Tel est pris qui croyait prendre. À quoi joue le ministre du Tourisme, Anil Gayan ? C’est ce que se demandent plusieurs membres du gouvernement MSM-ML. Voilà une semaine que cette affaire défraie la chronique, un policier inconnu qui fait son travail sans contrainte quelconque se retrouve avec un transfert injustifié et des rumeurs sur le dos. Le constable Cadersa, affecté à la Traffic Branch a reçu une lettre l’envoyant au Vacoas Detention Center, quelque temps seulement après avoir pris en contravention, une bonne amie à Anil Gayan…Vijaya Sumputh.
Ils remettent ça ! Anil Gayan et Vijaya Sumputh sont de retour sous les feux des projecteurs après qu’un policier ait été transféré pour… avoir bien fait son travail. Au sein du gouvernement, soit chez le MSM, la manœuvre engagée par Gayan devant la presse pour défendre Sumputh, fait sourciller plus d’un. « Encore li même ! », dit un collègue ministre d’Anil Gayan, ce dernier ayant le don de bien se positionner quand des attaques sont dirigées à l’encontre de Vijaya Sumputh.
Jeudi dernier, en conférence de presse, le ministre du Tourisme s’est mis en quatre pour encore défendre son amie, mais ses déclarations méritent qu’on s’y attarde. Deux observations peuvent être faites a priori. Primo, il a profité de la couverture médiatique consacrée au bilan de son ministère pour 2018 pour s’attaquer aux détracteurs de Sumputh et deuxio, il sème le doute sur l’indépendance du Commissaire de police, Mario Nobin.
« Je demande au Commissaire de Police de dire toute la vérité derrière le transfert de ce policier », dixit Anil Gayan en conférence de presse. Des interrogations sont alors soulevées, et légitimement, puisque pour plusieurs personnes, le ministre donne l’impression de connaître les « vérités » que Mario Nobin est supposé être le seul à connaître.
« Y a-t-il donc une ligne de communication entre Anil Gayan et Mario Nobin ?», s’interroge-t-on au niveau du MSM. « Nous croyions que seul le Premier ministre et le ministre Mentor étaient en contact avec Mario Nobin concernant des problèmes d’ordre public », poursuivent nos sources. Par ailleurs, la requête d’Anil Gayan pour que Mario Nobin vienne dire « toute la vérité », n’est-il pas signe d’une ingérence quelconque ?
Quid de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC)… Comment est-ce qu’un ministre peut-il obtenir des informations d’une commission indépendante aussi importante que l’IPCC ? On comprend mieux pourquoi l’opposition s’était dressée contre la nomination de Phalraj Servansingh et de Dick Ng Sui Wa, les deux assesseurs de cette commission, connus pour être proches du MSM. Nous avons sollicité la ‘chairperson’ de cette commission, Deviyanee Beesoondoyal, pour un commentaire mais étant prise dans un comité, elle n’a pu répondre à nos questions.
Par ailleurs, nous avons posé quelques questions à Jaylall Boojhawon, président de la Police Officers Solidarity Union (POSU). « Vijaya Sumputh, étant une citoyenne de Maurice, a le droit de porter plainte mais cela ne va en aucun cas intimider la POSU dans son action pour obtenir justice pour le policier Cadersa », assène Jaylall Boojhawon. Ce dernier explique que le syndicat compte loger une Judicial Review en Cour suprême concernant le transfert du policier. L’inspecteur maintient que selon lui, le policier Cadersa a été muté de manière « punitive ».
Commentant les propos d’Anil Gayan, Jaylall Boojhawon ne mâche pas ses mots contre le ministre : « Je demande au Premier ministre et au ministre Mentor de prendre en considération les commentaires de ce ministre. Il faut savoir quels sont les intérêts que cherche à défendre Gayan dans cette affaire ». Nous avons également cherché les commentaires du constable Cadersa mais ce dernier a préféré ne pas faire de commentaires, étant souffrant.
