SUS Island en danger

Depuis ce jeudi 6 août 2020, notre petite île paradisiaque ne sera sans doute plus jamais la même… En effet, une catastrophe que l’on avait seulement l’habitude de voir à la télévision sur les informations internationales nous a frappés de plein fouet. Maurice a rejoint désormais la liste de ces catastrophes dont l’on se remémore encore, comme l’Amoco Cadiz, l’Exxon Valdez ou Deepwater Horizon. Depuis ce jeudi noir, une marée de mazout se déverse d’un navire éventré sur un récif au large de Pointe D’Esny, causant un désastre écologique d’une ampleur sans précédent, avec un impact dévastateur sur notre secteur du tourisme et notre économie qui était déjà malade, et occasionnant des dégâts en grande partie irréversibles sur une zone écologiquement sensible, sans parler des dangers que cela pourrait causer à la santé des riverains. S’il faut saluer les citoyens mauriciens et les ONG, qui se sont empressés d’aller prêter main forte là où ils le peuvent, par contre, il faudrait situer les responsabilités au niveau des autorités. Et cette fois, il n’y aura pas de ‘whitewashing’. On devra rendre des comptes. Et ne nous leurrons pas : ce n’est pas de sitôt que tout pourra redevenir à la normale

 

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth

« Un grand risque pour une deuxième fissure dans la coque du Wakashio »

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, dans un point de presse ce 7 août, soutient que toutes les démarches, y compris des appels à des experts, avaient été effectuées suite à l’échouage du navire le 25 juillet. Il a soutenu qu’on n’a pas l’expertise necessaire à Maurice pour faire face à une catastrophe pareille.

Toutefois, ce qui retient l’attention dans les propos du PM, c’est qu’il admet qu’il y a un grand risque pour une deuxième fissure dans la coque du Wakashio. Il a expliqué que l’un des trois réservoirs du navire a eu une fuite.

Il a ausssi annoncé l’ouverture d’un compte sur le Prime Minister’s Relief Fund, où le National Environment Fund, ainsi que le ministère des Finances, pourra déposer des fonds, pour tout travail de renflouage et de colmatage du navire, et pour venir en aide aux pêcheurs de la région.

  • On peut aussi voir sur le compte Twitter du chef du gouvernement qu’il est conscient que le naufrage du Wakashio représente une menace potentielle pour Maurice. Il admet que notre île n’a pas les compétences et l’expertise pour le renflouage des navires échoués, et a ainsi lancé un appel à l’aide au president français, Emmanuel Macron.

 L’état d’urgence environnemental proclamé

Cette catastrophe a été décrétée par le Gouvernement comme un « état d’urgence environnemental ». La proclamation a été publiée dans la « Government Gazette » la semaine écoulée.

 

Pointe D’Esny, Mahébourg et Blue Bay deviennent des « Restricted Areas » 

Cette annonce a été faite dans un communiqué émis ce vendredi 7 août par le ministère de l’Environnement. Le public n’est pas autorisé à se rendre sur les plages de Pointe D’Esny, de Mahébourg et de Blue Bay. Cette restriction concerne aussi les plaisanciers et les pêcheurs.

Le communiqué précise aussi que l’équipage restant sur le navire a été évacué.

Amende ne dépassant pas Rs 100 000 et une peine de prison n’excédant pas deux ans pour ceux qui se rendent dans les ‘restricted areas’ : les volontaires révoltés

Cela a été gazetté le vendredi 7 août : toute personne qui aurait fait fi aux restrictions du gouvernement et qui s’aventurerait dans les ‘restricted areas’ seront passibles d’une amende n’excédant pas Rs 100  000 et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas 2 ans.

Ces endroits sont : le lagon de Bois-des-Amourettes, à partir de la jetée jusqu’à Le Chaland, la mer à Pointe d’Esny, Pointe Vacoas, Pointe Jérome, Blue Bay Marine Park, Pointe Brocus, Falaise Rouge, allant jusqu’au Mahébourg Waterfront et la plage publique de Rivière-des-Créoles.

Toutefois, ceux qui veulent se porter volontaires pour sauver leurs lagons et leur pays qui est en danger, trouvent cette loi révoltante.

