Sucre  : La chute des cours fait naître de nombreuses craintes chez les opérateurs

 

L’effondrement du prix du sucre sur le marché international ne sera pas sans conséquence pour l’industrie cannière de Maurice. Les producteurs craignent en effet une baisse de la profitabilité, d’autant qu’ils ont eu à faire face à de nombreuses hausses en termes de coûts de production au cours des mois écoulés. La hausse de la taxe à 80 % sur le sucre importé, censée leur offrir un certain répit, risque de ne pas avoir l’effet escompté. Certains opérateurs se préparent d’ailleurs à une année particulièrement difficile.

C’est l’une des rares mesures annoncées dans le dernier Budget pour permettre à l’industrie cannière locale de surmonter les difficultés auxquelles elle est actuellement confrontée. La hausse de la taxe sur le sucre importé avait le dessein de permettre aux producteurs locaux d’avoir une certaine marge d’opération. Mais l’effondrement des cours sur le marché international est venu changer la donne. Les producteurs craignent que cela ait un impact considérable sur l’industrie de la canne

« Certains opérateurs qui gravitent dans le giron de l’industrie de la canne sont déjà en train de subir les contrecoups de cette baisse. A tel point que la taxe de 80 % imposée sur le sucre importé risque de ne pas aider les producteurs à couvrir leurs coûts d’opération, d’autant que le prix du sucre vendu par le Syndicat des Sucres sur le marché local sera maintenu », déclare Devesh Dukhira, Chief Executive Officer du Syndicat des Sucres.

Selon des récents articles de presse, la Mauritius Chemical and Fertilizer Industry, producteur de fertilisants et d’autres intrants chimiques, a subi de lourdes pertes dans le sillage de cette baisse drastique des cours du sucre.

Pour équilibrer le marché et offrir aux producteurs une marge de manœuvre, les opérateurs estiment que le gouvernement aurait pu imposer une taxe de 100 % sur le sucre importé, ce qui aurait également eu pour effet de prévenir le dumping. « Dans plusieurs pays, notamment l’Inde, le Kenya, l’Europe ou le Japon, le sucre importé est frappé d’une taxe à 100 % ou plus. Dans d’autres parties du monde, telle que l’Afrique du Sud, la Chine et les Etats-Unis, cette taxe est tout aussi élevée. L’idée est bien entendu de protéger l’industrie cannière locale. Je dois faire ressortir par ailleurs que le sucre produit à Maurice est généralement d’une qualité supérieure aux produits importés », explique Devesh Dukhira.

Jacqueline Sauzier, Secrétaire Générale de la Chambre d’Agriculture de Maurice, abonde dans le même sens. Elle estime qu’une telle mesure sera efficace pour lutter contre le dumping, mais nuance ses propos car, dit-elle, cette taxe ne saura suffire à aider l’industrie à surmonter les difficultés auxquelles elle fait actuellement face.

Le comité interministériel présidé par le Premier ministre lui-même se charge d’analyser les recommandations faites par le Joint Technical Committee ainsi que les revendications et propositions faites par le Joint Negotiating Panel et les regroupements des planteurs. Les recommandations finales sont très attendues afin d’aider l’industrie cannière à se repositionner sur l’échiquier économique du pays.

La canne demeure en effet un important contributeur au Produit intérieur brut et une industrie autour de laquelle gravitent de nombreuses PME. Depuis l’accord signé entre les producteurs indépendants d’électricité et le Central Electricity Board, le secteur cannier est aussi le plus gros producteur d’électricité du pays, avec 60 % de la production nationale d’énergie.