Ça y est, 2020 tire à sa fin. Une année noire à qui on dira adieu sans trop de regrets. Il y a eu tout d’abord l’impact de la pandémie de covid-19 qui a fait 10 morts à Maurice, et le marasme économique qui a suivi. L’autre épisode marquant a été sans conteste le naufrage du Wakashio, sans compter le nombre de scandales impliquant le gouvernement de Pravind Jugnauth alors que son deuxième mandat ne faisait que débuter : il y a eu l’affaire St. Louis, l’achat des fournitures médicales sans passer pas les appels d’offres, l’affaire Angus Road, et la mort suspecte de Soopramanien Kistne, une affaire qui peut avoir des ramifications jusqu’au sommet de l’État. Naturellement, comme toute année, bonne ou mauvaise, 2020 charrie aussi son lot d’accidents de la route et de crimes atroces. En cette fin d’année pour notre dernière édition, Sunday Times vous propose une rétrospective de l’année 2020.

 

Janvier

Deux morts dans un accident en ce premier jour de l’an

L’année 2020 débute plutôt mal. En effet, le 1er janvier, un accident de la route, impliquant 5 jeunes à bord d’une voiture a eu lieu à The Vale. Deux des jeunes meurent sur le coup.

Un fait divers qui va retenir l’attention des Mauriciens est le meurtre de Devianee Bheekun, une quadragénaire  qui sera retrouvée morte au pied d’une falaise à Rivière-des-Anguilles ce 4 janvier. Un dénommé Azaghen Vydelingum sera arrêté peu après et écroué pour meurtre.

Premières voyages gratuites à bord du Metro Express en ce début de janvier. Le service va toutefois devenir payant le 10 janvier.  Le 18 janvier, le MMM boude le discours-programme qui devait être lu par le Président de la République au sein de l’hémicycle. Le 20 janvier, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a eu une rencontre avec son homologue britannique Boris Johnson, sur les Chagos, lors de l’UK-Africa Investment Summit.

Le coronavirus, qui sévissait à Wuhan en Chine, retient l’attention du monde entier. Le 23 janvier, le pays apprenait avec une certaine trépidation que trois passagers chinois ont été placés en quarantaine à l’hôpital de Souillac. Le 26, un de ces passagers devait s’évader de la Mediclinic de Goodlands, mais sera rattrapé peu après. Plus de peur que de mal. Pendant ce temps, une vingtaine d’étudiants mauriciens sont toujours bloqués à Wuhan.

Le 31 janvier, un premier accident impliquant le Metro Express a lieu : en effet, une rame devait heurter une voiture à la rue Vandermeersch à  Rose-Hill.

 

 

 

Février

Maurice sur la liste grise de l’Union Européene

Le 21 février, la ‘Financial Action Task Force’ (FATF) de l’Union européenne devait placer notre île sur sa ‘liste grise’, un véritable coup de massue pour tout notre secteur financier. Nous nous retrouvons ainsi avec des pays tels que le Pakistan et le Ghana.

Les raisons avancées par la FATF : le blanchiment d’argent et le financement d’actes terroristes. Une action qui aura des conséquences néfastes sur le long terme. Mais la FATF devait laisser une voie de sortie : Maurice avait ainsi jusqu’en septembre pour se rattraper, et se retrouver ainsi sur la liste blanche, en suivant les consignes émises par la FATF.

Mars

Le pays passe au confinement dû au Coronavirus

Trois mois après les élections, les parlementaires font leur entrée dans l’hémicycle, mais dès le début, le speaker, Sooroojdev Phokeer, va se révéler pire que son prédécesseur, Maya Hanoomanjee, selon les dires de Paul Bérenger. Il se verra vite décerner le sobriquet de ‘Loudspeaker’, de par son style tonitruant, ou encore ‘Goalkeeper’, de par sa manie d’expulser les membres de l’Opposition ou de protéger les membres du gouvernement.

Dans la soirée du mercredi 18 mars, les premiers cas de covid-19 dans le pays devaient être annoncés par le Premier ministre. Stupeur dans le pays. Décision devait être prise de fermer nos frontières ce jeudi 19 mars, trop tardivement selon certains. Débute alors un long cauchemar pour les Mauriciens bloqués à l’étranger. Le lendemain, les institutions éducatives sont fermées. Maurice passe en confinement total à partir du vendredi 20 mars à six heures du matin, et seuls les services essentiels continuent de fonctionner.

