Un coursier peut coûter jusqu’à Rs 3 millions

Importation des chevaux

La saison hippique 2016 démarre samedi prochain. Le calendrier comportera 37 journées, nombre que la Gambling Regulatory Authority (GRA) a accordé au Mauritius Turf Club (MTC), organisateur des courses de chevaux à Maurice. Il s’étendra du 26 mars au dimanche 4 décembre, l’épreuve la plus populaire du Champ de Mars, The Maiden Cup, ayant été fixée au dimanche 4 septembre. Cette année, 13 écuries seront au départ, avec l’entrée en scène de deux nouveaux entraîneurs, Simon Jones et Shyam Hurchund. Un total de 160 nouvelles acquisitions, contre une cinquantaine seulement l’année dernière, s’ajoutera à la liste des quelque 300 coursiers qui ont déjà couru sur le gazon du plus vieil hippodrome de l’hémisphère sud. Il faut dire que la baisse du rand y est pour quelque chose, ce dont ont profité les propriétaires mauriciens pour faire de bonnes affaires. Le prix d’un pur-sang varie de Rs 450 000 à Rs 3 millions.

Connus comme des pur-sang, race créée au XVIIIe siècle par le croisement d’étalons arabes avec des juments anglaises, ces chevaux sont entraînés pour disputer des courses de plat au galop. Ici, ils concourent sur la piste verte seulement, celle en sable n’étant réservée qu’à l’entraînement matinal. Pour beaucoup de propriétaires, acheter un cheval peut se révéler être une bonne affaire si seulement le coursier s’adapte aux conditions locales et livre de bonnes performances. Plusieurs cracks ont, certes, foulé le gazon du Champ de Mars, mais il y a aussi eu des chevaux moyens et d’autres malchanceux pour des raisons de santé, causant ainsi une grosse déception de leur entourage vu qu’ils étaient précédés d’une bonne réputation. Parmi les nouvelles unités 2016, Word of Mouth a dû être euthanasié, le week-end dernier, s’étant fracturé une épaule à Floréal. Une grosse perte pour ses connexions avant même qu’il ne débute sa carrière mauricienne.

Les chevaux achetés majoritairement d’Afrique du Sud sont flyers ou sprinters (pour des courses de sprint, 1000m à 1400m ici), milers (1600m ou le mile) et stayers pour courir les longues distances (2000m à 2400m). Les chevaux nés dans l’hémisphère sud changent d’âge le 1er août tous les ans contrairement au 1er janvier de ceux de l’hémisphère nord. Ils sont classés sur une échelle de valeur dite rating dépendant de leur pedigree et de leurs performances dans leur pays d’origine où les centres d’élevage équins sont nombreux. Le sport hippique est donc une vaste industrie, les enjeux sont sportifs, mais engagent surtout de grosses sommes d’argent tant en termes de « stakesmoney » ou « prizemoney » (prix en argent payés par l’organisateur au vainqueur et aux classés d’une épreuve) qu’empochent les entraîneurs et les propriétaires que de paris chez des bookmakers et des compagnies du Tote. Les chevaux courent donc pour l’honneur et pour l’argent principalement.

 

Procédures pour l’acquisition d’un cheval

Les procédures pour faire l’acquisition d’un cheval peuvent être longues et fastidieuses. Et souvent, les acquéreurs sont pris comme des dindons de la farce par les vendeurs sud-africains, comme nous l’explique Ramapatee (Soon) Gujadhur. Afin d’éviter de se faire piéger, il faut être vigilant et suivre à la règle les procédures.  D’abord, un nouvel acquéreur doit solliciter les services d’un entraîneur pour s’enregistrer au ‘Mauritius Turf Club’ (MTC). Une fois cette étape franchie, l’entraîneur, de concert avec l’acheteur, peut alors enclencher les démarches en vue de l’acquisition de l’animal. « Il est préférable que l’entraîneur passe par un agent qui connaît bien le propriétaire du cheval. Sinon, on risque d’avoir des surprises. On s’est déjà retrouvé avec des cas où les problèmes de santé du coursier ne sont pas divulgués dans le rapport. Par exemple, le cheval peut être un ‘bleeder’, c’est-à-dire qu’il saigne du le nez. Mais son bilan de santé n’en fait pas mention. Il y en a aussi qui ont les pieds très fragiles. Il faut donc faire très attention », souligne Soon Gujadhur.

Une fois votre choix fait, un représentant du MTC en Afrique du Sud, nommément Michel Nairac, se charge de prendre en charge les formalités d’usage. « Il faut que le cheval passe par un vétérinaire pour un examen médical afin d’obtenir l’ « African Horse Fitness » (AHF) », poursuit notre interlocuteur. Ces formalités accomplies, le cheval est mis en quarantaine pendant dix-neuf jours. A la fin de cette période, l’animal doit subir un autre test afin de déterminer s’il est apte à faire le voyage de l’Afrique du Sud à Maurice. Un trajet aérien qui se fait par le ‘South African Airways Cargo’. Ce n’est qu’après l’obtention du feu vert des autorités que l’équidé peut enfin prendre l’avion. « Il faut qu’il y ait au moins 18 chevaux pour qu’ils effectuent le voyage », précise Soon Gujadhur.DSC_2618

Quarantaine

Une fois sur le sol mauricien, les chevaux sont pris en charge par le ‘Manager’ du Centre Guy Desmarais, Kamal Bissumbhur. Celui-ci est prévenu en avance de l’arrivée des chevaux. « On me donne une liste des chevaux qui vont arriver. Je dois organiser leur transport de l’aéroport à Palma où ils sont mis en quarantaine. Mais avant cela, il faut que je m’assure qu’ils se portent bien après leur voyage. Ils sont généralement nerveux pendant le vol. Et si jamais un d’entre eux a fait du désordre ou s’est blessé durant le vol, il faut le sortir en premier pour qu’il ne blesse pas les autres »,  explique-t-il.

