Retardé par une entorse de la cheville gauche en début d’année, Usain Bolt intensifie ses entraînements, à Kingston. Dans moins de cinq mois, le recordman du monde du 100 met du 200 m visera un nouveau triplé olympique.

Usain Bolt, à la poursuite du temps perdu

En cette fin d’après-midi de mars, le soleil se couche vite derrière les « Montagnes bleues » et leurs plants de café parmi les plus célèbres du monde. Au pied du massif Jamaïquain, sur la piste de l’université des West Indies de Kingston, le géant Usain Bolt, plongé soudainement dans l’ombre, doit mettre un terme à son entraînement. Une séance légère de cinq 100 mètres soutenus, plus pour dérouiller ses grands compas et faire plaisir aux visiteurs du jour, son équipementier Puma et des journalistes venus des quatre coins de la planète, que pour s’étalonner.

En l’absence du coach Glen Mills, retenu au stade National par les finales de 100 m des Championnats scolaires Boys and Girls, dont il est le directeur technique, c’est le kiné, Eddy, qui fait office de starter et tient le chrono en bout de ligne droite. Et c’est le nouveau prodige du Racers Track Club, Michael O’Hara (19 ans), aussi doué sur 200 m et 400 m que sur 110 m haies, qui joue les utilités dans le rôle ingrat du sparring-partner. En prenant grand soin de ne jamais dépasser le maître.

Tandis qu’il remonte la piste bleue de sa démarche nonchalante en direction de la ligne de départ, le dos cambré et les poings sur les hanches, on demande à Bolt s’il trouvera le temps de passer voir la nouvelle génération aux Boys and Girls. «Non, malheureusement, pas le temps, le business toujours…» rétorque-t-il. Un business qui a pris du retard sur la piste et en dehors, en cette année cruciale du probable dernier grand défi olympique de sa carrière, puisqu’il visera à Rio (JO du 5 au 21 août), l’été de ses trente ans, un troisième triplé 100 m-200 m-4 ?— 100 m. Un exploit qui le propulserait dans une dimension inconnue qu’on sera bien en peine de nommer tant on a déjà fait le tour des…