« All heroes do not wear capes », cette phrase en dit long. Dans un petit village de l’Est, loin des regards et des mouvements, se cache une perle rare. Un homme, la quarantaine, passionné des prévisions météorologiques vit avec sa petite famille à Veuillemin, à proximité du village de Quarter Militaire. Afzal Goodur, un patriote comme les autres qui s’est avec le temps transformé en un héros national. Rencontre avec Monsieur Météo…
Marwan Dawood
Afzal Goodur, 47 ans est père de trois enfants. Cet homme longtemps inconnu de la population est devenu un homme populaire en l’espace de quelques mois depuis le passage du cyclone Carlos en 2016 dans les parages de Maurice. Afzal Goodur que beaucoup ne prenaient pas au sérieux avec ses prévisions météorologiques a su tourner la situation en sa faveur avec des prévisions qui sont à au moins 90% exactes selon ses followers sur Facebook. «Afzal Goodur ki pé dire », peut-on lire à chaque rafale de vent ou à chaque fois que le temps commence à se gâter. Cependant, Afzal Goodur doit également faire face à ses détracteurs mais le fait en améliorant à chaque fois ses prévisions.
L’homme derrière les prévisions
En dehors de ses prévisions météorologiques, Afzal Goodur vit sa vie dans une simplicité déconcertante. En dehors du monde virtuel de Facebook, cet homme cultive des légumes et se transforme en chauffeur de van pour transporter les enfants à l’école le matin et à la maison dans l’après-midi. Ajouté à ses deux activités, Afzal Goodur gère également un libre-service dans sa cour. Quoi qu’il fasse, Afzal Goodur n’est pas un homme libre. Il a toujours des choses à faire. «Dans la vie il faut savoir joindre l’utile à l’agréable. Je savais que certaines parties de ma maison devaient être consolidées avant le passage de Berguitta, j’en ai profité pour justement pour apporter des retouches nécessaires en me transformant en maçon », dit-il avec un grand sourire.
Incursion dans le monde de la Météo
C’est en 2008 qu’Afzal Goodur se fait connaître par le public mauricien. Il fait alors son coming out en alertant les Mauriciens et les autorités des dangers d’inondations que risquent certains endroits de l’île. Très peu de monde l’écouteront alors à l’époque sauf quelques internautes impressionnés par ses prévisions. Quelques jours après sa première publication sur le réseau social, le pays est frappé par de grosses ondées dans le Nord, à l’endroit exact où Afzal Goodur avait prédit. Depuis, il a fait son petit bonhomme de chemin pour arriver là où il est aujourd’hui.
Comment le fait-il ?
Suivre l’évolution du temps est la passion de cet habitant de l’Est. C’est grâce à internet que l’homme peut aujourd’hui publier des informations très importantes et utiles pour de nombreux internautes. Son secret, Afzal Goodur ne nous le dira point mais nous fait comprendre que c’est par amour et le sens de la responsabilité qu’il a qu’il consacre beaucoup de son temps à la recherche d’informations et des calculs pour donner les meilleures prévisions possibles.
Vie pas toujours facile
La vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille pour Afzal Goodur. Il nous raconte alors sa vie. «J’étais une personne de forte caractère. Je conduisais brutalement et je vivais une vie désordonnée. Mais à la mort de mon épouse j’ai pris conscience de la vie. J’ai dû élever seul mes enfants, c’est là que j’ai compris combien la vie est importante. La prière m’a beaucoup aidé également et puis j’ai aussi perdu ma mère en cours de route et cela m’a davantage bouleversé. Dieu m’a aidé à reconstruire ma vie et aujourd’hui je suis ce que je suis », dit-il.
Afzal Goodur dit croire à l’évolution et au changement de soi. «Nous pouvons tous un jour faire des erreurs et c’est en apprenant de nos erreurs que nous rectifions le tir. Pour moi la vie n’a pas toujours été facile mais j’ai continué à croire dans ce que je fais et voilà le résultat. Je ne suis pas là pour prendre la place d’une autre personne mais je sais que je fais un travail formidable et le fruit de ce travail est qu’ils sont des milliers les Mauriciens à me demander les nouvelles du temps », explique-t-il.
C’est sur cette leçon de vie qu’Afzal Goodur répond à ses détracteurs. « Il y a des hauts et des bas dans la vie. Certaines personnes aiment ce que je fais d’autres non. Sur 10 personnes il y aura toujours 1 mécontent. Mais j’espère que comme moi un jour cette personne va changer et verra le monde d’une autre perspective », lâche-t-il.
Le social et Afzal
Voici une bonne combinaison. Afzal Goodur a été candidat aux élections villageoises en deux occasions et il s’est fait élire à chaque fois. «J’aime le social. J’aime aider la société, j’ai ma boutique et je n’hésite pas à offrir du crédit pour aider les gens de mon village », dit-il. L’avenir, Afzal Goodur le voit autrement. «Je ne suis pas intéressé à faire de la politique politicaille mais je veux aider mon pays », dit-il en ajoutant qu’il souhaite faire un nom qui ne sera pas oublié de sitôt.
Son vœu : siéger au sein du National Risk Reduction Committee
L’argent ne l’intéresse pas. Il veut aider le pays à mieux cerner les catastrophes naturelles. «Je ne suis peut-être pas très qualifié mais j’ai les compétences. Je veux aider et collaborer avec les autorités pour la prévention des catastrophes. Si on me propose de siéger au sein de la National Risk Reduction Committee je dirai oui sans hésitation », affirme-t-il.
Sa réponse à Pravind Jugnauth
Afzal Goodur a répondu aux dires du Premier ministre qui s’est exprimé à son sujet en conférence de presse jeudi après-midi. Pravind Jugnauth a affirmé ne pas connaître Afzal Goodur. Ce dernier ne se nourrit pas de rancœur et dit comprendre que le Premier ministre n’a probablement pas suffisamment de temps pour lire ses prévisions sur Facebook. « Mo pena nanier contre li, mais seulement nou pas capave conne destin enn dimoune. Zordi mo là dimé mo capave enn lot place. Capave so bane mots ti impé fort mais mo conné li pou réalise ki li pas ti bizin dire sa. Mone dire ou tout dimoune changé », conclut Afzal Goodur.
