SOS de SUS Island : Lev paké allé !

Mon cœur saigne. Je suis anéantie par la scène de désolation qui crève nos yeux à Pointe d’Esny alors que cette belle plage nous égayait encore il y a une dizaine de jours. Je souffre de voir mon pays couler, comme l’a été le Wakashio. Je suis révoltée par la façon dont le gouvernement a tenté, une fois de plus, de nous berner en nous faisant croire que tout était sous contrôle alors qu’il était clairement dépassé par les événements. Ce n’était pas le Wakashio qui se reposait sur le sable. Que non ! Ce sont plutôt nos dirigeants qui s’endormaient sur leurs lauriers, en espérant peut-être qu’un miracle allait se produire.

Leur réveil a dû être brutal puisque du jour au lendemain, ils ont subitement réalisé la gravité et l’urgence de la situation. Ce que les pêcheurs, les écologistes et les citoyens lambda craignaient pourtant depuis une semaine. Mais nos gouvernants, eux, ont volontairement choisi de fermer les yeux sur l’énorme danger qui nous guettait. Il a fallu que le mal soit fait, comme dans le cas de la pandémie Covid-19, pour que les autorités réagissent.

En l’espace d’une nuit, le ministre de l’Environnement, qui parlait de « photos truquées » la veille, a finalement changé de ton pour avouer que le pays faisait face à une « urgence environnementale sans précédent ». Il a fallu plus d’une semaine pour que le Premier ministre se rende enfin compte que « notre pays n’a pas les compétences et l’expertise » nécessaires pour gérer cette situation ! Le SOS lancé par Pravind Jugnauth depuis le « SUS Island » a été entendu par des pays amis qui s’activent à nous dépêcher de l’aide. Mais ce SOS a aussi été repéré par la majorité de la population qui a, elle, déjà trouvé une solution pour lui et son équipe : si vous n’avez pas « les compétences et l’expertise » qu’il faut pour gouverner, alors « lev paké allé ! »

Le pays a assez souffert à cause de l’incompétence et de l’amateurisme de ce gouvernement. Fort heureusement que des ONGs et des citoyens ont décidé de prendre les choses en main pour sauver le pays. Les initiatives citoyennes se multiplient tandis que les autorités attendent toujours de l’aide venant de l’extérieur. Encore faut-il maintenant que les actions soient concertées et coordonnées pour que les efforts de tout un chacun ne soient pas vains.  Qui le fera ? Sûrement pas ces élus du gouvernement qui se sont contentés de la présence tardive du Premier ministre sur les lieux vendredi pour y faire une apparition, histoire de se faire prendre en photos ! Qui, au sein du gouvernement, a osé jusqu’ici mettre la main à la pâte, ou plutôt à l’huile lourde et aux hydrocarbures pour apporter sa contribution à l’élan de solidarité nationale ?

Notre SUS Island est en danger. Une fois que le peuple aura complété son devoir civique de sauver notre île de ce désastre écologique, il devra de nouveau consentir ses efforts pour libérer, cette fois-ci, le pays des griffes de ce gouvernement incompétent. Non sans nous avoir rendu au préalable des comptes !