Un MMM massacré

Entend-il au moins ce qu’il dit ? De quel « nouveau départ » Paul Bérenger parle-t-il donc ? Aux dernières nouvelles – à moins qu’on ne soit complètement coupé de l’actualité – le MMM est toujours à bout de souffle. Saigné même à blanc devant les nombreuses démissions ou expulsions. Tantôt avec ses cartons jaunes ou rouges et tantôt avec ses coups de gueule du genre « bon débarras », Paul Bérenger irrite plus d’un. À commencer par les Pradeep Jeeha, Steve Obeegadoo et Françoise Labelle, pourtant des fidèles lieutenants jusqu’ici. D’ailleurs, Obeegadoo n’a pas caché sa déception lors d’une conférence de presse vendredi, qualifiant même ce qu’il reste du parti du cœur d’un « fan club » du leader. Ce qui n’est pas tout à fait faux. Ce parti, qui se targue toujours, malgré ses défaites successives aux diverses élections, d’être « plus fort que jamais » n’est, en réalité, plus que l’ombre de lui-même. La grogne et la révolte animent de plus en plus de militants qui assistent, impuissants, à la descente aux enfers du MMM. 

Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, dit-on. Paul Bérenger en est l’illustration parfaite. En dépit des avertissements des uns et des autres, il persiste à mener son parti droit dans le mur. Tout en s’obstinant à jeter le blâme des dysfonctionnements de son parti sur des boucs-émissaires. Si ce n’est pas les « faux militants », c’est alors Navin Ramgoolam qui en est le coupable ! Hier encore, Bérenger a trouvé la même excuse minable pour se dédouaner. « Le MMM a travaillé nuit et jour pour se relever depuis le coup que nous avons eu avec Navin Ramgoolam, mais dès que nous étions prêts, il est venu avec son interview et a brisé notre élan », a-t-il soutenu en fustigeant Steve Obeegadoo qui a eu le courage, tout comme certains de ses camarades contestataires, de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. Et qui a aussi eu le mérite d’avoir refusé de participer à l’élection-farce du comité central. D’autant qu’il n’y avait aucun empressement, ou de raison légitime, pour organiser ce scrutin. Si ce n’est, bien sûr, que de permettre à une certaine Joanna Bérenger de faire son entrée au comité central !

Paul Bérenger a tort de croire que c’est lui qui a toujours raison. Et les quelques ‘blind followers’ qu’il ne reste au MMM ne lui font aucun cadeau en acquiesçant aveuglément à tout ce qu’il dit. La performance du parti aux élections successives depuis 2010 le prouve amplement. Et si Bérenger ne prend pas les mesures qui s’imposent dans les plus brefs délais, le MMM risque d’être réduit à néant aux prochaines élections générales prévues pour l’année prochaine. Ses sempiternelles « réflexions » n’ayant pas porté ses fruits jusqu’ici, il lui faut trouver d’urgence d’autres moyens pour galvaniser sa troupe tout en lui redonnant confiance. Sinon, le MMM sera massacré, peut-être même à tout jamais…