Rapatriement de Mauriciens travaillant à bord des bateaux de crosières

Pourquoi force-t-on plusieurs d’entre eux à voyager par Air Mauritius

Environ 180 Mauriciens avaient embarqué comme membres du personnel et d’équipage à bord d’un bateau de croisières de la compagnie maritime Royal Caribbean le 5 février 2020, pour un contrat de huit mois. Le contrat prenant fin en octobre, les employés devaient logiquement regagner le pays ce mois-ci. Mais en raison de la pandémie de covid-19, ces derniers sont restés isolés sur le bateau pendant plusieurs mois avant de pouvoir retourner au bercail le 20 août.

Toutefois, les autorités mauriciennes avaient exigé que les employés mauriciens de la compagnie Royal Caribbean retournent impérativement sur un vol d’Air Mauritius.

Royal Caribbean, leur employeur, a ainsi dû débourser $1 300 pour le billet d’avion pour chaque employé mauricien, ainsi que $1 300 pour les frais de la quarantaine (d’une durée de deux semaines), et chacun a pu regagner son domicile le 5 septembre.

Un des employés, Nadeem (prénom fictif), qui travaille sur les bateaux de croisière en tant que tailleur depuis 20 ans, tient à dénoncer le fait qu’on a obligé les Mauriciens employés par Royal Caribbean à voyager à bord d’Air Mauritius, contrairement aux autres compagnies maritimes. Cela n’est pas une chose souhaitable, comme il nous fait remarquer, car si vous avez une quelconque réclamation à faire contre Air Mauritius, on vous dira que la compagnie est dans le rouge financièrement.

Tous les employés mauriciens du bateau de croisières avaient été admis dans un hôtel qui faisait office de centre de quarantaine.  Là-bas, on devait leur donner une fiche intitulée ‘Document for those admitted in quarantine’. Ce document fournissait les détails qui régissaient le séjour en quarantaine. Mais il faisait clairement mention que ‘You will be accommodated free of charge in a hotel for a total of 15 days, meals will also be catered for’.

Or, ces derniers n’avaient pas été logés dans ce centre de quarantaine gratuitement, vu que c’est leur employeur qui a dû casquer cette somme. « Il y a là quelque chose qui cloche », nous dit Nadeem, qui nous dit que ni lui ni les autres Mauriciens ne comprennent pas pourquoi ce document mentionne cela.

De plus, Nadeem tient à dénoncer la façon dont le protocole sanitaire a été enfreint : « Depuis l’aéroport jusqu’à l’hôtel, on ne nous avait pas fourni de gel hydroalcoolique pour le lavage des mains. En outre, il n’y avait aucun respect de la distanciation sociale. »

Nadeem a aussi eu des problèmes à l’aéroport. Comme sa valise s’était éventrée, il a  soumis une réclamation à Air Mauritius. Cette dernière avait d’abord expliqué que le nécessaire allait être fait, mais après trois semaines, cela a été une tout autre histoire. Air Mauritius devait faire comprendre à Nadeem qu’elle était en difficulté financière, et que de ce fait, l’argent que la compagnie lui devait ne pouvait être remboursé de sitôt.

Nadeem est très remonté par la réponse de la compagnie d’aviation nationale. « Ce n’est pas logique que les employés d’autres compagnies pouvaient prendre n’importe quel avion, nous étions obligés de voyager à bord d’Air Mauritius. Maintenant, quand on fait face à des problèmes avec cette compagnie, on nous dit qu’elle est en crise. »

N.N