Une maison saccagée et des occupants matraqués à sang

Lors d’un raid musclé ADSU/GIPM à L’Escalier

  • Les hommes ne se sont pas présentés comme des policiers 

Les membres de la famille Goodur sont encore sous le choc depuis jeudi soir. Une trentaine d’hommes encagoulés ont fait irruption à leur domicile. C’était en effet des commandos du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM) qui épaulaient des officiers de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) recherchant de la drogue. Au final, rien de compromettant n’a été retrouvé à leur domicile.

C’était aux alentours de 18 h 30. La famille Goodur s’apprêtait à passer à table. Mais ils ont été brutalement surpris par des éclats de vitre. Au même moment, plusieurs individus font irruption dans leur domicile. Siddick, le père de famille, un ‘postmaster’ du bureau de poste de L’Escalier et son fils Javed, un chauffeur d’autobus, tentent d’intervenir. À aucun moment, les hommes encagoulés ne se sont présentés comme des policiers. « Ene sel coup, nek trouve dimoune pe rentrer partout, cagoule lors figure, pas pe comprend ki sanla sa, pe rentrer brite », nous raconte Siddick Goodur

Dans l’échauffourée, Siddick Goodur reçoit plusieurs coups de matraque télescopique à la tête. « Mo nek senti ene coup, pas conner cotte sa sorti, mo trouve noir », explique la victime. En quelques secondes, les vêtements qu’il portait sont recouverts de sang. Il saigne abondamment. Entretemps, les autres membres de la famille Goodur, qui étaient présents sur les lieux sont enfermés dans une autre pièce de la maison. Parmi, des enfants, qui ont été incommodés par du gaz lacrymogène utilisé lors de cette opération.

Javed Goodur tente alors de porter secours à son père, qui saigne toujours. Cette fois-ci, il est lui aussi pris à partie par des hommes en noir. C’était en effet des membres du Groupement d’intervention de la police mauricienne (GIPM), l’unité de commandos de la police, qui épaulaient les officiers de la brigade antidrogue ( L’ADSU) lors de cette opération.

« Banne commandos la ki ine faire pli vilain. Zotte rentrer, crazer. Après l’ADSU ine rentre par derièrre zotte. Mo pena aucaine probleme avec l’ADSU, parski quand zotte ine rentrer par derrière, zotte ine dire ki zotte l’ADSU zotte », nous confie Javed Goodur.

Pendant presque une heure, les officiers de la brigade antidrogue ont fouillé de fond en comble la demeure des Goodur, mais rien de compromettant n’a été retrouvé. C’est finalement aux alentours de 20 h 05, que les policiers ont quitté les lieux, alors qu’une centaine de badauds s’étaient rassemblés à proximité de la demeure des Goodur.

« Kifer la police ine fer brite koum sa ? » 

Bien connu dans la région, Siddick Goodur, qui compte plus d’une trentaine d’années comme ‘postmaster’ de cette localité est encore sous le choc. « Mo pas comprend ki faire tout sa brite la. Tout dimoune conne moi dans l’endroit. Mo ene postmaster. Pas ene façon pou rentre dans mo lakaz sa », nous dit Siddick Goodur.

Vendredi après-midi, les Goodur n’avaient toujours pas porté plainte contre cette bavure policière. Ils nous ont confié qu’ils préfèrent consulter en premier lieu leur homme de loi avant de se rendre aux Casernes centrales pour porter plainte. Siddick Goodur réclame une rencontre au plus vite avec le Commissaire de police, Mario Nobin, pour évoquer avec lui cette situation.

Contacté, un officier de l’ADSU du sud nous a confié que lui et son équipe connaissaient très bien leur travail et qu’ils n’avaient rien à se reprocher après cette opération au domicile des Goodur.