Une compagnie indienne décroche un jackpot valant presqu’un milliard de roupies

Vente de câbles en cuivre par Mauritius Telecom

La vente de 10 000 tonnes de câbles en cuivre, valant presqu’un milliard de roupies, par Mauritius Telecom à Tradeway International Ltd sans passer par le processus d’appel d’offres fait tiquer. Sur quels critères la Mauritius Telecom s’est-elle basée pour porter son choix sur cette compagnie indienne basée à La Tour Koenig ? Nul ne le sait…

Pour moins que ça, soit pour la vente de 25 tonnes de câbles en cuivre, Mauritius Telecom a l’habitude de passer par un processus d’appel d’offres. « La compagnie change régulièrement les câbles en cuivre sur son réseau de téléphonie pour diverses raisons. Chaque année, quelque 25 tonnes de ces câbles sont vendues à des compagnies qui sont dans le domaine. Les tenders sont d’ailleurs envoyés directement à ces dernières », nous explique le propriétaire d’une d’elles. Cependant, l’année dernière, Mauritius Telecom a lancé un tender pour la vente de 500 tonnes de câbles en cuivre au lieu de 25 tonnes. Une hausse qui s’explique par le basculement du réseau de Mauritius Telecom sur la fibre optique. Le hic, c’est que c’est le ‘lowest bidder’, soit la compagnie indienne Tradeway International Ltd, qui a décroché le contrat. Et ce alors que son offre était presque 20% inférieur à celle du ‘highest bidder’. Une irrégularité que les soumissionnaires n’arrivent pas à digérer. Une plainte en ce sens a d’ailleurs été logée à l’ICAC récemment.

Cette fois-ci, Mauritius Telecom aurait poussé le bouchon plus loin en vendant des câbles en cuivre toujours à Tradeway International Ltd, mais sans qu’il n’y ait aucun appel d’offres. 10 000 tonnes de câbles, valant presqu’un milliard de roupies, devraient ainsi être vendues à cette compagnie durant les prochains mois. Pendant les deux dernières semaines, quelque 175 tonnes de câbles lui ont déjà été remises. Une démarche qui provoque le courroux de ceux concernés. « Comment se fait-il que MT lance des appels d’offres pour 25 tonnes de câbles mais elle ne le fait pas pour la vente de 10 000 tonnes ? » s’exclame notre interlocuteur. Cette décision défie toute logique. Est-ce en raison de ses connexions en haut lieu, dont le Prime Minister’s Office (PMO) que cette compagnie indienne a bénéficié d’un jackpot pour la deuxième année consécutive et en violant clairement les règlements établis ? C’est ce que se demandent les propriétaires des compagnies pénalisées par cette décision jugée scandaleuse.

Du côté de Mauritius Telecom, l’on n’a pas souhaité répondre à nos questions. « Please be informed that given the nature of our business, we do not reveal any information that is commercially and strategically sensitive », nous a-t-on dit. Et d’ajouter que la compagnie se conforme strictement aux règlements établis.

Opacité

Dans une correspondance datée du 10 juillet 2018, Raj Rughoonath, actionnaire minoritaire et employé licencié de la Mauritius Telecom, a réclamé, par le biais de son avoué S.Murday, des explications autour de cette transaction. Mais il devait se heurter à une fin de non-recevoir. « Mauritius Telecom is advised that the information requested cannot be provided ». C’est ce qu’il a reçu en guise de réponse le 18 juillet 2018. Il y a donc une opacité totale entourant l’octroi de ce contrat.

Tradeway International Ltd 

Opérations nuisibles avec la bénédiction du PMO

Cette compagnie indienne spécialisée dans la fonte de vieille ferraille et basée à La Tour Koenig, s’est fait parler d’elle à plusieurs reprises. Et ce, en raison de ses activités qui incommodent le voisinage.  En dépit des nombreuses plaintes des habitants à l’effet qu’elle ne respecterait pas les règlements du ‘Pre-Environmental Report’, aucune sanction n’aurait été prise contre Tradeway International Ltd. Une faveur attribuée, encore une fois, aux relations que le propriétaire entretiendrait avec des conseillers, et non des moindres, au bureau du Premier ministre.