Joanna Bérenger, qui a été sur place avec la jeunesse militante, et qui a aussi fait don de ses cheveux, ne cache pas son mécontentement. « En tant que Mauriciens et citoyens, la population a trouvé la nécessité de se mobiliser afin de pouvoir nettoyer nos lagons, mais maintenant le gouvernement essaye d’immobiliser les volontaires en légiférant cette amende », dit-elle. Il y a, selon elle, des milliers de Mauriciens qui se sont mobilisés. « Si ban autorités envi donne lamanne à sa bane volontaire la, kot nou pe aller ? ».

Elle en profite pour féliciter tous les volontaires qui ont fait le déplacement des quatre coins de l’ile, et qui y ont même passé la nuit pour apporter leur aide.

Fabrice David, pour sa part, au niveau de l’aile jeune du Parti Travailliste, explique qu’aujourd’hui, une opération de nettoyage et de citoyenneté est prévue, et cela avait été discutée depuis le vendredi 7 août, mais ce n’est qu’hier qu’ils ont été mis au courant de cette amende.  Cette décision est révoltante et inacceptable, selon lui : « Zot laisse navire rentré, costé faire pollution, après empeche Morisien netoyé ». Ce sont nos lagons et notre pays, comment le gouvernement peut-il empêcher les citoyens de nettoyer les plages ? « Je suis écouré c’est le monde à l’envers. »

Il a fait ressortir que lui et les autres vont se rendre sur place. « Bien sir, mo pas pe encouraz pou enfreigne la loi », met-il toutefois en garde. Si l’accès ne leur est pas permis,ces volontaires vont chercher d’autres alternatives afin de construire des barrages flottants avec les matériaux dont ils ont fait provision.

MV Wakashio : Une commission d’enquête mise sur pied

Le ministre de la Pêche, Sudhir Maudhoo, a indiqué lors d’une conférence de presse ce 6 août qu’une commission d’enquête sera mise sur pied pour connaître les circonstances exactes de l’échouage du MV Wakashio. Les conclusions de cette enquête permettront de réclamer des compensations à l’assureur du bateau.

Sudhir Maudhoo a également affirmé que les pêcheurs forcés au chômage technique en raison de l’échouage du MV Wakashio recevront une assistance financière, comme cela avait été le cas en 2016, concernant le navire MV Benita.

 

La NCG sous les feux des projecteurs

Les autorités mauriciennes sont très embarrassées avec l’inaction de la National Coast Guard, dans la soirée du 25 juillet dernier, quand le Wakashio s’approchait trop près de nos côtes. Des têtes risquent de tomber, et le rôle de la National Coast Guard (NCG) pourrait être revu, suite à cette affaire. C’est toute l’existence même de cette unité qui est mise en cause. Pourquoi la NCG n’a pas pris les actions nécessaires quand ils ont remarqué que le vraquier était trop proche de nos côtes ?

À Deux-Frères, le poste de la NCG est équipé d’un ‘Coastal Radar Surveillance System’, qui peut détecter automatiquement la présence des navires et des bateaux naviguant dans cette région. De plus, ce poste de la NCG est aussi doté d’un ‘Fast Interceptor Boat (FIB)’, capable de naviguer même en cas de mauvais temps. Ce type d’embarcation de la NCG est équipé de radar, pouvant aider à naviguer même dans l’obscurité.

Mais l’explication que le capitaine du navire Wakashio n’a pas répondu aux appels radio de la NCG pendant 30 minutes, irrite. Une explication qui embarrasse le quartier-général de la police, ainsi que le gouvernement.

Les premières personnes qui seront auditionnées par la commission d’enquête annoncée, seront les officiers de la NCG, qui étaient de faction dans la soirée du 25 juillet dernier, dans les postes de la NCG se trouvant sur le littoral est et sud-est, en particulier, ceux du poste de Deux-Frères et ceux du poste de Blue-Bay. Ils devront surtout apporter des explications sur les actions prises après avoir détecté le navire trop près du récif.

Il n’est pas à écarter qu’une enquête interne soit initiée au niveau de la police pour situer les responsabilités après cet incident. D’ailleurs, le ‘Diary Book’ du ‘Coastal Radar Surveillance System’ à Deux-Frères a été saisi deux jours après l’incident. Les Casernes centrales veulent surtout connaître les agissements des officiers qui étai ent affectés à la surveillance des écrans radar ce jour-là.

