Sanjeev Teeluckdharry : « Seki envie écouté kapave tendé ! »

Q : David Gaiqui libéré sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Etes-vous satisfait de cet aboutissement ?

R : Mission accomplie avec honneur et intégrité !

Q : Et quid du transfert des trois officiers de la CID de Curepipe vendredi ?

R : La police aurait dû initier une enquête immédiatement après la publication de la photo. Elle aurait dû ‘cordon the area and close the premises’, saisir le ‘diary book’ et interroger les policiers impliqués ‘under warning’ tout comme c’est le cas pour les citoyens lambda. Or, dans ce cas-ci, il n’y a eu ni arrestation ni charge provisoire pour ‘torture by police officers’.

Q : Il y a donc une justice de deux poids deux mesures ?

R : Il doit y avoir l’égalité devant la loi. Malheureusement, il n’y a eu même pas de suspension dans cette affaire de brutalités policières. Ce n’est pas de cette façon que les autorités doivent agir.

Q : Les cas de brutalités policières ne datent pas d’hier. Qu’est-ce qui explique votre soudaine prise de conscience ?

R : Le premier cas de brutalité policière avait été rapporté en 1976. La police pratique la religion de l’aveu. Elle torture les suspects afin d’extraire des confessions car celles-ci demeurent, dans le système actuel, les meilleures preuves que la police puisse avoir. Il est grand temps que la police adopte un système moderne et qu’elle mène les enquêtes d’une façon scientifique. D’où la création de la ‘Human Rights Association’ (HRA) par une équipe d’avocats professionnels ayant une grande expertise dans la ‘Constitutional Law’.

Q : Vous avez déclaré que vous auriez redressé le pays dans un mois si vous étiez l’Attorney General. Est-ce un message que vous avez adressé au Premier ministre ?

R : Je l’ai dit en tant qu’avocat. Il y a beaucoup de lois qui sont dépassées. Il faut absolument qu’il y ait des réformes. Je suis sûr que mon camarade Maneesh Gobin peut faire un bon travail puisque nous avons été à la même université et nous avons donc reçu la même formation.

Q : Avez-vous évoqué le sujet avec Maneesh Gobin ?

R : Je n’ai eu aucun contact avec lui. Par contre, Etienne Sinatambou m’avait appelé, par simple courtoisie, pour prendre des nouvelles. Je lui ai dit que nous étions pris dans un cyclone et que nous n’avions rien mangé et s’il pouvait nous envoyer deux paquets de biscuits et quatre bouteilles d’eau (rires).

Q : La position que vous avez adoptée ne vous met-elle pas  dans une position embarrassante au sein du gouvernement ?

R : J’ai prêté serment comme avocat et je respecte mes engagements vis-à-vis de mes clients. Il ne faut pas oublier que la section 2 de la Constitution garantit le respect des droits fondamentaux de tous les citoyens. La Constitution est suprême et elle doit primer sur toute autre considération, fût-elle politique ou autre.

Q : Mais en tant que député, ne devriez-vous pas soulever la question des droits de l’homme et de réformes au sein du gouvernement pour que les choses bougent dans la bonne direction ?

R : J’ai dit haut et fort, et publiquement, ce que j’avais à dire. Seki envie écouté kapave tendé !  Sanjeev Teeluckdharry joue, depuis vendredi, un rôle passif. Maintenant c’est la HRA qui prendra les devants pour donner un coup de main à la police afin qu’elle se modernise. Je tiens en passant à saluer la décision du DPP dans l’affaire Gaiqui. Je remercie aussi les avocats Dulloo, Mooneesamy, Rutnah, Mooneeapillay et Goodary. C’est une nouvelle génération d’avocats qui est prête à faire face à des problèmes de société.

Propos recueillis par Zahirah RADHA