Testés positifs au Covid-19 : Des jeunes Mauriciens racontent leur calvaire aux centres de quarantaine et d’isolement

Il y a eu plusieurs polémiques entourant les centres de quarantaine et les centres d’isolement. Plusieurs personnes qui ont connu la quarantaine ou l’isolement durant la crise Covid-19 dénoncent dans nos colonnes le traitement « inhumain » qu’ils ont subi dans ces centres.

Alors que plusieurs hôtels ont aidé le gouvernement en se transformant en centre de quarantaine ou d’isolement, le traitement pour ceux qui sont passés par la quarantaine ou l’isolement n’est définitivement pas à quoi ils s’attendaient, alors que l’infrastructure était bien présente pour un séjour convenable.

Tout débute quand environ 70 Mauriciens, dont beaucoup qui travaillaient sur des bateaux de croisière, ainsi que des Réunionnais, venaient d’atterrir sur le sol mauricien le 17 mars, alors que la pandémie de Covid-19 sévissait. Dès l’aéroport, les problèmes ont commencé. Comme exigé par le protocole sanitaire, tout le monde atterrissant à Plaisance devait en principe être testé pour le coronavirus et mis en quarantaine. Or, certaines personnes, sans subir aucun test, ont pu partir librement. Ce qui a semé la colère parmi ceux mis en quarantaine. Ils ont vainement essayé d’avoir des informations ou des explications.

Un des jeunes nous raconte : « Nous avons atterri à 17 h 40. On nous a donné un paquet de biscuits Cissy et une petite bouteille Vital, de 0.5 litre. Nous avons été bloqués à l’aéroport jusqu’à 1 heure du matin. Vers 3 h du matin, nous sommes arrivés dans le centre de quarantaine à Belle-Mare, sans aucune autre nourriture. »

Une fois en quarantaine, ils ont été placés à six dans une chambre. La nourriture, selon un autre jeune de 24 ans, était pénible : « Nous avions eu droit à du riz frit avarié. Les conditions étaient inhumaines.» Ils ont dû parfois même commander leur propre nourriture, ou bien leurs familles leur en apportaient. « Nous étions à six dans une chambre. Pour chaque personne, les proches devaient venir et laisser de la nourriture. C’était difficile pour ces derniers, vu qu’ils habitaient parfois loin. »

Selon le protocole établi, les tests devaient être pratiqués après 14 jours passés en quarantaine. Mais parmi les personnes mises en quarantaine, certains ont insisté pour se faire tester immédiatement. Le résultat tombe après trois jours : onze sont testés positifs au Covid-19. Le centre a dû être évacué, tandis que les onze malades ont été transférés en isolement dans un autre centre à Pointe-aux-Piments le 2 avril.

Là-bas, ceux-ci vont connaitre un autre calvaire : pendant sept jours d’affilée, ils devaient subir uniquement des prises de sang. Mais sur l’insistance de certains, le personnel soignant a  ensuite procédé à des tests par des écouvillons (‘Swab Test’).

Ces personnes dénoncent de vive voix le manque d’hygiène pour un centre d’isolement. Il y avait des chiens qui rôdaient près de l’hôtel, attirés par les restes de nourriture, les emballages de take-away et les ordures éparpillés partout.

Ils déplorent aussi le traitement prodigué par les membres du personnel soignant : « On nous traitait comme des chiens ! Quand ils prélevaient du sang, ils nous parlaient sur un ton hautain. Après qu’ils eurent effectué les tests, ils ignoraient carrément nos demandes pour avoir plus de renseignements, et ne nous ont jamais fourni les résultats. Chaque 48 heures, il y avait un changement de personnel, et chaque ‘batch’ du personnel soignant avait sa façon de travailler. »

Les personnes qui ont connu l’angoisse et l’enfer de la quarantaine plaident auprès des autorités concernées pour que les conditions soient revues pour les patients, si jamais ces centres devaient devenir opérationnels à nouveau.

Hors-texte

Des personnes mises en quarantaine voulaient se suicider

Le plus triste dans cette histoire : certains voulaient même se suicider. C’est un médecin, qui a depuis été testé positif au Covid-19, qui se dévouait et faisait le nécessaire pour les personnes isolées. Si ce médecin ne les avait pas aidés en faisant bouger les choses, ils auraient fait plus de 33 jours au centre, nous explique un de ces derniers. Ils nous disent qu’ils sont redevables envers ce médecin qui les a beaucoup aidés, ainsi qu’aux membres de leurs familles pour leur soutien.