Vinay Auncharaz, économiste

« Un impact grave sur le tourisme, et par ricochet, sur toute l’économie mauricienne »

« Pour moi, franchement, c’est bien grave. C’est comme si un deuxième désastre est survenu après la pandémie de covid-19, alors qu’on attendait l’ouverture des frontières et l’arrivée des touristes », nous dit d’emblée Vinay Auncharaz, économiste. « Je ne sais pas encore l’ampleur que cela va prendre et si on peut en partie contenir ce problème. »

Il estime que cette catastrophe fera beaucoup de mal à notre secteur touristique. Notre secteur du tourisme, avance-t-il, dépend beaucoup sur le ‘Beach Tourism’. Le parc marin de Blue Bay, qui attire beaucoup de touristes sera ainsi grandement affecté.

Un tourisme, souligne-t-il, qui reste à être relancé. « On a là un problème qui va retarder encore la reprise du tourisme dans le pays », explique l’économiste. Pour un petit pays comme Maurice, cela va mettre notre tourisme carrément à genoux.

« On dépend beaucoup sur les touristes et le tourisme est le troisième secteur clé de l’économie, en termes de contribution à l’emploi et au Produit intérieur brut (PIB), et l’on peut être sûr que ça va retarder la reprise dans ce secteur», souligne-t-il.

En outre, on s’attendait quand même à ce que la pandémie devienne sous contrôle et qu’une fois les frontières ouvertes, on aurait eu une partie des touristes. Le secteur aurait alors commencé à prendre petit à petit son envol, et l’économie à son tour allait reprendre. « Or, c’est vraiment triste pour l’économie mauricienne », déplore-t-il.

Impact écologique

Yuvan Beejadhur : « Chaque minute que l’on perd affecte notre pays pour les jours, les semaines, les mois et les années à venir »

C’est un véritable désastre, se désole Yuvan Beejadhur, ancien expert maritime à la Banque mondiale. Il estime que d’abord, il faudrait savoir comment le vraquier s’est échoué à Pointe d’Esny? Est-ce un accident, est-ce un acte délibéré, un acte de détresse ou autre ?

Toutefois, peu importe la nature de l’acte, cela aura un impact catastrophique pour le pays, qui dépend beaucoup sur le tourisme, et sur la source alimentaire provenant de nos lagons. « Il ne faut pas oublier que les touristes viennent chez nous pour nos plages et ils misent beaucoup sur notre capital naturel. En outre, ce ne sont pas uniquement les parcs marins qui seront affectés mais aussi les oiseaux. Cela va retarder notre développement durable à l’avenir,», explique-t-il. Yuvan Beejadhur note aussi que ce déversement dans l’eau de la mer aura aussi un effet sur la santé des pêcheurs et des habitants de la localité.

Mais il dit que rien n’est perdu : « We can change the tide », mais il faudrait agir très vite. Il explique que pour gérer la situation, le gouvernement doit obligatoirement faire appel aux experts internationaux. « Chaque minute qu’on perd affecte notre pays pour les jours, les semaines, les mois et les années à venir », affirme-t-il.

En ce qui concerne le bilan, Yuvan Beejadhur faut faire des analyses connues comme le ‘Post Disaster Needs Assessment’, pour savoir quel impact le déversement des hydrocarbures aura sur les animaux marins.

De façon réaliste, il estime que nos lagons ne guériront pas de sitôt. Tout dépend de la qualité de l’hydrocarbure qui est dans les eaux du lagon. Il espère toutefois que le ministère des Affaires étrangère et nos ambassades ont déjà pris contact avec les pays amis et les organismes experts dans ce domaine pour un renfort vital. À son niveau, il a déjà fait des démarches et attend à ce que cela aboutisse très vite, en espérant qu’entretemps, les autres lagons ne soient pas affectés.

Il propose aussi un plan de relance après que les dégâts ont été nettoyés. Il demande à ce que le gouvernement mette en place l’aménagement d’un territoire marin sur l’ensemble du littoral du pays. Cet incident est une raison de plus pour investir dans ce projet. Il faudra donner l’occasion à tous les acteurs d’être partie prenante dans la mise en place de ce projet. « C’est important de trouver les moyens pour protéger les animaux marins et les oiseaux, ainsi que les coraux », souligne-t-il.

Sur le plan juridique, il dit que Maurice doit entamer des actions en justice contre la compagnie maritime qui est responsable de cette catastrophe, en réclamant des dommages. Cet argent devra ainsi être utilisé pour promouvoir l’économie bleue.

