Salim Mandary, un entrepreneur de taille

Escale à ‘Escale Du Nord’

Avec plus de 40 ans d’expérience, cet ébéniste de 59 ans est chef de son entreprise. Il est propriétaire de deux magasins de meubles et d’une usine qui sert aussi d’un atelier. Dans sa menuiserie, il emploie quelque 15 paires de bras. Aujourd’hui, il travaille à son aise, dans un grand atelier qui  lui appartient. La recette de son succès…

À l’heure actuelle, il dirige deux magasins, un à Ste-Croix et un second à la route des Pamplemousse, à Port-Louis et son atelier Escale du Nord, sis rue Diego Garcia, à Port-Louis, Salim se dit fier de son parcours jusqu’ici. Il a dû bosser dur pour en arriver là. Sa passion pour le travail de bois, il la nourrissait depuis qu’il avait 15 ans. « Mes parents n’avaient pas les moyens de m’envoyer au collège après le CPE. Cependant, je devais apprendre un métier », évoque Salim. Comme le voulait le destin, il apprend le métier de menuisier auprès des Currimjee pendant une dizaine d’années avant de s’envoler pour l’Arabie saoudite. Il travaillera dans un atelier de meubles pendant cinq ans où il sera chargé de la réparation des meubles en bois. Cette opportunité l’aidera à acquérir de l’expérience et l’équipera avec le savoir-faire du métier.

De retour à son pays natal, il loue un emplacement à la rue Diego Garcia dont il deviendra propriétaire quelques années plus tard. Il la nomme Escale Du Nord. C’est ici qu’il confectionnera ses œuvres en bois et ce jusqu’à présent. La chance lui sourit quand il reçoit un contrat pour fabriquer les meubles pour le magasin Mammouth. Ce contrat contribuera à la notoriété d’Escale Du Nord et permettra à Salim de réaliser ses propres créations : des armoires, des lits, des tables à repasser, des tables bureaux, des sofas, entre autres. Sa détermination et son professionnalisme, lui ouvriront d’autres portes.

Quand il a démarré cette entreprise, il n’avait que quelques employés. Mais ce n’est que dans les années 80-90 qu’il connaîtra un grand succès. Des commandes affluent. « C’était les meilleurs moments que j’ai connus dans ce métier », raconte-t-il avec joie. Sa production sera appelée à doubler. Il doit alors augmenter le nombre de manœuvres. Très vite, il se retrouve avec 50 ouvriers ! Ensemble ils ont travaillé à une fréquence quotidienne pour respecter les commandes. Quelques années plus tard, Salim ouvrira 8 magasins où il placera les œuvres fabriquées dans son usine. Néanmoins, il cédera à la compétition féroce et sera forcé de mettre la clé sous le paillasson. Un autre magasin verra le jour à Ste-Croix.

Autrefois on n’importait pas les meubles en bois, car on les fabriquait à Maurice. Le travail a chuté au moment où les meubles importés ont commencé à faire leur entrée sur le marché mauricien. Toutefois, le fondateur d’Escale du Nord dit ne pas regretter de s’être mis à son compte « J’ai bien profité de ces années en or et je ne le regrette pas ».

 

Incursion dans Escale du Nord

Véritable vitrine de créativité, l’Escale du Nord abrite le secret de son succès. Ici, tout le monde est à pied d’œuvre. L’usine opère sur deux étages. Chaque ouvrier est placé dans un département. « Au rez-de-chaussée, on s’occupe des matières premières. On mesure, on coupe et presse le bois… ». Au premier étage, on s’occupe du polissage, de la peinture des meubles, du vernissage et de l’assemblage. L’étape de vernissage terminée, les mobiliers sont mis à sécher pendant une nuit.  Ils sont ensuite descendus au bas, où se déroule la mise en place des serrures, des miroirs et du ‘plywood’. Parmi les bois qu’il utilise, on retrouve le Tekoma, le meranti, le pine et le MDF qui provient de Singapour. « Nous avons la certitude que le rapport qualité/prix de nos meubles constitue l’un des meilleurs sur le marché, puisque nous proposons des bois solides », dit fièrement le fondateur d’Escale du Nord.

Il avait débuté avec quelques outils à la main et a fini par s’acheter des équipements sophistiqués. De nos jours, le travail se fait plus facilement selon l’expert en meuble, car la technologie a mis à sa disposition des machines dernier cri. Parmi les machines, on retrouve des  ‘Bendsaw’, des ‘circulaires’, des raboteuses, et des machines à percer entre autres.

Les meubles d’Escale du Nord se vendent à un prix abordable. Le propriétaire nous explique comment il arrive à proposer des prix aussi bas. Salim est un grossiste qui fournit des compagnies et place ses meubles dans ses magasins. « Je vends mes produits à prix d’usine aux magasins qui m’envoient leurs commandes », déclare-t-il. D’ailleurs c’est ainsi qu’il a toujours travaillé. La table de repassage est vendue à Rs 1000, les placards et les armoires deux battants à partir de Rs 2000 l’unité. Ce bosseur a réussi à attirer quelques acheteurs à Rodrigues dont le magasin Makoojee.  Cet ébéniste est catégorique : les prix qu’il offre sont imbattables. C’est ainsi qu’il arrive à soutirer du profit même sur un marché aussi compétitif.

L’atelier est couvert des poussières de bois. Toutefois cela ne décourage pas pour autant les ouvriers qui semblent s’y être habitués. Pour que le travaille se fasse dans la discipline, les ouvriers ont leur leitmotiv : « Travay c’est travay ». Ils n’ont pas de temps à perdre. Pour le patron, le travail c’est sacré. Certains de ses employés, dont ‘Bhai Rafick’  comptent 30 ans d’expérience. Ils lui sont fidèles et ont été conquis par son expertise et sa façon de gérer son entreprise.

Se projetant dans l’avenir, Salim lance : « J’espère que les jeunes apprendront ce métier. Ils pourront en faire nourrir leurs familles tout comme je l’ai fait.  J’ai réussi à assurer l’avenir de mes cinq enfants ».