Silence intrigant et inexpliqué d’Ameenah Gurib-Fakim

Affaire Alvaro Sobrinho

 

  • Y a-t-il d’autres preuves accablantes contre elle ?

Son refus initial de démissionner présageait qu’elle avait les cartes en main pour coincer des membres du gouvernement. Raison pour laquelle l’ancienne présidente de la République avait, de son plein gré et frôlant même une violation de la Constitution dont elle était garante, institué une commission d’enquête sur l’affaire Alvaro Sobrinho. Certes, pour des raisons jusqu’ici inconnues, Ameenah Gurib-Fakim avait décidé de jeter l’éponge dès samedi dernier. Mais au moment de l’annonce de cette décision par son homme de loi, Me Yousuf Mohamed, ce dernier avait laissé entendre qu’elle s’expliquerait après sa démission vendredi. Ce qui donnait une lueur d’espoir à la population. Celle-ci s’attendait légitimement à des révélations fracassantes qui auraient permis de déboucher sur une enquête en bonne et due forme et, éventuellement à des sanctions au sein du gouvernement. Or, l’ex-locataire du Réduit a fait volte-face de nouveau en milieu de semaine en annonçant qu’il n’y aura point de conférence de presse et encore moins d’affidavit. Au grand dam de la population !

Pire, le message qu’elle a posté sur sa page Facebook quelques minutes après que sa démission a pris effet à la mi-journée vendredi n’a fait que nous désorienter davantage. Le langage qu’elle y tient diffère totalement de celui qu’elle avait tenu le 7 mars dernier lors du lancement de son livre « Du Réduit à la State House ». Dans ce précédent discours, elle évoquait les motifs obscurs de certains qui voulaient se débarrasser d’elle. Qu’est-ce qui a pu changer entretemps pour qu’elle puisse faire l’impasse sur ce qu’elle prétendait être l’agenda caché de ses détracteurs ? Si elle a vraiment l’intérêt des Mauriciens à cœur, comme elle l’a confié dans son message vendredi, pourquoi ne déballe-t-elle pas tout ce qu’elle sait ? Pourquoi observer un silence intrigant alors que ses révélations auraient pu aider à lever une partie du voile sur cette sombre affaire ? Qui cherche-t-elle à protéger, quid à ne plus vouloir défendre son honneur comme elle s’y tenait tant au départ ?

Silence coupable

Selon une source à l’hôtel du gouvernement, la position adoptée par Ameenah Gurib-Fakim n’a rien d’intrigante. « Elle ne cherche qu’à se protéger puisqu’elle sait que le Premier ministre a d’autres preuves accablantes contre elle. D’ailleurs, le Premier ministre l’a révélé lui-même au cours d’un point de presse », nous explique-t-on. « L’ancienne présidente est parfaitement consciente qu’elle risquait de tout perdre si jamais le chef du gouvernement allait de l’avant avec sa décision de la destituer. D’où ce silence coupable. Sinon coyez-vous qu’elle serait restée silencieuse s’il n’y avait pas de vérité dans ce qu’a dit le Premier ministre ? », confie une autre source proche du MSM.

Cependant, Ameenah Gurib-Fakim ne pourra faire durer le suspense pendant longtemps puisqu’elle sera appelée à déposer devant la commission d’enquête instituée par le Premier ministre. « Ce sera une occasion en or pour elle de dire tout ce qu’elle sait sur l’affaire Alvaro Sobrinho en dévoilant les raisons qui l’ont poussée à instituer cette commission d’enquête », souligne certains hommes de loi avisés.

Affaire Alvaro Sobrinho

Enter l’ICAC

 Alors que l’opposition et la population s’attendaient à ce que le gouvernement institue une commission d’enquête sur l’affaire Alvaro Sobrinho, c’est à la commission anti-corruption que le Premier ministre a finalement décidé de référer l’affaire. Pravind Jugnauth disposerait-il d’informations qui l’auraient poussé à prendre cette décision alors que le no 2 du gouvernement ne l’entendait pas de cette oreille ? La réponse du Premier ministre en dit long. « Je ne peux pas avoir l’assurance qu’il n’y a pas eu de maldonne. La vérité doit primer. Je ne peux pas me porter garant pour tout le monde », a avoué Pravind Jugnauth lors de sa rencontre avec la presse vendredi. Un aveu qui sous-entend qu’il ne compte nullement endosser la responsabilité des membres de son gouvernement, qu’ils soient issus du MSM ou du ML. Il a ainsi invité tous ceux ayant des informations à ce sujet de déposer à l’ICAC. Reste à savoir si l’enquête aboutira…