Sur fond de la tenue illégale d’une ‘Music Expo’ : Clash entre le lord-maire et son adjoint

  • « Le lord-maire ne fait même pas de handing over quand il part en voyage », confie Eshan Mamode
  • C’est la pire équipe dirigeante que la capitale a eue depuis 30 ans, estime des officiers expérimentés

 La gestion de la municipalité de Port-Louis pâtit-elle en raison des divergences entre les gérants ? Il semblerait que oui. La tenue de la ‘Music Expo’ par Momix la semaine dernière en est un exemple concret. Après qu’il s’est avéré que cet événement ait été organisé en dépit du fait que les permis et conditions y relatifs n’aient pas été respectés, le lord-maire Daniel Laurent a tenté, la semaine dernière, de renvoyer la balle dans le camp de son adjoint Eshan Mamode qui, lui, riposte cette semaine…

 

Sunday Times l’avait révélé dans sa dernière édition. La ‘Music Expo’ organisée par Momix au Café du Vieux Conseil, à Port-Louis, les 4 et 5 octobre derniers a été faite dans l’illégalité, n’ayant pas les permis requis et ne s’étant pas plié aux conditions imposées par la mairie de Port-Louis. Ce qui n’a, cependant, nullement empêché les organisateurs à tenir cet événement. Le pire, c’est que la municipalité n’était même pas au courant que l’exposition se tenait malgré le fait que les documents et les paiements relatifs n’aient pas été faits, comme stipulé dans la lettre d’autorisation en date du 26 septembre 2018. Il a fallu que Sunday Times interroge le lord-maire par intérim, Eshan Mamode, sur l’illégalité de cet événement le vendredi 5 octobre dernier pour que des actions administratives soient immédiatement prises à l’encontre de Stephan Hauffret-Rezannah, organisateur de la ‘Music Expo’.

C’est ainsi qu’une lettre lui a été expédiée, illico presto, afin de lui sommer de soumettre sa ‘occasional licence’ le même jour, soit le 5 octobre. « The Council has also been informed that you have sold alcoholic drinks which goes against our conditions of approval », soutient le Chief Executive, J. Mulloo, dans sa lettre adressée au directeur de Momix. Et d’ajouter : « We believe that you have failed to comply with the conditions attached in our letter, as such the Council will have no alternative than to withdraw its approval given to your company, and report the matter to the Police, if you fail to apply for the ‘occasional licence’ at latest today. A contravention will also be served to you for non-payment fees for 4 October 2018 ».

C’est à la suite de cet incident que la municipalité a décidé de prendre les taureaux par les cornes. Ainsi, dans un ‘urgent memo’ envoyé au ‘Chief Health Inspector’ le 5 octobre, le ‘Senior Health Inspector’, A. Soreefan, a exhorté le département concerné à s’assurer que les organisateurs d’événements s’acquittent dorénavant des frais avant leur organisation. « It is suggested that in future before the site is handed over to the promoter, the Welfare Department should ascertain that payment of the prescribed fee in respect of the relevant occasional activities has already been effected as required », a-t-il écrit.

Divergences et préjudices

Cet incident démontre clairement la mauvaise gestion de la capitale. Comment un tel événement ait pu avoir lieu sans que les autorités ne soient pas au courant si l’organisateur s’est plié aux règlements ou non ? Pendant presque deux jours, l’exposition a eu lieu dans l’illégalité sans que les autorités ne soient au courant. Et ce, alors que l’événement se tenait à quelques mètres seulement de la municipalité de Port-Louis. La tenue de cette ‘Music Expo’ est d’ailleurs la source de divergences entre le lord-maire et son adjoint. Dès que nous l’avions contacté pour sa réaction la semaine dernière, Eshan Mamode, qui assumait la suppléance à la tête de la municipalité de Port-Louis, avait condamné l’illégalité de cet événement. Or, le lord-maire Daniel Laurent devait lui renvoyer la balle en disant que ce dernier était bel et bien présent au conseil au moment que cette décision avait été prise.

Une pique qu’Eshan Mamode n’a certainement pas apprécié. Celui-ci sort de ses gonds et dénonce le lord-maire. « Chacun doit assumer ses responsabilités », lâche-t-il. « Cette décision a été prise au conseil le vendredi 21 septembre 2018 et où j’étais effectivement présente, mais mention y avait été faite uniquement pour un concert qui devait se tenir le samedi 6 octobre 2016 de 18h à 23h. Par contre, pour la tenue de l’exposition, la décision avait été approuvée durant une réunion du ‘Permit & Business Monitoring Committee’ (PBMC). Or, je ne fais pas partie de ce comité et je ne connais donc pas les détails y relatifs », explique-t-il. « Ene lord-maire pas koné ki sanla éna dans ène comité ou pas ? » s’interroge-t-il. Il avoue que la déclaration du lord-maire à l’effet qu’il était au courant de la tenue de cet événement lui aurait causé des préjudices, surtout vis-à-vis de ses mandants et au sein des associations socio-culturelles auxquelles il appartient. D’où sa détermination à remettre les pendules à l’œuvre.

Eshan Mamode enfonce le clou en expliquant que Daniel Laurent n’aurait même pas pris la peine de communiquer avec lui avant qu’il ne parte en voyage. « Li pas même fer ène handing over ou dire moi ki bane dossiers bizin suivre pendant so l’absence. Moi mo bizin guetté par mo même kuma pou fer », confie-t-il. Une confidence qui en dit d’ailleurs long sur la façon dont la mairie de la capitale est gérée. Pendant que les élus se chamaillent entre eux, des décisions sont prises au petit bonheur alors que l’administration est, elle, gérée avec amateurisme, faute d’une équipe dirigeante responsable et compétente. Ce qui a même poussé un officier comptant plus de 30 ans à la municipalité de Port-Louis à se désoler que c’est la pire équipe dirigeante qu’il a vue jusqu’ici…