[VIDÉO] Imteaz Lallmahomed : « Mo pe gagne menaces de mort avek la polis »

Brutalité policière alléguée

Imteaz Lallmahomed, un marchand ambulant qui opère à la gare du Nord, a été sauvagement agressé, sans raison apparente, par deux policiers de la ‘Flying Squad Hawker’ au poste de police de Trou Fanfaron le vendredi 23 octobre. Ces derniers ont ensuite logé de fausses accusations provisoires contre lui en cour.  Depuis, il vit dans une peur constante et craint le pire, car il continue de recevoir des menaces de mort de la part des policiers affectés à ce poste de police et que  « Tous les jours, zot choisir ene dimoune pour bater ».

 Ce père de famille de trois enfants, dont deux filles de 5 et de 6 ans et un bébé de 6 mois, opère à la gare du Nord comme marchand ambulant. Imteaz est un habitant de Plaine-Verte âgé de 30 ans.

Ce vendredi 23 octobre, Imteaz conversait avec un ami à la Gare du Nord, son lieu de travail. À un moment donné, il aurait fait mention d’un article de presse concernant un policier qui avait été interpellé pour blanchiment d’argent.

Peu après vers 14 h, Imteaz est parti acheter du pain lorsqu’il a été accosté par deux policiers de la ‘Flying Squad Hawker’, toujours à la Gare du Nord. Selon ses dires, les deux policiers vont l’emmener de force au poste de police de Trou Fanfaron, juste à côté de la gare, cela sous le regard impuissant d’autres personnes qui assistaient à cette scène. Ils l’ont fait entrer par la porte de derrière, et l’ont emmené dans un bureau à un étage supérieur. Ensuite, les policiers devaient fermer les portes et les fenêtres « pou pa tane moi crier », selon Imteaz.

Imteaz tente de comprendre ce qui lui arrive. Il exige une explication des policiers : « Mo pane faire narien ! Kifer ou pe bate moi ? » L’un des deux policiers devait lui lancer : « Tone cause cozer mo fam ! »

Le calvaire d’Imteaz vient tout juste de commencer. Les deux policiers continuent d’agresser Imteaz, notamment à coups de matraque. Ils se seraient aussi servis d’une chaise et des menottes pour le violenter.

À un moment donné, Imteaz va commencer à saigner abondamment. Les policiers vont alors quitter les lieux. Ces derniers vont fermer la porte, laissant Imteaz à son sort dans une profusion de sang.

Mais providentiellement, l’épouse d’Imteaz fait son entrée au rez-de-chaussée du poste de police, et commence à s’enquérir sur la présence d’Imteaz. Elle avait été envoyée par Imteaz pour aller acheter un gâteau d’anniversaire (Imteaz fêtait ses 30 ans le lendemain, le samedi 24 octobre) juste avant l’agression. Elle avait été alertée par des amis d’Imteaz alors qu’on emmenait son mari au poste. C’est grâce à cette dernière qu’Imteaz a pu échapper au pire, selon lui.

D’autres policiers vont alors exercer des pressions sur lui, à l’effet qu’ils allaient loger une accusation grave contre lui s’ils les dénonçaient. Selon Imteaz, les policiers lui auraient dit : « Si to pour ale de l’avant, nous pour met gros case lor toi. To pas pour capav vine lor la rue. Termine sa par la mem. Mo donne toi Rs 50 000. Tire sa linge du sang la donner. Fer cuma dire tone tomber ». Ils auraient acheté des vêtements pour remplacer ceux maculés de sang.

Finalement, un autre policier de la ‘Flying Squad Hawker’ va le transporter à l’hôpital. Toutefois, au ‘Police Post’ de l’hôpital, ce policier va déclarer qu’Imteaz a fait une chute, et rien d’autre. Il a été admis à l’hôpital pendant trois jours et est sorti le lundi 26 octobre. Imteaz a bien essayé d’avoir une ‘Form 58’, mais sans succès. Il n’a eu d’autre choix que de fêter ses 30 ans à l’hôpital.

À sa sortie de l’hôpital le lundi 26 Octobre, Imteaz devait tomber des nues. Il est interpellé le même jour, et traduit le même jour devant le tribunal de Port-Louis sous une accusation de « Possession of Offensive Weapon » et de « Rogue and Vagabond ». Il a dû fournir une caution de Rs 3 100 pour retrouver sa liberté. L’affaire a été renvoyée pour l’année prochaine et Imteaz n’a pas pu donner sa version des faits.

Les menaces continuent de pleuvoir

Depuis cet incident, Imteaz a peur de se rendre sur son lieu de travail à la Gare du Nord.

Imteaz affirme qu’il continue de recevoir toutes sortes de menaces de la part des policiers.  « Banla dire zot conne mo madam so figure, mo ban zenfant zot figure, et n’importe qui l’heure, zot envi met la drogue, zot pour fer li. La loi dans zot la main. Ceki zot envi zot pour faire », nous confie-t-il.

Ce jeudi 30 octobre, Imteaz a voulu consigner une déclaration au poste de police de Trou Fanfaron, mais on aurait refusé de prendre sa plainte, et il aurait subi les moqueries des policiers présents sur les lieux. Mais une deuxième tentative, à ce même poste, un peu plus tard le même jour, a été couronnée de succès : il a ainsi pu consigner sa plainte.

Imteaz ne compte pas baisser les bras et compte aller de l’avant. Il s’est par ailleurs rendu dans les locaux de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC) le mardi 27 octobre pour porter plainte contre les policiers. Selon lui, l’IPCC a réclamé les images des caméras CCTV et le rapport médical de l’hôpital. Une parade d’identification sera organisée pour qu’Imteaz puisse venir identifier les deux policiers qui l’ont agressé.

 

« Tous les jours, zot choisir enn dimoune pour bater »

Imteaz Lallmahomed affirme qu’il détient des vidéos de certains policiers qui ont reçu des pots-de-vin de certains marchands ambulants, pour retourner des marchandises qui avaient été confisquées par la Flying Squad Hawker.

Selon lui, «Tous les jours, zot choisir en dimoune pour bater. »

Sarah Khodadin