Un crime contre la jeunesse mauricienne

Zahirah Radha

13 141 des 18 659 collégiens ayant pris part aux examens du School Certificate (SC) ne pourront pas accéder en Lower VI, n’ayant pas eu les cinq credits requis. Un constat pour le moins accablant. Bien entendu, les récriminations ne manquent pas : le ‘foupamalisme’ des jeunes est mis en avant, le laisser-aller des parents pointé du doigt, le blâme jeté sur les réseaux sociaux, bref, la liste est longue et époustouflante. Certains s’érigent en donneurs de leçons, affichant même une attitude de supériorité par rapport à ces jeunes et leurs parents qu’on imagine déjà éperdus devant cette cruelle réalité. Pendant que nous persistons nous à blâmer les étudiants, les pédagogues, eux, sont presque unanimes à reconnaître que c’est le système éducatif dans son ensemble qui doit être revu.

Il va sans dire que, dans toute épreuve, des efforts et des sacrifices sont nécessaires pour réussir. Mais c’est aussi un fait que les enfants diffèrent les uns des autres. Chacun a ses propres intérêts, capacités et aptitudes. Tout le monde n’apprend pas au même rythme. Pourquoi donc les mettre tous dans un seul panier ? Pourquoi n’arrive-t-on pas à identifier les élèves ayant des besoins spécifiques dès le départ, c’est-à-dire dès le primaire, pour qu’ils ne soient pas exclus par le système plus tard ? On ne le dira pas assez, notre système éducatif est archaïque. On a été incapable jusqu’ici de le réformer en profondeur pour répondre aux aspirations de la nouvelle génération et des exigences du pays dans un monde qui est en évolution constante et qui ne jure que par les nouvelles technologies.

Au lieu d’évoluer avec notre temps, notre système d’éducation ne fait que « bouge fixe ». Le cursus scolaire n’a pas vraiment changé, les méthodes d’enseignement sont restées les mêmes alors que la pratique des leçons particulières perdure. Avec une population vieillissante, notre jeunesse aurait dû être porteuse d’espoir pour l’avenir du pays. Or, celui-ci est sérieusement menacé. Comment ne pas s’inquiéter quand le taux de réussite au SC n’est que de 30% ? Combien de ces « priviledged few » arriveront-ils à franchir l’étape du HSC et de l’université ? En excluant ces milliers de jeunes du système éducatif, c’est un crime, oui un crime, que l’État commet envers la jeunesse mauricienne. Au lieu de les encadrer et les former, on les marginalise, poussant même certains vers les fléaux sociaux….

Ameenah Gurib-Fakim l’a bien dit : « I don’t think the 70% have failed the exams.  The system and our institutions have failed them ».