Une fois les chevaux embarqués, ils sont conduits à Palma, Quatre-Bornes, pour être placés en quarantaine. « A leur arrivée, ils sont généralement fatigués. Donc, on ne leur donne pas beaucoup de nourritures. Par contre, ils boivent beaucoup d’eau », soutient Kamal Bissumbhur. Tout au long de leur séjour à Palma, les chevaux sont supervisés par des vétérinaires du ministère de la Santé. « Les palefreniers qui s’occupent de ces chevaux n’ont pas le droit de ‘mingle’ avec les autres confrères, car ils doivent respecter les normes d’hygiène et de sanitaires », dit Kamal Bissumbhur. Si les chevaux se portent bien après 19 jours, ils sont alors transférés au Centre Guy Desmarais à Floréal. Ce centre, idéalement situé, peut accueillir, à la fois, 159 chevaux. Ici, les chevaux sont graduellement amenés à faire des trots et des galops jusqu’à  ce qu’ils soient prêts pour participer aux courses. « Il y a une section pour chaque écurie. En moyenne, les chevaux restent ici pendant un mois Après, ils sont transférés à leur écurie respective à Port-Louis », déclare Kamal Bissumbhur.

 

160 nouveaux chevaux pour cette saison hippique

A ce jour, 73 nouveaux chevaux ont déjà été importés pour la  saison hippique 2016 qui débutera samedi prochain. « Selon mes prévisions, on aura, au minimum, 160 nouveaux chevaux pour cette saison hippique. Rien que pour le mois d’avril, il y aura 54 qui vont arriver. L’année dernière, il y en avait seulement 50  qui avaient été importés pour toute la durée de la saison  », souligne le Manager du Centre Guy Desmarais. Comment expliquer cette hausse conséquente pour cette année ? « La valeur du rand a chuté. Donc, les propriétaires en profitent pour acheter de nouveaux chevaux. Et puis, il y a aussi deux nouvelles écuries »,  soutient Kamal Bissumbhur.

 

Un cheval peut coûter jusqu’à Rs 3 millions !

L’achat et les frais d’entretien des chevaux coûtent généralement très cher. En effet, à l’achat, un cheval peut coûter entre Rs 450 000 et … Rs 3 millions ! En sus de cela, il faut compter entre Rs 25 000 et Rs 30 000 pour son entretien en Afrique du Sud. Des frais additionnels doivent être encourus avant qu’il ne soit transporté à Maurice. Il faut ainsi ajouter des frais de Rs 30 000 pour le fret. La taxe sur l’import (import duty) est de 15% de la valeur de l’animal. Finalement, le billet d’avion s’élève, quant à lui, entre Rs 70 000 et Rs 78 000. « Ce n’est pas tout, il faut également contracter une assurance voyage d’une durée moyenne de 40 jours. Un cheval que vous avez acheté, par exemple, à Rs 250 000 peut, au final, coûter dans les Rs 475 000, soit presque le double du prix d’achat », explique Soon Gujadhur.

Le propriétaire doit également débourser entre Rs 20 000 et Rs 25 000 pour l’entretien d’un cheval durant la saison hippique alors qu’en dehors de cette période, l’entretien varie entre Rs 10 000 et Rs 15 000. Cette somme inclut les frais du vétérinaire, du palefrenier, de la nourriture (dont l’avoine, l’usuerne, la chaste, les verdures et les vitamines), le transport (de Floréal au Champ de Mars pour les entraînements) et la paille et le papier (qui font partie de la literie du cheval) entre autres.

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Ce qui les affecte

Les chevaux aiment la fraîcheur , mais détestent  l’été. Ils sont grandement incommodés par la chaleur et le fort taux d’humidité. Ainsi, c’est durant la période de décembre à mars qu’ils sont le plus souvent sujets à des maladies, dont la colique.

« Quand il y a trop d’humidité, leurs sabots deviennent sensibles. Il faut donc les changer régulièrement pour qu’ils ne boitent pas », explique Kamal Bissumbhur. Sachez aussi que les chevaux sont des êtres très sensibles, de nature douce et qui aiment la tranquillité Ils ne souffrent pas : qu’on les bouscule.

 

Deux nouvelles écuries en lice

Cette saison hippique verra la participation des chevaux de deux nouvelles écuries. Elles seront gérées par Shyam Hurchund et Simon Jones. Le premier nommé a fait des études d’ingénierie en Afrique du Sud et c’est sur le sol sud-africain qu’il a intégré le giron du sport hippique pour s’habituer au conditionnement des chevaux de course. Quant au second, d’origine australienne, il a fait carrière comme jockey, ici et ailleurs, avant de raccrocher ses étriers pour se consacrer à l’entraînement des équidés. Outre le Champ de Mars à Port-Louis et le Centre Guy Desmarais à Floréal, il existe de nombreux centres privés pour la préparation des chevaux de course comme à Pailles, Pointe-aux-Sables, Curepipe, Trou-aux-Biches, Mont Choisy, Rivière Noire et Poste Lafayette, entre autres. À noter que certains entraîneurs opérant au Champ de Mars font confiance à des cavaliers mauriciens , alors que d’autres engagent des jockeys étrangers de nationalités diverses.