Suite aux négociations de Showkutally Soodhun : Les hadjis ont-ils déboursé Rs 4 900 plus que le prix normal du billet d’avion ?

Rs 4 900. C’est la différence qu’il y aurait entre le prix du billet d’avion payé par les hadjis, soit Rs 30 600, pour le dernier pèlerinage alors que le prix proposé par des agences de voyage était de Rs 25, 700. C’est ce qui ressort d’une question parlementaire du député Osman Mahomed. Les hadjis ont-ils donc été pénalisés par les négociations faites par l’ICC et le député Showkutally Soodhun auprès des autorités saoudiennes ? Il semblerait que tel serait le cas…

Le Centre Culturel Islamique (CCI) est chargé d’organiser le hadj et de veiller à ce que les pèlerins ne soient pas pénalisés. Or, il semblerait que ces derniers auraient été déplumés lors du dernier pèlerinage à la Mecque. Ils auraient payé leurs billets d’avion à un taux supérieur alors qu’ils croyaient faire des économies. C’est en tout cas ce qui ressort à la lumière d’une question parlementaire du député du PTr, Osman Mahomed, cette semaine. Celui-ci voulait connaître les conclusions des négociations entre Showkutally Soodhun et le CEO de Saudi Airlines concernant le pris du billet d’avion pour le hadj. Répondant à la question, le ministre des Arts et de la culture, Pradeep Roopun a soutenu que des deux cotations reçues par Saudi Airlines et Emirates Airline suite à un appel d’offres en décembre 2017, l’offre de Saudi Airlines était de Rs 35 000 incluant toutes les taxes en Arabie Saoudite alors que celle d’Emirates Airline était, elle, à Rs 33 000 excluant les taxes d’aéroport. Selon le ministre Roopun, entre février et mai 2018, il y a eu une série de négociations entre Showkutally Soodhun et la direction de Saudi Airlines, jusqu’à ce que le prix soit finalisé, en mai 2018, à Rs 30 600 incluant tous les frais et taxes.

Or, là où le bât blesse, c’est que ce tarif de Rs 30 600, finalisé après maintes négociations et en faveur d’un ‘bulk booking’, soit pour 1 525 hadjis, aurait dû être nettement moins. C’est en s’appuyant sur un mail reçu d’une agence de voyage qu’Osman Mahomed a démontré comment les pèlerins ont été bernés. En effet, dans ce mail en date du 15 octobre 2018, l’agence de voyage soutient que le prix normal du billet d’avion pour un ‘group booking’ d’un minimum de 10 personnes pour la Mecque à bord de Saudi Airlines est de Rs 25 700. Ce qui fait une différence de Rs 4 900. Le tarif de Rs 25 700, nous explique-t-on, s’applique pour un ‘group booking’ à n’importe quelle période durant l’année. Ainsi, pour un ‘bulk booking’ de plus de 1500 personnes, le prix aurait dû être inférieur à Rs 27 500. D’autant que le hadj n’est pas une ‘peak season’, l’Arabie Saoudite n’accueillant que 3 millions de visiteurs durant cette période comparée à 8 millions pendant le mois du Ramadan. Le ministre Roopun a tenté de justifier la différence de prix en expliquant que tout doit être fait dans la transparence et que ces agences de voyage n’ont pas soumis leurs offres.

Quelles négociations ?

À la lumière de ces informations, l’on se demande si les pèlerins n’ont pas été pénalisés, voire bernés. Quelle a été la teneur de ces négociations si le prix offert a été supérieur à celui offert par les agences de voyage ? Y a-t-il anguille sous roche ? Non, nous répond catégoriquement le professeur Hussein Subratty, chairman de l’ICC. Il soutient que la réponse du ministre Roopun est claire. « Tout a été fait dans la transparence », insiste-t-il. « À ma connaissance, le prix mentionné à l’Assemblée nationale pourrait être celui de l’oumrah et non pas celui du hadj. Il ne faut pas oublier aussi qu’on avait pris des ‘chartered flights’. D’ailleurs, les organisateurs avaient eux-mêmes adressé une lettre à Showkutally Soodhun lui demandant de négocier pour une baisse du prix du billet d’avion. Je maintiens que l’exercice s’est déroulé dans la transparence », dit le professeur Subratty.

Cependant, c’est un autre son de cloche du côté des agences de voyage. « Le prix de Rs 27 500 est offert tout au long de l’année, pour l’oumrah ainsi que pour le hadj. D’ailleurs, le hadj n’est pas une ‘peak season’. L’Arabie Saoudite accueille deux fois plus de pèlerins pendant le Ramadan que durant le hadj. Pourquoi donc le prix pour le hadj doit-il être supérieur à celui du Ramadan ? » se demande le gérant d’une agence de voyage accréditée. Il récuse aussi les explications fournies par les autorités concernant les ‘chartered flights’. « Seulement trois des six vols étaient des ‘chartered flights’. Pourquoi les hadjis qui ont pris les vols réguliers n’ont-ils pas été remboursés ? » se demande-t-il. Il lance ainsi un appel au Premier ministre pour que les visas pour le hadj soient dorénavant délivrés par le ministère des Affaires étrangères. Ce qui résoudrait, selon lui, bon nombre de problèmes liés à l’organisation du hadj à Maurice.