Trafic de drogue : L’aveu d’échec de Pravind Jugnauth

« Mo pou sans pitié et mo pou casse les reins trafiquants ». Pravind Jugnauth nous l’a répété ad nauseam depuis qu’il assume le poste de Premier ministre. À chaque grosse saisie de drogues, il se bombait le torse, comme pour montrer que son combat était efficient et sa lutte inlassable. Mais si saisies il y en a eu, les enquêteurs n’ont pu toutefois, dans la plupart des cas, mettre la main au collet des trafiquants. Comme dans le cas de la tractopelle, arrivée sur le même navire que Mauricio et chargée de 95 kg de cocaïne. Ce qui donne inévitablement l’impression que le combat contre le trafic de drogue n’est qu’une farce.

L’aveu d’échec est d’ailleurs venu de la bouche de Pravind Jugnauth lui-même cette semaine. « Malgré la fermeture de nos frontières, la drogue continue à entrer dans le pays », a reconnu le chef de gouvernement. Et le premier responsable de cet état de choses ne peut être que lui-même. D’abord parce qu’une bonne partie des recommandations du rapport Lam Shang Leen n’a pas été – et ne pourra pas selon le Premier ministre lui-même – être appliquées. En d’autres mots, la commission d’enquête sur la drogue n’aura été qu’une perte d’argent et de ressources pour berner la galerie publique.

Ensuite parce qu’au lieu de se défaire complètement de ceux qui ont avaient été cités ou mis en cause dans ce rapport, certains  été confiés d’importantes responsabilités lors des élections générales de 2014. À l’instar de l’avocat Raouf Gulbul. Il y a aussi les récentes allégations concernant une entrée présumée de drogue à bord du MV Wakashio. D’autant qu’on sait que c’est majoritairement par voie maritime que la drogue est généralement infiltrée au pays. Nos radars ne fonctionnant pas et notre système de surveillance côtière étant défaillante, comme nous l’a démontré le naufrage du Wakashio, doit-on encore s’étonner de la disponibilité à gogo de la drogue chez nous ?

« Nos systèmes de surveillance doivent être renforcées », a soutenu le chef de gouvernement. Ne le savait-il pas depuis le temps qu’il a pris les rênes du ‘primeministership’ en janvier 2017 ? N’est-ce pas un autre aveu de son incompétence à diriger les affaires du pays ? L’on a finalement perdu cinq longues et précieuses années dans la lutte contre la drogue. Il y a de quoi s’inquiéter, surtout quand on connaît les ravages que fait la drogue parmi les jeunes. L’on se demande si le ‘High Level Drugs and HIV Council’ qu’il préside viendra avec une stratégie de lutte contre la drogue dans les plus brefs délais.