Questions à … Jean Yves Chavrimootoo, négociateur syndical, MPA MAOSU : « Le remorqueur Sir Gaëtan Duval n’était pas équipé de sonde de profondeur »

Q : Les capitaines Barbeau et Newoor ont été priés de ‘step down’. Une nouvelle rassurante ?

C’est une suspension, bien qu’ils jouiront toujours de leurs salaires. Mais cette sanction a quand même tardé à venir.

 

Q : Vous soutenez qu’il y a suffisamment d’éléments pour établir une ‘prima facie case’ contre le Capitaine Newoor. Pourquoi ?

Il a donné des ordres de chez lui pour que l’équipage procède à cette opération alors que ce dernier l’avait prévenu que la mer n’était pas praticable avec des vagues atteignant les 6 à 7 mètres. La Météo, soulignons-le, interdit toute sortie en haute mer quand il y a des houles au-delà de 3 mètres. Maintenir cette opération dans de telles conditions est synonyme d’homicide involontaire. Un ‘Master Mariner’ n’aurait jamais agi ainsi.

Il faut aussi savoir que le remorqueur n’était pas équipé d’une sonde de profondeur. En haute mer, cette sonde n’aurait pas été nécessaire, mais elle s’avère importante quand vous effectuez un trajet à quelques centaines de mètres de la côte et quelques dizaines de mètres des récifs. C’est une négligence criminelle.

 

Q : Quid du rôle du Port Master ?

Il ne peut pas prétendre ne pas être au courant d’une décision qui a été prise par son adjoint. Il doit donc assumer ses responsabilités. Peu importe l’état du remorqueur, l’état de la mer n’était pas praticable et cette opération n’aurait pas dû être maintenue en dépit des avertissements de l’équipage.

Il est complice parce que durant deux ans, il n’a rien fait pour remédier aux manquements. Soulignons aussi que la ‘Maintenance Unit’ fonctionne sans de ‘Marine Engineer’ depuis trois ans. Lorsqu’on a évoqué ces problèmes, la seule action que le Capitaine Barbeau a prise est de faire enlever les couchettes dans les ‘tugs’, punissant ainsi les membres de l’équipage.

 

Q : Parlons de l’état du remorqueur. Était-il apte à faire cette opération ?

Il a la capacité de la faire. Mais il ne faut pas être expert pour savoir qu’un remorquage ne peut être fait dans de telles circonstances. La question qui se pose : quelle relation le Capitaine Newoor a-t-il avec les opérateurs du secteur privé du port ? Le secteur privé a-t-il exigé que le travail soit fait immédiatement ? Le Capitaine Newoor s’est-il plié à ces exigences ? Avait-il peur de ne pas obtenir des bouteilles de whisky à la fin de l’année ?

 

Q : Ce sont des allégations très graves que vous faites contre lui. Avez-vous des preuves ?

Ce sont des allégations que j’assume et que je vais défendre quand je donnerai ma version des faits aux enquêteurs. Il est d’intérêt public que je les révèle. Je le maintiens, il y a une relation incestueuse entre les Capitaines Barbeau et Newoor et le secteur privé.

 

 

Z.R