Triste fin d’année pour de nombreuses familles : Abedeen, marchand de plage « Mangé pena pou mangé, ki kado mo pou ale donne mo zenfant ? »

Alors que décembre est synonyme de période festive, de réunions de famille, d’achats de fin d’année, de cadeaux et de bonne chère, il existe encore beaucoup de familles et d’enfants qui ne connaitront pas ce bonheur. Deux familles en difficulté se sont confiées à nous. Il est important, par ces temps difficiles pour beaucoup, d’avoir une pensée pour ces familles et de voir si on peut faire quelque chose pour elles.

Le couple Boodhoo peine à joindre les deux bouts

Sweeka Boodhoo, 36 ans, et son époux Ravi, 41 ans, des habitants de La Gaulette, sont les parents de deux garçons, âgés de 13 et de 6 ans. Ce couple travaille comme ‘Beach Traders’ dans la région du sud-ouest depuis 11 ans environ. La pandémie de covid-19 a toutefois totalement bouleversé leurs vies, et celles de leurs enfants.

Pendant 4 à 5 mois, Sweeka, qui vend des fruits sur la plage, et Ravi, qui vendait des vêtements de plage, n’ont pu travailler, dû au confinement Après la reprise, Sweeka se rend à la plage uniquement les samedis et les dimanches, contrairement à ce qu’elle faisait dans les années précédentes. Ravi, quant à lui, fait des petits boulots à gauche et à droite. « Mon mari décroche quelques menus travaux à faire de la part de ses amis, mais il ne peut plus travailler sur la plage », nous explique cette mère de famille.

Sweeka Boodhoo précise toutefois que son époux et elle avaient économisé un pécule pour leur retraite. Cette économie a dû être utilisée pour que la famille puisse joindre les deux bouts. Les Boodhoo ont aussi dû se séparer de leur voiture, qu’ils ont vendue, malgré que celle-ci fût une « nécessité » pour eux. « Vous imaginez, si on n’avait pas cet argent, j’aurais dû aller mendier », ajoute Sweeka Boodhoo.

En ce qui concerne le ‘Self-Employed Assistance Scheme’ (SEAS), Sweeka nous informe qu’elle et son époux ne sont pas bénéficiaires de cette assistance, cela parce que le revenu mensuel du couple Boodhoo dépassait la somme de Rs 50 000 pour 2019. « Il est vrai que c’étaient  nos revenus pour l’an dernier, mais nous avons utilisé cet argent pour notre travail et notre voiture », nous explique Sweeka Boodhoo.

Elle explique que sa famille a été quelque part épargnée car elle avait des économies, mais elle dit avoir des amis, des marchands ambulants comme eux sur les plages, qui sont dans une situation encore pire, vu qu’ils ont des emprunts à rembourser.

En ce qui concerne les enfants, à la rentrée des classes après le confinement, c’était un peu difficile pour fournir à leur fils de 13 ans son argent de poche. « J’avais l’habitude de donner des gâteaux à mon fils de 6 ans. Celui de 13 ans aussi recevait des gâteaux et son argent de poche, mais maintenant je ne peux pas lui donner des sous car ni moi ni son père n’ont de l’argent à lui donner », nous explique cette mère de famille.

Le fils ainé du couple comprend les difficultés auxquelles font face ses parents et ne se plaint pas, mais le benjamin ne comprend rien de ce qui se passe. Pour ce mois-ci, les parents ont essayé tant bien que mal d’offrir un cadeau à leur fils de 6 ans car il croit toujours au Père Noël. Le fils ainé du couple, quant à lui, n’a pas reçu grand-chose.

Le couple fait en sorte de restreindre ses sorties dans les magasins, car les enfants auront plusieurs envies que leurs parents, au bout du rouleau, ne pourront satisfaire. Adieu aussi aux sorties familiales.

 

Une situation critique pour le couple Damree

Une situation encore plus critique pour un autre couple, des habitants de Flacq.

Abedeen Damree et son épouse sont les parents de trois enfants, âgés de 18, 15 et 6 ans. Abedeen Damree travaille comme marchand ambulant sur les plages. Il détient un permis en bonne et due forme depuis environ 30 ans. Son épouse, elle, travaille aussi sur les plages comme ‘Beach Trader’, et détient un permis de la ‘Beach Authority’ depuis 10 ans.

Ce couple a aussi été touché par la pandémie de covid-19, mais les choses sont difficiles pour lui. Bénéficiaires du ‘Self-Employed Assistance Scheme’ (SEAS), ils ont toutefois rencontre plusieurs difficultés avant de recevoir leur argent, ce qui est toujours le cas pour les mois de novembre et de décembre. Cette situation précaire provoque la colère chez mari et femme, car ils n’ont plus rien à mettre sous les dents, nous fait comprendre Abedeen Damree.

Les larmes aux yeux, ce père nous raconte ce qui s’est passé avec sa petite fille de 6 ans pour la Noël. « La petite devait lui demander ‘Papa, bolom Noël la, be kado koté ?’ ». Abedeen n’a su quoi lui répondre.

L’argent que cette famille reçoit du gouvernement est utilisé prioritairement pour payer les dettes et les factures, mais après, il n’y a rien qui reste. « MRA dir mwa mo pou gagn mo kass mais kan pou gagn sa ? Kan mo mort ? », fulmine Abedeen.

Hors-texte

Agissez !

Si vous connaissez des voisins qui sont dans la tourmente et qui ont des enfants, et si vous en avez les moyens, faites quelque chose pour eux. Même un petit cadeau peut faire toute la différence. Donnez aussi généreusement à ces ONG qui viennent en aide aux familles indigentes et aux enfants.

 

Neevedita Nundowah