Salaire dérisoire des femmes cleaners: 9 mois plus tard, toujours rien

Régularisation du salaire des femmes cleaners des écoles primaires et secondaires par le GM

« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » Tel est le sentiment de plusieurs femmes cleaners travaillant dans des écoles primaires et secondaires. Voilà déjà neuf mois après l’annonce de Vishnu Lutchmeenaraidoo, alors ministre des Finances, lors d’une conférence de presse le 14 janvier dernier, à l’effet que le salaire des femmes cleaners passerait de Rs 1 500 à Rs 8 500. Des cadres du ministère de l’Education avaient aussi confirmé cette information tout dernièrement. Or, sur les 326 femmes cleaners concernées, environ 150 d’entre elles attendent toujours que leurs cas soit régularisés, mais elles ne voient rien venir.

Ashley Jacques

Mariolenda Begue, qui compte plus de quinze années d’expérience comme cleaner dans une école primaire du gouvernement à Beau-Bassin, ne sait plus à quel saint se vouer. Son job consiste à nettoyer les salles de classes, entretenir les infrastructures et la cour de l’école, entre autres. Mariolenda Begue, comme les autres femmes cleaners travaillent du lundi au vendredi, de 7 h 30 à 17 h et les samedis de 7 h 30 à 11 h 15. « Malgré le fait que j’ai 15 ans de service, je n’obtiens ni sick leave ni local leave. Si je tombe malade et que je prends un jour de congé, ma paye est déduite », s’insurge cette mère de famille.

Cette dernière affirme aussi que son employeur n’a jamais contribué au National Pension Fund. Si elle perd son emploi, elle n’aura rien en termes de compensation. Mariolenda Begue déplore aussi que les autorités avaient promis de les recruter au rang de ‘general workers’, or ce n’est toujours pas le cas.

Même son de cloche pour Surekha, qui compte pour sa part cinq années de service comme cleaner. Cette dernière a vu sa vie basculer du jour au lendemain. « Hier, j’ai reçu un appel téléphonique de mon chef. Il m’a informé que la compagnie me licencie. Je n’ai d’autre choix que de partir, mais il est navrant que je n’obtiens aucune compensation », déplore Surekha, les larmes aux yeux.

Reaz Chuttoo : « Le dernier appel qu’on lance au gouvernement » 

Les femmes cleaners sont employées par des compagnies de nettoyage et placées dans des institutions scolaires, primaires comme secondaires, réclament un salaire décent depuis belle lurette. Leurs demandes étant toujours en attente depuis janvier, elles ont tenu une manifestation devant l’Assemblée nationale, jeudi. Leur représentant syndical, Reaz Chuttoo, de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), les a soutenues dans cette démarche.

Ce dernier déplore le manque de communication entre les autorités et les femmes cleaners. Pour lui, c’est inacceptable qu’une personne puisse recevoir un salaire de Rs 1500 mensuellement. Au total, elles sont 629 femmes cleaners à toucher cette somme.

Cette manifestation était le dernier appel qu’a lancé Reaz Chuttoo au ministère de l’Education, pour revoir leur salaire. Une autre manifestation est prévue à Rose-Hill la semaine prochaine. Si rien n’est fait, les femmes cleaners menacent d’entamer une grève de faim.