[VIDEO]: Une famille prise au piège

Effondrement d’un pont à Pailles

  • « Ki nou pou faire si zenfan malade asoir ek pé bisin amène l’hôpital, kuma nou pou traverse sa pont là ? »

La famille Bojeenauth est prise au piège d’un côté de la rivière car le pont qu’ils avaient l’habitude d’emprunter au quotidien a cédé sous la pression des grosses averses qui se sont abattues sur l’île la semaine dernière.

Chez les Bojeenauth, dix personnes vivent dans une bicoque en tôle qui se transforme en arrosoir lors des saisons pluvieuses. Devanand, âgé de 59 ans, sa femme Pasantee, ses deux filles, ses gendres, son fils et ses trois petits-enfants occupent cette bicoque instable composée de trois petites pièces et d’un salon.

Avec un nourrisson de 5 mois entre ses bras, Disha raconte les misères qu’elle a vécues durant le passage du cyclone Berguitta et sur les répercussions qui ont suivi. À chaque averse, l’eau boueuse refoule de la rivière et envahit leur maison. « Délo ti pé rentré depuis tout koté, nou pas ti pé capave faire nanye. Ziska ler nou pé gagne boukou problème. Nou vrémen per pou sécurité bannes zenfan ici », relate-t-elle.

Depuis que le pont a cédé, leurs ennuis n’ont fait que croître davantage. Les Bojeenauth doivent traverser le pont de béton qui s’est rompu en deux pour pouvoir vaquer à leurs occupations. Ils risquent leur vie en empruntant ce passage et soulignent qu’ils n’ont pas le choix.

Danshika Permall, la fille de Devanand, n’arrive pas à envoyer sa fille de 3 ans à la crèche par peur que la petite ne se blesse si le pont s’effondre complètement. Elle a choisi de laisser la petite sous la responsabilité de ses parents.

Devanand doit quant à lui porter sa bicyclette sur ses épaules pour partir au travail. « Li bien riskan pou nou, pas pé capave ale travay, si mo monte parti la haut mo fer ring road, li pli loin et pli difficile pou moi encore, nou pé ziss deman gouvernement faire aranz sa pont la pou nou capave traverser », dit-il désolé.

La police de Pailles a fait un constat des lieux. Puis plus rien. Les Bojeenauth ne savent pas qui de la municipalité ou du ministère des Infrastructures publique doit réparer le pont.

Les camions de la WMA déversent les eaux usées dans la rivière

Encore plus loin, toujours des problèmes, cette fois-ci chez Fazila Peermahemad. Cette cinquantenaire doit faire face au refoulement de l’eau boueuse provenant de la rivière. La montée des eaux a provoqué un débordement de la rivière et aurait même causé un glissement de terrain. Fazila craint que sa maison ne soit emportée par les flots aux prochaines averses. Elle a adressé plusieurs lettres aux autorités concernées mais elle n’a reçu aucun soutien jusqu’à présent.

Autre problème de taille : les camions hydrocureurs de la Wastewater Management Authority (WMA) viennent déverser les eaux usées dans la rivière, ce qui dégage des mauvaises odeurs et peut occasionner des maladies.

Ces habitants se sentent exclus par les autorités et n’arrivent plus à faire face à ces problèmes qui les dépassent. Ils réclament, que le gouvernement prenne ses responsabilités pour que des vies ne soient pas mises en danger.

Sollicité pour une réaction, Ehsan Mamode, l’adjoint au lord-maire, a fait ressortir qu’il se déplacera personnellement pour faire un constat des lieux et apportera son soutien à ces habitants de Pailles.