Le pays a été bouleversé par la triste nouvelle du meurtre d’une fillette de 10 ans, qui avait été tuée par sa mère, Pallavi Khedoo, et son concubin, Deven Chiniah, cela parce qu’elle refusait d’avaler de la nourriture.

 

Avril

Le premier cas local de Covid-19 positif

Le début du mois d’avril avait été dominé par un autre crime atroce, celui de la petite Farida. Les circonstances dans lesquelles elle a été tuée et comment sa mère et le concubin de celle-ci avaient essayé de dissimuler le corps font froid dans le dos.

Toujours en confinement, avec des strictes mesures mises en place, les Mauriciens ont été autorisés d’aller faire leurs achats, mais tout en respectant les règles sanitaires. Un certain cafouillage, et le ‘panic buying’, étaient toutefois bel et bien présents.

Le 26 avril, le pays devait enregistrer le premier cas local de covid-19.

 

Mai

Confinement étendu

Le vendredi 1er mai, le Premier ministre devait annoncer que le confinement a été étendu jusqu’au 1er juin. Les dates des examens du SC, du HSC et du PSAC ont été repoussées pour l’année prochaine, un véritable chamboulement dans le monde scolaire.

 

À partir du lundi 11 mai, tous les officiers du secteur public ont repris le chemin du travail. Une reprise en plusieurs phases. Ce n’est que le mardi 2 juin que toute la fonction publique était en poste.

 

Juin

Premier budget de Renganaden Padayachy

Le 6 juin a vu le premier budget du ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Le pays s’attendait à des grands axes prioritaires pour que le pays puisse redémarrer sur des bases solides sur le plan économique. Mais la population va rester sur sa faim.

Deux jours après, c’est à travers un communiqué de la Banque africaine de Développement (BAD), que le scandale de la centrale St. Louis va éclater au grand jour, une fraude tournant autour de Rs 700 millions, en pots-de-vin à des cadres du CEB et à des politiciens mauriciens

Le 25 juin, le vice Premier ministre Ivan Collendavelloo est révoqué par le Premier ministre, pour son implication apparente dans ce scandale.

Un scandale qui suit un autre : celui d’Hyperpharm. Des médicaments qui ne sont pas aux normes ont été livrés par la compagnie Hyperpharm à des hôpitaux par le biais de la procédure connue comme ‘Emergency Procurement’, qui permet de contourner les appels d’offres.

 

Juillet

Echouage du Wakashio

Manif du ‘Kolektif Konversasyon Solider’ ce 11 juillet à Port-Louis, après que la covid-19 Act’ et de la ‘Quarantine Act’ eurent été votées au Parlement. Aussi, en ligne de mire des manifestants : certaines mesures budgétaires. Il faut dire que cette manifestation avait réuni une foule considérable : des milliers de citoyens, tous âges confondus, avaient répondu présents à l’appel du ‘Kolektif’.

Le 25 juillet, le pays apprendra l’échouement du Wakashio, un nom qui restera gravé dans la mémoire collective des Mauriciens, sur les récifs de Pointe d’Esny. Agitation du côté des pêcheurs et des ONG : du fioul suinterait de la coque du navire, avec des photos circulées sur les réseaux sociaux. ‘Fake images’, répond le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano, qui reste confortablement perché dans sa tour d’ivoire.

 

Août

Marée noire dans les rues de la Capitale

Le 6 août 2020 : un jour noir pour le pays, au littéral comme au figuré. Ce que l’on craignait le plus est arrivé : des tonnes d’huile se déversent sur le littoral sud-est de notre ile paradisiaque. Les images des dauphins morts, les plages recouvertes d’huile et une nappe noire autour du Wakashio, autant d’images qui ont brisé le cœur des Mauriciens.

150 000 : c’est le nombre estimé de personnes qui sont descendues dans les rues de Port-Louis ce 29 août, à l’invitation de l’activiste social Bruneau Laurette. Une marche pacifique qui restera dans les annales du pays. En effet, de tous les coins de l’ile, les Mauriciens avaient répondu présents pour exprimer leur ras-le-bol face au népotisme et à l’incompétence du gouvernement. Les images de ce rassemblement allaient faire le tour du monde, couvert par la presse internationale, et faire écho auprès de la diaspora mauricienne à l’étranger : les expatriés mauriciens vont aussi manifester dans les capitales de plusieurs pays européens.

