Retour de la manivelle

Il y a des signes qui ne trompent pas. Quand le gouvernement utilise ses pouvoirs pour restreindre la liberté d’expression de la population, en lui imposant des sanctions sévères en cas de publications jugées offensantes, c’est une indication claire et nette que la dictature s’installe. C’est le début d’une dérive totalitaire où des moyens répressifs sont utilisés pour s’assurer que les princes et princesses du jour ne soient pas critiqués. Le hasard aura justement voulu que ces amendements interviennent peu après la circulation d’une photo de l’épouse du Premier ministre en compagnie de Sherry Singh sur les réseaux sociaux. L’ironie veut que ces mêmes personnes qui s’élèvent aujourd’hui contre de telles pratiques soient celles qui prenaient un malin plaisir à dénigrer ses adversaires, dont le Premier ministre d’alors, en utilisant la même plateforme et ce, au nom de la liberté d’expression. Apparemment, cela blesse, non, saigne, quand l’arme se retourne contre eux !

D’ailleurs, n’est-ce pas surprenant que le gouvernement n’est pas encore venu de l’avant avec une « Freedom of Information Act », tel que promis, presque quatre ans après avoir pris les rênes du pouvoir ? Malgré la rétention d’informations vitales par les organismes publics et paraétatiques, la presse, du moins celle qui a su conserver son indépendance, a pu quand même mis au jour des scandales, et non des moindres, commis sous ce gouvernement. Imaginez donc le nombre de squelettes qu’elle aurait pu relever si elle n’était pas privée d’informations clés. Doit-on alors s’étonner que cette loi tant convoitée par les médias indépendants ne demeure qu’un leurre ? D’autant que l’actuel régime n’a de cesse démontré une attitude revancharde envers la presse quand il perd du terrain. La police est d’ailleurs utilisée à tout bout de champ contre cette même presse. Question de bien montrer « kisanla ki mari ».

Il n’y a aucun doute. Ces amendements seront d’une grande aide à calmer les ardeurs des citoyens mécontents en temps de période d’élections. Car le gouvernement sait pertinemment bien que les publications sur les réseaux sociaux peuvent lui être fatales. D’où l’urgence de s’attaquer à ce problème le plus vite possible. Car les échéances électorales s’approchent à grands pas…