St-Louis Gate ou ML Gate ?

  • Bien qu’étant un des ‘highest bidders’, BWSC décroche le jackpot suite à un deuxième appel d’offres taillé sur mesure lancé en octobre 2015
  • Connexions incestueuses des membres du ML de Collendavelloo à toute l’affaire

Bien que le Premier ministre cherche désespérément à faire croire que ni lui ni son adjoint Ivan Collendavelloo ne fussent au courant d’une quelconque allégation de pots-de-vin entourant le réaménagement de la centrale St-Louis, c’est une couleuvre difficile à avaler. Car cette affaire dépasse largement les sphères de l’administration publique. En effet, elle comporte aussi des ramifications et des décisions politiques qui n’auraient pas pu échapper aux membres du gouvernement, dont le Deputy Prime Minister et ministre des Utilités Publiques, Ivan Collendavelloo.

Un premier appel d’offres avait été lancé par le CEB le 25 septembre 2014, soit sous le régime travailliste, pour le « redevelopment of Saint Louis Power Station – Design, Supply, Installation and Commissioning of 4 x 15MW Diesel Engines ». Une seule soumission avait été reçue, celle de Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) au coût de Rs 786 600 281. Cette soumission avait été rejetée au moment des élections générales de 2014 puisqu’elle ne correspondait pas aux critères exigés. Un autre appel d’offres est ainsi lancé le 1er octobre 2015, cette fois-ci pour le « Design, Supply, Installation and Commissioning of Diesel Power Plant of Capacity 60MW +/- 10% ». Une spécificité qui laisse croire que l’appel d’offres a été taillé sur mesure pour bénéficier BWSC/ PADCO.

Au final, c’est bien BWSC qui décrochera le contrat parmi les quatre soumissions retenues bien que la compagnie danoise fut un des ‘highest bidder’. Ce changement de spécificité dans le deuxième appel d’offres est, selon toute vraisemblance, intervenu après qu’il y eut intervention en haut lieu. Qui sont ceux, au sein des administrations mauriciennes, qui sont impliqués dans cette affaire d’allégations de pots-de-vin ? Il ne peut s’agir que de hauts cadres et officiels ayant travaillé sur le dossier. C’est ainsi qu’entrent en jeu des personnalités politiques, plus précisément celles liées de près avec le dossier, mais aussi avec le DPM Ivan Collendavelloo et son parti, le Muvman Liberater (ML).

 

Connexions ML

Le DPM et ministre des Utilités Publiques, Ivan Collendavelloo, ne peut plaider l’ignorance. Le CEB tombe sous sa tutelle et un représentant de son ministère siège sur le conseil d’administration de l’organisme. Il a dû donc être mis au courant de tous les développements concernant ce projet. Il avait d’ailleurs produit, selon Arvin Boolell, un « certificate of emergency » pour que le projet puisse aller de l’avant bien qu’il y ait eu des contestations devant l’IRP.

D’ailleurs, un de ses anciens collègues au Parlement, Bashir Jahangeer, l’avait à maintes reprises interpellé sur le dossier. Mais, Ivan Collendavelloo aurait systématiquement refusé de rencontrer ce dernier, pourtant un membre du gouvernement dont il est l’un des partenaires alors que ce dernier veut lui faire part des informations troublantes dont il disposait. Pourquoi ?

Il y a ensuite Seety Naidoo. En tant que chairman du CEB, il avait, selon ses propres aveux, été informé des allégations de corruption qui pesaient contre le CEB par le directeur général par intérim du CEB, Shamshir Mukoon. Mais il a gardé le silence, choisissant de ne rien divulguer au ministre de tutelle et dirigeant du parti auquel il appartient.

Christelle Sohun est celle, à l’Independent Review Panel (IRP), qui avait signé le rejet de la demande des soumissionnaires qui avaient protesté contre l’octroi du contrat à BWSC. Christelle Sohun est une proche du ministre Collendavelloo et du ML. Ce qui lui a valu quelques nominations au gouvernement, dont celle de Haut-commissaire mauricienne en Australie. Elle travaillait auparavant au Collendavelloo Chambers.

Ces trois protagonistes ont tous deux points en commun. Ils sont tous membres du ML et sont tous connectés d’une façon ou d’une autre au projet. C’est donc difficile de croire que le DPM Ivan Collendavelloo n’était pas au courant de l’enquête de la Banque Africaine de Développement (BAD). Raison pour laquelle les membres de l’opposition, dont Arvin Boolell, réclament sa démission du gouvernement, ainsi que celle de Seety Naidoo et de Christelle Sohun. Mais jusqu’ici, le trio reste accroché à leur poste.