le fait qu’il n’y a aucun chemin praticable dans ce faubourg.

Cela a été pire pendant le confinement, nous dit-elle. Christelle déplore l’absence des autorités concernées pendant ce moment difficile, et affirme que seulement les travailleurs sociaux étaient là pour eux.

En ce qui concerne les enfants, elle affirme qu’à partir l’âge de 13 ans, ils finissent par tomber dans l’enfer de la drogue. Son propre fils de 17 ans, fumait du ‘mass’. Puis, il a jeté son dévolu sur la drogue synthétique.  Quand il n’a pas les moyens de s’offrir de la drogue, il se met à voler. Mais depuis deux semaines, il a pu trouver du travail. « Mais kouma li aret travail, li rekoumans kokin. Li pas facile pour moi », dit Christelle. Elle réclame, entre autres, que des activités saines soient organisées pour les enfants et les jeunes. « Zis kan ena eleksyon ki ou pou trouve politicien vine geter », fustige cette mère de famille.

Katy a trois filles en bas âge. Elle abonde dans le même sens que Christelle en ce qui concerne les problèmes qui existent dans ce quartier. Elle avance aussi l’existence d’un autre problème majeur. Des personnes, y compris des enfants, tombent malades, et les ambulances ne veulent pas monter jusqu’en haut dans ce quartier. « Personne pa rode aide nou kan nou dans ban situations difficiles », dénonce-t-elle. Selon elle, les ministres ne veulent pas reconnaître la situation précaire de ces gens vu qu’ils sont sur un terrain de l’État. « Zis kan ena pour voter, lerla zot vine promet nou le ciel la terre ! », martèle-t-elle. « Nou zis trouve missier Bruneau Laurette ki pe vine aider », ajoute-elle.

Katy a peur pour ses trois filles, surtout avec le fait que des enfants ont déjà été victimes d’attouchements. Selon elle, il y a  belle lurette que le ‘law and order’ a disparu de ce quartier. Elle doit toujours être présente à côté de ses filles pour les surveiller constamment, et veiller à ce qu’elles soient à l’abri des prédateurs sexuels.

Une autre habitante, Neha, se souvient une fois où un habitant de ce quartier est tombé malade. Quand ils avaient appelé une ambulance, on leur a dit que l’ambulance ne pouvait monter en haut, vu l’absence d’un chemin praticable. On leur a dit qu’il leur fallait descendre le malade jusqu’à l’ambulance par eux-mêmes. Les malheureux habitants ont dû appeler les pompiers. Ces derniers ont pu finalement amener l’homme jusqu’à l’hôpital.

Un peu plus loin, la petite maison en feuilles de tôle de Perrine Christiane est partie en feu il y a quelques jours. Cette famille, avec 10 personnes environ, dont plusieurs enfants, a toutefois pu reconstruire une maisonnette de deux pièces avec des vieilles feuilles de tôles.

Ayant à sa charge plusieurs enfants, Perrine Christiane reçoit une maigre allocation de Rs 4 000 environ. Avec cet argent, elle doit trouver au quotidien de quoi se mettre sous la dent, et cela pour la famille. « Nou debrouiller tant ki nou kapave », lâche-t-elle.

Westley, un travailleur social qui habite lui-même dans ce faubourg depuis 13 ans, nous rapporte une situation plutôt délicate. Selon lui, la connexion Internet assurée par un pylône de MyT ne bénéficierait pas aux enfants, qui ne sont pas dans le quartier durant le jour mais plutôt à certains esprits malades qui en profiteraient pour voir des films à caractère pornographique. Selon lui, cela constituerait un problème, vu qu’il y a eu des cas d’attouchements sexuels dans le passe.

Westley avoue qu’il a peur car il a lui-même des enfants. Il avance que les familles des victimes ne veulent pas rapporter des cas de ce genre, vu que les agresseurs seraient eux-mêmes issus du quartier  et côtoieraient sur une base quotidienne les autres habitants.

Comment, en 2020, on a toujours des gens dans le pays qui vivent dans ces conditions ? Est-ce que les autorités sont-elles au courant de leur existence ? Que font les députés de cet endroit ? Assument-ils leurs responsabilités envers ces personnes comme ils avaient promis pendant la période électorale ?

 

L’espoir est permis

Westley compte construire un atelier sur un terrain mis à sa disposition pour que les enfants puissent apprendre à réparer des meubles pour être indépendants. « Nous avons des familles qui sont dans une situation bien difficile. Il travaillent le matin juste pour pouvoir se remplir l’estomac le soir », lance-t-il. Westley compte bien avoir une aide financière pour démarrer son projet.

Pour sa part, Doris Félicité, travailleuse sociale et  habitant elle aussi le quartier, compte créer un atelier de musique