Mais août n’en a pas fini avec son lot de drames : le lundi 31 août, le remorqueur Sir Gaëtan fait naufrage au large de Poudre D’Or. Bilan : trois marins morts, tandis que le capitaine, Moswadeck Bheenick, disparait en mer. Les doigts se pointent vers la Mauritius Ports Authority (MPA).

 

Septembre

Angus Road dévoilé

Le leader du Reform Party, Roshi Bhadain, fait éclater au grand jour le scandale Angus Road, impliquant le Premier ministre lui-même, Pravind Jugnauth, dans des transactions immobilières douteuses. Le PM se mure dans le silence.

Une autre manifestation, toujours à l’invitation de l’activiste social Bruneau Laurette, a cette fois-ci lieu à Mahébourg : encore une fois, une marée humaine répond présente pour dénoncer les gabegies du gouvernement actuel.

Alors qu’on avait été mis sur la liste grise de l’Union européenne depuis février, le pays devait se retrouver sur la liste noire. « Sap dan caray, tom dan difé », selon une expression bien de chez nous.

 

Octobre

Mort mystérieuse de Kistnen

Le 4 octobre avait marqué la reprise partielle des vols commerciaux, et un premier vol, EK 703, était en provenance de Dubaï, avec à son bord 283 passagers.

 

Le corps de l’activiste MSM, Soopramanien Kistnen avait été retrouvé partiellement carbonisé le 18 octobre dans un champ de cannes à Telfair, près de Moka. À cette époque, la police devait privilégier la thèse de suicide. Le Nomination Day pour les élections villageoises s’était tenu ce 31 octobre.

Novembre

Elections villageoises

La mort du petit Ayaan Ramdoo, deux ans, battu à mort par son beau-père, un toxicomane, provoque un profond émoi dans le pays. Au début, le présumé meurtrier et la mère de l’enfant auraient tenté de maquiller cet homicide en mort naturelle. Une doctoresse retenue par eux, Nesha Soobhug, devait avoir accès au corps du petit à la morgue de l’hôpital, sous la garde d’un policer, et devait certifier qu’il s’agissait là d’une mort naturelle, mais d’autres membres de la famille ne vont pas entendre cela de la même oreille. Une contre-expertise devait établir que l’enfant est bien mort sous les sévices infligés par son beau-père.

Ce mois de novembre avait aussi été marqué par les élections villageoises, qui avaient eu lieu le 22 novembre, cela après 8 ans. L’ingérence du gouvernement dans ces élections est très palpable.

La mort atroce de Dimple Raghoo, une policière de l’ADSU de 38 ans, ce 24 novembre à Grand-Port, devait faire la une des journaux. Cette dernière devait perdre la vie, entrainée sur plusieurs mètres par une voiture de présumés trafiquants de drogue qui prenaient la fuite, lors d’une opération de livraison de l’unité antidrogue qui aurait mal tourné. Dans cette enquête, 5 hommes ont été arrêtés, et un laboratoire de drogue synthétique mis à jour.

 

Décembre

Enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen

La mort de Soopramanien Kistnen (décédé en octobre, mort classée comme un banal suicide par la police) prend une autre tournure début décembre, et devient un véritable feuilleton pour tous les Mauriciens. Il y a tout d’abord eu une enquête judiciaire instituée par le DPP, les dénonciations de Simla Kistnen, la veuve du défunt, et la mise sur pied de l’équipe des ‘Avengers’, des ténors du barreau (dont Rama Valayden, Sanjeev Teeluckhdharry et Roshi Bhadain) pour épauler la veuve.

Puis, de rebondissement en rebondissement, il y a eu l’implication du ministre Yogida Sawmynaden, la preuve que Soopramanien Kistnen n’a pu se suicider, des caméras CCTV non opérationnelles à La Louise (le dernier endroit où Kistnen avait été localisé), des relevés téléphoniques où le portable du PM lui-même est mentionné, des traces de sang découvertes dans une mystérieuse voiture rouge…

Jusqu’où cette affaire s’arrêtera-t-elle ? Le dernier rebondissement en date : une ‘private prosecution’ logée contre le ministre Sawmynaden, pour avoir fait passer Simla Kistnen, la veuve de Soopramanien Kistnen, comme son ‘Constituency Clerk’, alors que c’est lui qui empochait le salaire mensuel de Rs 15 000. Jeu de devinettes : quelles peuvent bien être les résolutions prises par le ministre Sawmynaden pour l’année 2021 ?