Récents scandales : Le silence complice du Premier ministre et des autorités

Alors que le pays se dirige vers des élections générales, le gouvernement semble avoir bien défini son calendrier d’activités. Les inaugurations s’accélèrent à la vitesse grand V alors que des mesures populistes s’enchaînent. Une indication claire et nette que le gouvernement veut créer un « feel good factor » visant à faire oublier à la population les scandales ayant miné son gouvernement tout au long de son mandat. D’ailleurs, le Premier ministre ne donne plus l’impression de se soucier des derniers cas d’abus et d’allégations en tout genre dont font l’objet ses ministres. La police et l’ICAC semblent également jouer le jeu du gouvernement, en dormant tout simplement sur certains dossiers ou en fermant les yeux sur d’autres.

 Séjour et dîner « foc » d’Etienne Sinatambou

À quand une enquête ?

« I don’t stay free of charge. I don’t eat free of charge ». C’est ce qu’a dit Etienne Sinatambou en guise de défense à l’Assemblée nationale alors que les parlementaires de l’opposition le narguaient sur ses factures « free of charge » à l’hôtel Maritim. Bien que le ministre soit monté sur ses grands chevaux, nous traînant dans la foulée, à la police, il n’a jusqu’ici pas encore prouvé qu’il n’a rien à se reprocher. Et la question se pose toujours : pourquoi les factures de son hébergement du 11 au 13 septembre 2018 et celui de son dîner (non, il n’était pas question de dilo et biscuits Marie) en compagnie de cinq personnes le 30 juin 2019 font mention de « amount to be absorbed by hotel » et « FOC » (ndlr : free of charge) respectivement. D’autant qu’une demande « EIA » a été faite par l’hôtel Maritim au ministère de l’Environnement que gère Etienne Sinatambou lui-même.

Y a-t-il eu un délit sous la section 7 de la « Prevention of Corruption Act » (POCA) ? Alors que la polémique enfle, c’est du « business as usual » pour Pravind Jugnauth, trop occupé sans doute à couper des rubans. La commission anti-corruption n’y flaire peut-être rien non plus alors que la perception qu’il y ait eu « using office for gratification » est bel et bien réelle. Alors que la presse, dont Sunday Times, sera bientôt inquiétée par les éléments du CCID, le ministre Etienne Sinatambou, lui, peut toujours dormir sur ses deux oreilles.

Propos insultants d’Anil Gayan

L’enquête au point mort

Presque trois mois après que des plaintes ont été déposées contre Anil Gayan au CCID pour propos insultants, l’enquête policière est toujours au point mort. Le Premier ministre avait pourtant donné la garantie aux représentants de la communauté musulmane qu’une sanction sera prise à la lumière des conclusions de cette enquête. Or, celle-ci piétine. Entretemps, Anil Gayan siège toujours comme ministre sans qu’il ne soit le moindrement inquiété. Même la manifestation tenue par des Musulmans n’a pas eu l’effet escompté, tel « delo lor brède songes ». Alors que la dissolution de l’Assemblée nationale s’approche à grands pas, la possibilité qu’il y ait un développement ou une sanction dans le sillage de cette affaire s’amenuise.

Pourtant, Showkutally Soodhun a bel et bien été sanctionné par le Premier ministre pour un délit presque similaire. Pourquoi Pravind Jugnauth a-t-il agi dans le cas de l’un et non dans l’autre ? Pourquoi cette sanction à deux vitesses ? Cette affaire sera-t-elle résolue ou sera-t-elle reléguée aux oubliettes, comme tous les précédents cas d’abus et d’allégations ?