 

Vassen Kauppaymuthoo, écologiste

« La destruction de la biodiversité sera dans certains cas irrémédiable  »

L’écologiste et océanographe Vassen Kauppaymuthoo estime qu’il est malheureux que le déversement ait eu lieu dans une zone environnementalement sensible, notamment le parc marin de Blue Bay, qui compte 38 espèces de coraux et 72 espèces de poissons.

Deux sites Ramsar (défini comme un ‘wetland of national importance’) sont affectés : le parc marin de Blue-Bay lui-même, ainsi que la zone humide de Pointe d’Esny. Il y a aussi l’ile-aux-Aigrettes, qui est une zone de conservation. Or, ce déversement viendra détruire la biodiversité marine et côtière de la région, et dans certains cas de façon irrémédiable.

Il aurait fallu agir plus tôt et briser la chaine des événements qui ont conduit à cette catastrophe écologique : arrêter le bateau avant qu’il ne s’approche de nos côtes, pomper le carburant dès qu’il est échoué, au lieu d’attendre 13 jours, faire venir en urgence des oil containment booms’ (barrières flottantes), qui auraient déjà été présentes si nous les avions commandés depuis deux semaines.

Selon l’écologiste, il faut se mettre à l’esprit que certains dégâts seront irréversibles, comme la destruction de la biodiversité, de certains coraux et de certains poissons. Les mangroves seront affectées, ainsi que les sédiments, qui garderont des traces de ce déversement d’hydrocarbures pendant de longues périodes. « Je pense notamment à ce corail de 1 000 ans, Lobophyllia, qui se trouve dans le parc marin, qui a connu tant de changements, et qui risque aujourd’hui de disparaitre à tout jamais », se désole Vassen Kauppaymuthoo

Il explique que maintenant il faut nettoyer les dégâts, en mettant la main à la pâte, avec patience, ardeur et parcimonie. Cela demandera la collaboration de tout un chacun, pour nettoyer les racines de mangroves, enlever le sable souillé, sauver les oiseaux, et ramasser les poissons morts. « Il faudrait surtout éviter d’utiliser des dispersants chimiques, qui pourraient causer encore plus de dégâts que le pétrole », met-il en garde.

Fabrice David, Ptr

« Depuis deux semaines, le gouvernement mène la population en bateau »

Le député travailliste Fabrice David explique que « Depuis deux semaines, le gouvernement mène la population en bateau. »

Il revient sur le jour où le vraquier est arrivé à Pointe d’Esny. « Jusqu’à ce jour, je n’arrive pas à comprendre comment le bateau est arrivé jusqu’ici. Je déplore aussi la négligence du capitaine du navire, qui est resté injoignable pendant plus d’une heure ce jour précis », dit-il.

Il fait ressortir que la National Coast Guard (NCG) n’est pas équipée d’hélicoptère pour informer les bateaux quand ils dérivent de leur trajectoire. Les protocoles qu’ils doivent observer vis-à-vis de nos zones maritimes sont aussi flous. « Être entouré d’eau ne veut pas dire que importe quel navire peut avoir accès à nos zones maritimes », assène-t-il.

Selon lui, n’aucune action n’a été prise pour faire face à l’urgence de la situation quand le bateau s’était initialement échoué. « Que faisaient les autorités pendant deux semaines ? », questionne-t-il.

Selon lui, le responsable de la communication de la police avait fait ressortir, durant la semaine, que le vraquier reposait tranquillement, mais au lendemain de cette déclaration, le déversement d’huile avait commencé. « Par cette incompétence et cette irresponsabilité, c’est tout le littoral du sud-est et tout son écosystème qui est affecté », lâche-t-il.

Fabrice David est aussi d’avis que, selon la situation dans laquelle se trouvait le vraquier au début, on aurait pu éviter cette catastrophe en remorquant le navire hors de notre lagon ou en pompant le fioul du navire.

Le député rouge revient sur les propos du ministre de la Pêche, Sudhir Maudhoo, durant sa dernière conférence de presse, à l’effet que le pays n’a pas assez de moyens techniques pour faire face à ce genre de problème.

Des propos que Fabrice David condamne énergiquement. Il tient à rappeler que l’échouage de MV Benita s’est produit en 2016, ce qui aurait dû être l’occasion pour le gouvernement de tirer les leçons qui s’imposaient, en renforçant nos moyens techniques pour faire face à ce genre de catastrophe. « C’est l’incompétence et l’insouciance qui sont à l’origine de cette catastrophe », conclut Fabrice David.

