Roomawotee, 67 ans, privée d’une pension d’invalidité

Atteinte d’un cancer en phase terminale

Roomawotee Burosee et sa petite famille se retrouvent dans une situation compliquée depuis que la pension d’invalidité de la matriarche a été suspendue en octobre dernier.  La sexagénaire est atteinte depuis un an d’un cancer cervical et s’est fracturé le bassin lors d’une chute alors qu’elle était chez elle. Le temps passe mais sa condition ne connait guerre d’amélioration. 

Marwan Dawood

Assise sur le bord de son lit, Roomawotee Burosee, peine à faire le moindre mouvement et se tord de douleur.  Le visage pâle, les mains tremblantes, la femme de 67 ans nous fixe du regard ne sachant pas la raison de notre visite chez elle.  Son fils Rakesh Chummunsing, pompiste de son état nous rejoint rapidement dans la chambre de sa mère et explique à cette dernière la raison de notre présence à son domicile.  Roomawotee se met alors à nous faire part de son problème. « Dépi mone malade mone ale l’hôpital pou mo bane traitements. Docteur dire moi mo bizin gagne ene pension parce qui kan ou gagne cancer ou bizin boku médecine ek depense lor voyage ale lopital alé vini », dit la sexagénaire.

Cette dernière fait le compte.  « Kan mo bizin ale l’hopital candos ene loto prend moi Rs 500 alé Rs 500 vini. Li faire ou Rs 1 000 sak fois mo ale lopital mo vini. Mone bizin allé pendant 6 semaines, ou capave dire moi comié line faire », raconte Roomawotee.  Cependant, outre son état de santé, la dame doit aujourd’hui faire face à une situation économique difficile.  L’argent qu’elle dépense en pharmacie pour l’achat des vitamines, calmants, entres autres dépasse largement les Rs 5 000 qu’elle reçoit de l’état chaque mois pour sa pension de vieillesse.  De plus elle doit payer une personne pour s’occuper d’elle.  «Mon fils travail, ma bru et ma fille aussi doivent travailler pour subvenir aux besoins de la famille.  Nous n’arrivons pas à joindre les deux bouts avec cette situation », explique Roomawotee.

Pourtant y a quelques mois de cela tout allait correctement pour cette petite famille habitant à Riche-Terre, en face de l’hypermarché Jumbo.  Une lettre reçue de la part du ministère de la Sécurité sociale en date du 11 octobre bousculera le quotidien de la petite famille.  «Dans la lettre on nous a informésque dorénavant ma mère n’est plus éligible pour obtenir la pension d’invalidité soit une somme de Rs 3 000 qu’elle recevait du gouvernement pour pouvoir subvenir à ses besoins en médicaments et autres », explique Rakesh.

Cette lettre est source d’incompréhension chez Rakesh où habite Roomawotee d’autant plus que le médecin traitant de la patiente avait certifié l’état de santé de la sexagénaire.  «Son docteur nous a parlé. Ma mère ne souffre non seulement d’un cancer, elle s’est également fracturé le bassin en faisant une chute l’année dernière.  Elle bouge difficilement et ne peut se déplacer sans aide sur une longue distance », poursuit son fils.

Malgré les difficultés, Roomawotee ne désespère pas et garde le sourire. «Docteur ine dire moi tant mo pé allé mo pé allé.  Mone demande mo docteur et line donne-moi ene papier pou certifier ki mo l’état été », dit-elle.  Son fils lui dit ne pas comprendre comment le board qui a siégé en octobre pour prendre cette décision a pu conclure que sa mère était «non-éligible » à une pension d’invalidité.  «Etre patiente d’un cancer en phase terminale et souffrir d’une fracture ne suffisent-ils pas pour obtenir de l’aide ? » se demande Rakesh.

Cependant le cas de Roomawotee n’est que l’arbre qui cache la forêt.  Comme elle, plusieurs personnes ont vu leurs pensions supprimées pour une raison ou une autre.  Sollicité pour des explications concernant ces critères, ni le ministère de la Santé ni celui de la Sécurité sociale n’a pu nous donner une réponse.