Trois réseaux dans le collimateur des enquêteurs

Saisie de 110 kilos d’heroïne au large de Maurice

Le principal suspect, Oumar Karrimbaccus (Tirania), reste bouche cousue face aux enquêteurs. Les deux autres suspects dans cette affaire, Fabrice Jean-Pierre, un pêcheur de 35 ans habitant Baie-du-Cap et Jean-Michel Rosette, 33 ans, un skipper de Trou d’Eau Douce, sont considérés comme des simples ‘facilitateurs’. C’est le démantèlement du deuxième réseau le plus influent du pays après celle de Peeroomal Veeren, selon l’ADSU

L’importante cargaison de drogue d’une valeur de Rs 1,6 milliards a été intercepté en pleine mer, au large de l’îlot du Coin-de-Mire, tôt mardi matin, et trois suspects appréhendés. C’est un travail de longue haleine qui a porté ses fruits.

Depuis quelques mois, les officiers de la Mauritius Revenue Authority (MRA), plus précisément des officiers de la Customs Anti Narcotics Section (CANS) et ceux de l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) travaillaient sur des renseignements à l’effet que plusieurs hors-bords basés à Maurice allaient récupérer d’importantes cargaisons de drogue, arrivant à Maurice sur des yachts.

Le principal suspect de cette affaire, Oumar Karrimbaccus est bien connu de la brigade antidrogue. Dans le passé, il avait déjà été arrêté et avait purgé une peine d’emprisonnement pour possession de drogue.

En novembre 2016, une vedette rapide baptisée Performance II avait échoué à Tamatave après des soucis de moteur. À bord se trouvaient neuf Mauriciens, déjà fichés à la police. Après quelques jours dans la Grande île, ils avaient pu regagner Maurice par avion. À leur descente d’avion, ils avaient été interrogés par les enquêteurs de l’ADSU, mais faute de preuves, ils avaient été relâchés.

Quelque temps après, c’est au tour de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) de prendre le relais. Plusieurs des personnes qui se trouvaient à bord du Performance II avaient été provisoirement inculpés pour blanchiment d’argent. Cette vedette rapide avait été achetée pour la somme de Rs 500 000. Le dossier se trouve toujours à la commission anti-corruption.

Dans le passé, l’un des suspects, qui se trouvait à bord du Performance II, avait déjà opéré pour le compte du réseau Chowrimotoo, qui est considéré comme étant le premier cerveau qui transportait de la drogue sur des hors-bords en provenance de Madagascar. Au fil des années, le suspect aurait ‘changé’ de réseau. À présent, ce sont trois réseaux très connus, dont un de la capitale, très connu de la brigade antidrogue, qui sont ciblés dans cette affaire. Mais encore une fois, par manque de preuves, les autorités mauriciennes ont du mal à faire avancer cette enquête sensible. Il se pourrait que la brigade antidrogue sollicite l’aide des brigades des stupéfiants de la Réunion et de Madagascar pour faire avancer cette enquête. Mais déjà, les autorités mauriciennes parlent du démantèlement du deuxième plus gros racket de drogue, après celui du réseau de Peeroomal Veeren en mars 2017.

Depuis quelques mois, il y a eu des échanges d’informations entre les services des douanes de Maurice, de Madagascar et de la Réunion. C’est d’ailleurs ces éléments qui ont permis aux autorités malgaches de prendre en filature trois Mauriciens et leurs complices malgaches, alors qu’ils se trouvaient à Tana. C’était au mois de juin dernier dans la Grande île, que 140 kilos de drogue, destinés au réseau mauricien, avaient été interceptés. Les enquêteurs soupçonnent une connexion entre ces deux réseaux.

Les autorités malgaches se sont rassurés que les Mauriciens prennent bien possession des différents colis de drogue, avant de passer à l’acte. Une opération qui est considérée comme une véritable réussite, avec cette saisie record dans la Grande île. Dans un taxi, les services des douanes ont mis la main sur 80 kilos de cannabis, 35 kilos d’haschisch et 25 kilos d’héroïne. La valeur marchande de ces produits à Maurice est estimé à environ Rs 519 millions, tandis qu’à Madagascar, le prix ne devrait pas dépasser les Rs 35 millions.

La police soupçonne que les colis de drogue en provenance de Madagascar ont été placés sur un yacht qui a parcouru la moitié du chemin entre Maurice et Madagascar, et c’est ensuite le hors-bord basé à Maurice, qui est allé  rejoindre le yacht pour prendre possession des stupéfiants pour le transporter à bon port. Mais l’ADSU a été plus rapide cette fois-ci.

Les trois suspects ont été provisoirement inculpés pour possession de drogue en cour de Mapou mercredi dernier. Avec le principal suspect Oumar Karrimbaccus qui reste bouche cousue, les enquêteurs ont peu d’espoir de remonter la filière. Il ne peut à lui seul importer une si grande quantité d’heroïne, selon les autorités.

Le seul espoir des enquêteurs réside dans une série de saisies effectuées sur le hors-bord. Il s’agit d’un téléphone portable, d’un appareil GPS, et d’un système de communication moderne, retrouvé en possession des suspects.