Que faire avec le fioul qui va être recueilli ?

Une question qui est d’actualité : comment se débarrasser du fioul qui sera recueilli ? Il y a deux opérations distinctes : la première est de collecter le pétrole répandu dans la mer et sur le sable ;  et la deuxième a trait à l’élimination de tout ça.

Vassen Kauppaymuthoo fait ressortir qu’il existe à Mare Chicose une cellule ou zone où ces déchets liquides peuvent être entreposés en attendant d’être traités. Ou bien, explique-t-il, le gouvernement peut trouver des réservoirs des produits pétroliers vides, par exemple dans le port, où l’on pourrait disposer de ces produits.

Impact sur la santé des gens

Selon l’écologiste Vassen Kauppaymutho, il faudrait aussi évacuer toute la zone de Mahébourg, qui pourra être sujette à des vapeurs de carburants toxiques et cancérigènes, garder les écoles fermées et prendre toutes les autres précautions nécessaires pour prévenir ou faire face à un incendie majeur au cas où les produits pétroliers s’enflammeraient. Il y va de la sécurité de la population, fait-il comprendre.

 

Eco-Sud

« Une coordination est nécessaire entre la société civile et le gouvernement »

Nous sommes aussi allés voir du côté des ONG et des volontaires. En effet, plusieurs associations se sont mobilisées dès l’annonce de la catastrophe, et sur plusieurs sites, des ‘booms’ (filets flottants) pour endiguer la marée noire sont construits avec des cheveux et de la paille.

Pour l’ONG Eco-Sud, il faut définitivement avoir une coordination sur le site. Une responsable d’Eco-Sud nous indique que le gouvernement a émis un communiqué pour empêcher les gens de venir sur les lieux, mais plusieurs personnes souhaitent apporter leur aide, et les ONG reçoivent plein d’appels. « Nous ne voulons pas que cela devienne un désordre et nous ne voulons pas non plus que les personnes qui veulent apporter leur aide soient frustrées de ne pouvoir le faire. Il faudrait pouvoir canaliser les gens », s’explique-t-elle.

Eco-Sud explique qu’il doit y avoir une coordination nationale entre les autorités et les ONG. « Depuis le début, on a demandé une coordination entre les associations qui sont en contact avec nous et on a tout un réseau de volontaires », explique-t-elle. C’est une nécessité, selon elle, d’avoir une coordination entre la société civile et le gouvernement, car ce dernier ne peut seul tout faire. « Depuis que ce navire s’est échoué, nous ne faisons que répéter qu’on doit impliquer toutes les parties prenantes », souligne-t-elle.

Au niveau d’Eco-Sud, plusieurs contacts ont été pris, et des groupes formés et mobilisés. « On doit comprendre que ce nettoyage ne s’arrêtera pas là », indique-t-elle. Selon Eco-Sud, ce n’est pas en un week-end que le nettoyage sera terminé. « On a un bon bout de temps de nettoyage », prévoit-elle.

 Judex Ramphul, président du Syndicat des Pêcheurs 

« Les autorités n’ont pas tiré de leçon depuis l’échouage du navire Benita »

Pour Judex Ramphul, président du Syndicat des Pêcheurs, cette catastrophe qui vient de se produire est très grave, vu que la zone impactée contient une biodiversité importante. Or, avant même la catastrophe, la biodiversité dans cette région était déjà affaiblie, surtout avec la pollution.

Il fait ressortir que la région affectée, dont Pointe D’Esny, Mahébourg, et Ville-Noire, entre autres, comprend beaucoup des pêcheurs, « Le gouvernement doit voir comment il faut venir en aide à ces pauvres gens, en leur remettant une aide sociale. On ne peut pas attendre l’assurance pour les dédommagements », dit-il. « Avec le covid-19, les pêcheurs ont été pénalisés, et maintenant avec la marée noire, la situation deviendra pire », prédit Judex Ramphul.

Selon lui, le navire MV Wakashio est le troisième qui s’est retrouvé dans une situation similaire. Il revient sur l’échouage  d’un premier navire sur le littoral de Poudre D’Or. 206 pêcheurs avaient alors bénéficié d’une compensation. Puis il y a eu l’échouage de MV Benita en 2016. Or, selon lui, « Nos autorités n’ont pas tiré de leçon depuis ces deux échouages». Il s’insurge aussi du fait que les rapports sur ces deux échouages n’ont pas été rendus publics.