Rizwan Chumro: Le physiothérapeute qui veut régulariser la profession

Rizwan Chumroo est un physiothérapeute hors pair. Et ce n’est certainement pas ses patients qui diront le contraire. Fondateur de l’‘Association of Physiotherapist’, le jeune homme milite sans relâche pour la création d’un organisme régulateur pour la profession. Et il ne s’endormira point sur ses lauriers tant que ce projet n’aboutisse pas.  

Zahirah RADHA

 

Le travail de Rizwan Chumroo l’emmène, quotidiennement, dans les coins et recoins du pays. « La plupart de mes clients sont de vieilles personnes qui ont eu des attaques cérébrales ou qui ont subi des interventions chirurgicales au niveau de la vertèbre. Ils ont donc des problèmes de mobilité. C’est pour cette raison que j’ai décidé de faire des consultations à domicile », avoue-t-il. Ce qui explique ses fréquents déplacements à travers Maurice. Pas trop stressant, ces nombreux trajets quotidiens ? « Non. Pas si vous aimez le métier et que vous êtes convaincu du bien-fondé de vos démarches »,  répond-il avec un sourire. Et de poursuivre : « C’est un bonheur inexplicable que de voir une personne alitée pouvant enfin se lever et se déplacer sans aucun support ».

Le rôle d’un physiothérapeute, dit Rizwan d’emblée, est d’évaluer, traiter et rééduquer des personnes ayant subi des fractures ou qui ont des handicaps physiques, entre autres, afin qu’ils puissent éventuellement se déplacer. Mais trop souvent, déclare-t-il, les gens confondent entre la physiothérapie et les massages corporels. « La physiothérapie est toujours incomprise à Maurice. On fait souvent appel à des masseurs pour soi-disant frotter les patients. Or, ces pseudo-masseurs peuvent, des fois, aggraver le cas des patients car ils ne comprennent rien à leur pathologie. Malheureusement, cette culture de « frotter » est encore bien présente chez nous. On a beaucoup à faire avant de pouvoir changer le ‘mindset’ des Mauriciens », précise Rizwan.

 

Métier d’avenir

Le jeune homme note, par ailleurs, qu’il y a un manque aigu de physiothérapeutes à Maurice. « On n’a que 0.76 physiothérapeutes pour 10 000 habitants alors qu’en Angleterre, on a 15 physiothérapeutes pour ce même nombre d’habitants », souligne-t-il. Actuellement, il y a moins d’une centaine de ces professionnels qui exercent au pays. La profession a récemment accueilli 80 autres physiothérapeutes. Toutefois, ces derniers chôment en attendant d’être embauchés par le gouvernement. Une situation que Rizwan dit ne pas comprendre. « Ces jeunes ne veulent pas exercer dans le privé, car ils ont peur de prendre des risques. C’est dommage parce que la physiothérapie est un métier d’avenir et ils peuvent bien gagner leur vie s’ils arrivent à vaincre leur frayeur. Moi-même, au début de ma carrière, je prenais le bus pour me rendre chez mes patients. Il fallait bien le faire, sinon je risquais de rester chômeur. C’est une décision que je ne regrette pas aujourd’hui », fait-il ressortir.

Rizwan, qui travaille en étroite collaboration avec le ministère de la Sécurité sociale et des ONG, déplore l’absence d’un organisme régulateur pour régir la profession. « Un ‘task force’ avait été mis sur pied depuis 2011 afin de régler ce problème. Je siégeais d’ailleurs sur ce comité, mais rien n’a encore été fait jusqu’ici. On nous a dit que le gouvernement viendra de l’avant avec un projet de loi en ce sens à la prochaine rentrée parlementaire. On attend de voir »,  soutient-il. Un tel organisme, poursuit-il, aiderait grandement à la promotion de la profession. Entretemps, il a créé l’‘Association of Physiotherapist’, qui est affiliée à la ‘World Confederation of Physiotherapist’, afin de regrouper ses confrères.

 

Le coup de cœur de Rizwan

Depuis sa tendre enfance, Rizwan nourrissait l’espoir de devenir médecin. Mais après ses études secondaires au collège St. Andrews, en 2004, il se rend finalement à l’évidence : sa famille n’a pas les moyens pour financer ses études en médecine, d’autant que celles-ci ne sont pas disponibles à Maurice. Son père était, en fait, un éleveur de vaches et sa mère, femme au foyer.

Le jeune homme voit donc ses rêves s’envoler en fumée. Mais il ne se laisse pas décourager et étudie les autres possibilités qui s’offrent à lui. C’est ainsi qu’il apprendra, à travers une amie, le lancement d’un nouveau cours, la physiothérapie, à l’Université de Maurice. Il postule et se voit, peu après, parmi les premiers aspirants physiothérapeutes de l’UoM, où il donne, aujourd’hui, des cours à temps partiel.

« J’ai eu la chance inouïe d’avoir comme ‘lecturer’ M. Jean Félix. Il était directeur dans une école de physiothérapie en Suisse pendant de longues années. C’est après sa retraite qu’il a commencé à donner des cours à l’UoM.  Il était mon inspiration. C’est grâce à lui que j’ai vraiment eu un coup de cœur pour ce métier », affirme Rizwan.

Rizwan habite à Providence, Quartier Militaire. Il est marié à Nizla Mohamedhossen et a deux filles, Zeniha et Zerina.

 

Comment devient-on physiothérapeute ?

Aux jeunes collégiens qui veulent se lancer dans la physiothérapie, Rizwan Chumroo donne les conseils suivants :

  • Matières à opter en HSC :
  • Il faut choisir le « science side» avec les mathématiques, la chimie, la physics et/ ou la biologie comme sujets principaux.
  • Il faut obtenir de bons résultats aux examens du HSC.

 

  • Etapes à suivre
  • Choisir une université reconnue au niveau international.
  • Vu qu’il n’y a pas encore un conseil qui régit la profession, vous pouvez commencer à exercer une fois votre diplôme en poche.

 

  • Qualités requises
  • La compassion
  • L’empathie
  • La patience