Reejuan Mohammad Ramdany, technicien de laboratoire : Il sort victorieux du creuset de la vie

 

Nous avons dressons cette semaine-ci le portrait de Reejuan Mohammad Ramdany, un technicien de laboratoire. Depuis peu, il a pu fonder son propre laboratoire, Meditrust Medical Laboratories, à Phoenix. Ce qui caractérise cet établissement, c’est que Reejuan Mohammad Ramdany offre des prises de sang à domicile pour les personnes âgées ou invalides, leur épargnant les frais d’un taxi et leur remettre les résultats toujours à domicile. Comme il nous le fait découvrir, les laborantins et techniciens de laboratoire ont plutôt des opportunités réduites à Maurice et malgré des qualifications impressionnantes, beaucoup doivent accepter de travailler pour un maigre salaire, parfois dans des conditions difficiles.

Venant d’un milieu modeste, Reejuan, 34 ans, un habitant de Terre-Rouge, a tracé son parcours avec beaucoup de discipline et de persévérance. Il faut dire que le courage et la détermination sont les qualités principales  de Reejuan. Car en effet, plusieurs qualités sont requises d’un technicien de laboratoire, qui fait un métier somme toute ardu et difficile.

Le technicien de laboratoire est un maillon indispensable dans le processus de diagnostic médical. Il fournit un rapport d’analyse pour que le médecin puisse prodiguer le traitement approprié à un patient, et les erreurs ne lui sont pas permises.

Reejuan revient sur son parcours. « Mon rêve d’enfance était de devenir pompier. Mais quand j’étais collège, j’ai constaté que la biologie est une matière vraiment fascinante. On découvrait de nouvelles choses à chaque tournant. Cela fait maintenant 12 ans que je suis dans ce domaine. Maîtriser la biologie est vraiment difficile mais ô combien passionnant », explique le technicien de laboratoire.

En 2007, après ses études secondaires à City College, notre interlocuteur met le cap pour l’Angleterre, plus précisément à l’Université de Manchester. Il entame des études en ‘Biomedical Science’. Après avoir décroché son diplôme avec distinction en 2010, il travailla à l’hôpital London Bridge pendant au moins cinq ans. Il s’envole ensuite pour l’Inde, pour des études en ‘Biology and Chemistry’. Là aussi, ses études seront couronnées de succès.

À son retour au pays, il va frapper à toutes les portes, mais ne parvient pas à obtenir un emploi, malgré ses diplômes. On l’informait qu’il était « over qualified » par rapport aux systèmes existants et il se faisait rejeter de toutes parts. Mis au pied du mur, notre interlocuteur a dû se tourner vers une clinique privée du pays, où ses salaires s’élevaient à Rs 7 500 mensuellement.

Il va connaître un calvaire dans l’entreprise de son ami

Mais la chance va lui sourire… du moins il le croyait. Il atterrit finalement dans l’entreprise de l’un de ses amis, à Quatre-Bornes. Croyant naïvement que tout va se dérouler à merveille, Reejuan met toutes ses connaissances acquises au profit de cette entreprise, et se dévoue corps et âme pour son succès. Grâce à ses efforts, le nombre de patients analysés par ce laboratoire grandit considérablement : en un an, il passe d’environ 6 000 à 15 000 patients.  Reejuan se donne à fond : il travaille même le dimanche ou les jours fériés sans rechigner.

Son ami, le directeur du laboratoire, a ainsi commencé à engranger plus d’argent grâce aux efforts de ses employés, en particulier grâce à ceux de Reejuan. L’appétit vient en mangeant, et l’ami de Reejuan voulait toujours plus. Il mettait toujours la pression sur ses employés pour qu’ils travaillaient plus. Qui plus est, il n’augmente pas le salaire de ses employés par une seule roupie, alors qu’il leur avait promis une augmentation tous les 6 mois.

Durant l’année dernière, le propriétaire du laboratoire est descendu d’un cran dans la méchanceté : il ne paye plus les heures supplémentaires, mais personne ne bronche.

« Je me souviens une fois que j’étais complètement trempé à cause de fortes pluies, il m’avait obligé à rester pour travailler », se rappelle Reejuan. Comme il fallait s’y attendre, il n’a pas versé le salaire à temps pendant la période de covid-19. Mais dès qu’il a voulu rouvrir ses portes vers le 15 juillet, selon Reejuan, il a envoyé un message aux employés leur intimant qu’ils devaient aller nettoyer les locaux. Reejuan refuse : il n’est pas un  garçon de salle pour accepter de se plier à cette exigence dégradante. En pleine période de Ramadan et de l’Itekaf (les dix derniers jours du Ramadan), il voulait forcer Reejuan à venir travailler…

Il a pu voir le vrai visage de son ami : quelqu’un qui ne se souciait que de l’argent. C’est alors qu’il décide de créer son propre laboratoire médical. Mais les souvenirs de ce qu’il a enduré au sein de cette compagnie ne cessent de hanter Reejuan.

« J’avais pris ma décision. J’ai demandé et obtenu un emprunt et j’ai créé mon propre laboratoire », nous explique-t-il. Mais cela n’aurait pas été possible sans le soutien de ses parents, de son frère, de sa sœur, de sa fiancée Nawsheen Lotun, et surtout du Dr S. Rughooputh, envers qui il reste toujours reconnaissant. « Depuis toujours, à chaque moment difficile, mes parents ont été à mes côtés. Ils me soutiennent toujours moralement et financièrement. Ils sont toujours là pour moi », témoigne-t-il.

Ainsi, Reejuan a pu mettre sur pied son propre laboratoire à Phoenix, Meditrust Medical Laboratories. Ce laboratoire offre plusieurs tests médicaux en hématologie, en biochimie, en bactériologie, en endocrinologie, en marqueurs tumoraux, entre autres.

Son père lui dit toujours : « Consacre-toi à l’éducation, c’est ce qui te fera arriver dans la vie ». Ces mots sont toujours restés gravés dans la tête de Reejuan, et cela depuis qu’il était à l’école primaire.

Hors-texte

Des prises de sang à domicile

Meditrust Medical Laboratories effectue des prises de sang à domicile pour les personnes vulnérables, ou celles qui ne sont pas en mesure de se payer les frais d’un taxi pour se rendre au laboratoire. Les résultats sont ensuite remis en mains propres toujours à domicile.

« Mon intention est d’aider les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite afin qu’elles n’aient pas à voyager et à attendre leur tour. Ainsi, l’argent qu’elles doivent débourser pour un taxi peut leur servir à acheter de la nourriture ou des médicaments supplémentaires », conclut Reejuan Mohammad Ramdany.