Salette Siao: “L’indépendance c’était hier”…..

Salette Siao, né il y a 65 ans sous le nom de Benjamine Tsang Man Kin nous raconte avec passion son vécu de l’indépendance 1968. Le 12 mars 1968 pour Salette fut marqué par des grands événements, tels que les bagarres raciales et même la naissance d’une île Maurice nouvelle. L’habitante de Floréal ne semble pas avoir perdu ses souvenirs, pour elle, “l’indépendance c’était hier..” nous raconte t-elle avec plein d’émotions. “ A cette époque j’avais 15 ou 16 ans. La venue de l’indépendance sonnait comme quelque chose de normal pour mieux, mais avant cette nouvelle, c’est l’instabilité qui régnait qui faisait peur.”

En effet, peu avant l’indépendance, le pays est confronté à divers conflits liés directement à la politique. Les bagarres raciales viennent marquer cette période décisive de Maurice sur le plan d’une nouvelle démocratie. Mais pour Salette, cette période n’était pas la même malgré la constante présence de la peur à chaque coin de rue, “les jeunes de mon âge, à l’époque, se concentraient le plus sur les examens de Cambridge. J’avais raté pas mal de classes et je ne voulais pas échouer. Je retiens encore quelques images de cette époque, où il y avait des gens armés de sabre…après les bagarres sanglantes, j’ai accompagné mes frères en voiture. Port-Louis était défigurée..scène remplie de tristesse, causé par la haine de son prochain alors que tout Mauricien est descendant d’immigrés venus chercher refuge dans cette île paradisiaque” nous raconte t-elle.

Courageuse comme elle l’a toujours été, cette dernière refuse de ne pas célébrer la fête du printemps avec ses amis. “ Les jeunes de cette époque, étaient très différents de ceux d’aujourd’hui. Je me souviens que moi et mes amies nous voulions à tout prix célébrer la fête du printemps, puisque nous ne pouvions sortir le soir, nous avions organisé une petite fête dans la matinée… j’ai bien dansé ce jour là (rires).”

Après ces événements, le grand jour arriva, nous sommes le 12 mars 1968. Salette Siao se souvient de ce jour comme-ci c’était hier. “Aujourd’hui, il y a le ‘live’, les réseaux sociaux, avant c’était different. Je me souviens que le soir venu, j’accourais pour voir la cérémonie à la télévision, en  noir et blanc, fan de télé que j’étais…après il y a eu cette peur, il fallait qu’on change de religion, qu’on apprenne l’Hindi. Mais cela ne me faisait pas peur car j’ai appris l’Hindi, je chante en Hindi, je parle le tamoul, enfin j’ai toujours aimé apprendre de nouvelles choses,” raconte t-elle.

Nos 50 ans d’indépendance sont remplis de souvenirs, parfois oubliés, parfois perdus. Mais grâce à ces visages emblématiques, ces hommes et ces femmes inoubliables nous pouvons encore revivre cette époque.