Un réseau opérant entre l’Afrique et l’Europe démantelé par l’ADSU

Saisie de 3 kilos de cocaïne lundi dernier

  • Maurice comme le point de connexion de ce trafic

C’est un travail de longue haleine qui a porté ses fruits lundi dernier sur l’aire de stationnement d’un hôtel du nord. Un agent de sécurité a été arrêté en possession de 3 kilos de cocaïne. Yamlika Bin Ibrahim Soopee n’est pas un inconnu de l’ADSU. Il est dans le viseur de l’ADSU depuis l’affaire Catherino.

Cela fait plusieurs années que les enquêteurs de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) sont sur la piste de cet habitant de Goodlands. Depuis 2009, ce responsable de sécurité dans un hôtel était dans le collimateur de la brigade antidrogue après que les limiers l’avaient aperçu quittant l’aéroport le jour de l’arrivée du steward français, Christophe Catherino, qui avait en sa possession 51 000 comprimés de Subutex.

Faute de preuves, cet habitant de Goodlands n’avait pas été inquiété par la justice. Mais n’empêche que les enquêteurs gardaient un œil sur lui. Depuis le début de l’année, les enquêteurs de l’ADSU planchaient sur des renseignements à l’effet qu’il existe un réseau de trafic de cocaïne entre l’Afrique et l’Europe, transitant par Maurice.

Les suspicions des enquêteurs ont été confirmées au mois de juin, après la saisie de 2,6 kilos de cocaïne pure sur un couple mahorais à leur descente d’avion de la Réunion. Au début, les enquêteurs croyaient que c’était de la drogue synthétique, mais le Forensic Science Laboratory (FSL) a par la suite confirmé dans son rapport que c’était bien de la cocaïne pure.

Des touristes passeurs

Selon des sources proches de la brigade antidrogue, ce sont des touristes qui se chargeraient de la transportation de la cocaïne dans des pays d’Europe, en petites quantités. Cela pour ne pas éveiller des soupçons. Ces touristes arriveraient à Maurice comme les autres touristes et résideraient dans des hôtels. La drogue dissimulée dans leurs bagages, ils arrivaient à passer les contrôles à l’aéroport de Maurice et les aéroports d’Europe, vu que les passagers en provenance de Maurice ne sont pas considérés comme des passagers à risque, comme cela est le cas pour les passagers en provenance des pays d’Afrique.

L’arrestation de Yalika Bin Ibrahim Soopee lundi dernier tendrait grandement à renforcer la thèse d’un réseau utilisant Maurice comme point de transit. Cet homme de 62 ans a une longue carrière dans l’hôtellerie. Depuis son jeune âge, il a travaillé dans des hôtels avant de gravir les échelons pour devenir un cadre. Était-il le facilitateur entre les barons de ce trafic et les touristes passeurs ? Pas impossible, selon une source proche du dossier.

Mais pour l’heure, l’ADSU ne veut rien avancer officiellement, vu que l’enquête est toujours en cours. Interrogé par l’ADSU, le suspect Soopee a expliqué qu’il ne serait qu’un petit maillon de ce réseau. L’objectif de l’ADSU, c’est de mettre la main sur le véritable patron du réseau.

Saisie record de cocaïne

En quelques jours, l’ancien record de 2,6 kilos de drogue saisis le 10 juin a été franchi une vingtaine de jours plus tard, avec la dernière saisie de 3 kilos, de cocaïne, dont, la valeur marchande serait de Rs 15 millions le kilo.

Ce qui fait qu’en l’espace de 20 jours, l’ADSU a pu mettre la main sur Rs 84 millions de cocaïne. À Maurice, les saisies de cocaïne sont très rares, que ce soit sur les trafiquants ou sur les toxicomanes. Ce qui confirme encore une fois que concernant le trafic de cette drogue, on utiliserait Maurice comme point de transit, car cette drogue ne serait pas prisé sur le marché local, selon les autorités. « Ce type de drogue est certes consommé sur le marché local, mais pas couramment comme l’héroïne, la drogue synthétique ou le cannabis. Cette drogue est principalement consommé lors des grandes soirées privées », explique un haut gradé de l’ADSU.

En attendant que cette enquête soit bouclée, les autorités locales comptent solliciter la collaboration de la police africaine, et européenne, pour mettre un terme à ce trafic.