[Vidéo] Metro Express : Colère et révolte des commerçants à Vandermeersh

  • Une pression politique exercée sur certains ?

Six mois après le début des travaux sur le chantier du Metro Express, la patience des commerçants se trouvant le long de la rue Vandermeersh entre Beau-Bassin et Rose-Hill est dépassée.  Poussière, vibrations, désordre, pollution sonore, incivilité des travailleurs, mauvaise communication…tous les ingrédients sont désormais réunis pour sonner la révolte des habitants et commerçants qui opèrent à quelques mètres du chantier du plus grand projet jamais réalisé à Maurice.  Après avoir adressé une pétition au maire des villes-sœurs, ils passeront à l’attaque dès demain, lundi 20 août, en envoyant la lettre au bureau du Premier ministre.  

« Enough is enough ! »…C’est en ces termes que Fatmah, Nandini, Nazli, Jehane et quelques dizaines d’autres commerçants de le la rue Vandermeersh commencent leurs interventions.  Au rendez-vous, colère, inquiétude et fatigue.  Un groupuscule de commerçants s’est réuni hier matin sur le chantier du Metro Express à proximité de Gloria à Rose-Hill pour dénoncer avec force leur principal souci depuis février, la face cachée du projet Metro Express. Ils sont soutenus dans leur cause par le conseiller municipal bleu, Zaeed Nanhuck.

Alors qu’on attend l’arrivée de la propriétaire, un vent soulève un tourbillon de poussière étouffante sur la rue Vandermeersh. Très vite la voiture est recouverte d’une épaisse poussière terreuse.  «Vous voyez ! C’est ce que nous subissons au quotidien », S’exclame le gérant d’une pâtisserie qui dit devoir passer la majeure partie de son temps à essuyer ses chaises et tables pour accueillir ses clients qui se font de plus en plus rare.  « Nous perdons une clientèle qui dit ne pas pouvoir consommer une nourriture qui pourrait être affectée par la poussière. Même si nous doublons  d’efforts, nous ne pouvons plus. Il y a une mauvaise communication autour de ce projet. J’ai préparé des gâteaux et un jour en venant travailler, on me dit que la route est fermée et je ne pourrais pas travailler. J’ai dû tout jeter », martèle le propriétaire de T  Où café.

Quelques mètres plus loin, Jehane gérante d’un magasin de vêtements subit les mêmes conséquences. « Lorsqu’ils font passer leurs gros camions, mes vitrines ne contiennent pas les vibrations. Depuis février j’ai déjà fait des pertes en termes de matériels », dit-elle en se plaignant également d’une baisse de la clientèle.  Cependant les commerçants se disent pour le projet. «Nous ne sommes pas contre le projet Metro, mais il faut avoir un minimum de respect pour ceux qui sont sur place depuis des décennies.  Nous subissons des pertes alors que nous contribuons tous à l’économie en payant des taxes. Nous ne pouvons continuer à vivre avec une telle angoisse. Ce n’est pas pour Rs 18 milliards qu’il faut traiter les gens de la sorte.  Le ministre Bodha est quelqu’un de responsable il aurait dû venir sur place pour constater la situation lui-même. Kan zot fer dezordre zot bizin nettoyé », lance une dame remontée.

Fatmah Caunhye et Nazli Cooraban habitent et opèrent un commerce sur les lieux depuis plus de 20 ans. «Nous avions déjà des difficultés à vivre mais maintenant nous sommes appelés à disparaitre », disent les deux pensionnaires.   Au bout des larmes, Fatmah, révèle qu’elle a perdu beaucoup d’argent avec le projet Metro Express.   «J’ai des engagements bancaires. J’ai des engagements financiers, je faisais la location de mes bâtiments mais les locataires partent car ils ne travaillent plus. Je ne sais pas ce que je vais faire », confie-t-elle.  Nazli, gérante de Gloria Fastfood est aussi concernée. «Dimoune refuse vine manzé trop la poussière. Kan camion vine faire livraison pena parking parski zot ine block simé. Bane travailleurs la fer zot besoin emplasse, zot manzé zot zett lamem couma dimoune pou vive », martèle-t-elle.  Elles sont par la suite rejointes par Nandini, propriétaire d’un salon de coiffure qui vient de limoger un employé. «Je suis triste mais il n’y a plus de travail. Je ne peux plus payer le loyer et ainsi que mon employée j’ai dû donc la remercier », dit Nandini. Cette dernière va plus loin dans ses propos, «il y avait un ministre qui venait faire sa coupe chez moi, depuis le début des travaux il ne vient plus. A-t-il peur de la poussière ? », ironise-t-elle.

Pression politique ?

Les personnes présentes sur place font état de deux personnes qui étaient au début d’accord pour soutenir la cause mais qui se sont par la suite rétractées.  Le bâtiment dans lequel ils opèrent appartient au frère d’un ministre du Muvman Liberater.  «Il doit sûrement y avoir eu pression sur eux », dit-on.

Bataille légale en vue

Le conseiller du PMSD Zaeed Nanhuck apporte son soutien aux commerçants.  Il s’est rendu à leur rencontre hier matin. Dans une réaction à Sunday Times, Zaeed Nanhuck évoque une bataille légale qui va bientôt démarrer.  «Ces personnes subissent des pertes évidentes et ne peuvent pas rester sur leur faim. Nous devons agir et nous allons nous concerter pour une éventuelle bataille légale où il en sera question d’une compensation équitable et juste pour les commerçants.  La première étape est que nous allons envoyer la lettre au Premier ministre et nous allons voir comment il réagit », dit le conseiller bleu.

Les commerçants lancent ainsi une invitation au ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha pour qu’il vienne faire un site visite dans le but de constater les dégâts.