Pradeep Jeeha réclame l’institution d’une enquête financière sur le Mauritius Sugar Syndicate

Industrie sucrière

C’est dans une correspondance qu’il enverra incessamment au Premier ministre, Pravind Jugnauth, que l’ex-ministre des TIC, Pradeep Jeeha, réclamera l’institution d’une enquête financière à l’encontre du Mauritius Sugar Syndicate.

Pradeep Jeeha utilise l’exemple de la bagasse pour démontrer comment les petits planteurs souffrent. « Cette matière a toujours été utilisée gratuitement par les meuniers / planteurs (Independent Power Producers, IPP) pour la production de l’électricité, qui est par la suite vendue au CEB. Si le petit planteur reçoit à peine Rs 126 pour la tonne de bagasse produite, les barons sucriers gagnent la somme de Rs 1 452 par tonne. De ce fait, les planteurs sont étouffés à mort », explique-t-il.

Ce dernier affirme que ce sont les contribuables et le CEB qui indemnisent les petits planteurs pour leur production de bagasse et non les IPP. « Les barons sucriers sont payés deux fois pour la même bagasse. Une fois pour la matière elle-même et l’autre pour la vente d’électricité. Sur la base des statistiques que nous avons, datant de 2016, il y a eu 17,5 % de l’électricité domestique produit à partir de 1 112 945 tonnes de bagasse pour la valeur de Rs 1,6 milliard. Il y a eu seulement 368 GWh d’électricité vendus au CEB pour la somme de Rs 1,2 milliard, soit Rs 1 075 la tonne de bagasse. Les 129 GWh restants, soit d’une valeur de Rs 425 millions, ont été utilisés gratuitement dans les raffineries et les distilleries des barons », affirme Pradeep Jeeha.

Situation de ‘juge et partie’

L’ancien ministre explique que le moment est venu pour qu’une enquête financière soit faite sur le Mauritius Sugar Syndicate (MSS). Mais pourquoi cela ?  Selon la MSS Act, datant de 1951, il est stipulé que le Mauritius Sugar Syndicate est la seule organisation responsable de la commercialisation du sucre produit à Maurice ; il a pour objectif la vente de tous les sucres et la distribution du produit de la vente. Cependant, pour Pradeep Jeeha, en dépit de cette loi, le MSS est géré et administré conformément au statut d’association depuis 1967, et est constitué d’un comité de 14 personnes, qui sont des représentants du secteur, ainsi que de 8 représentants de petits et grands planteurs de canne, nommés par le ministre de l’Agro-industrie. « Le PDG de la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA), qui est le régulateur, siège également au conseil d’administration du MSS. N’est-il pas juge et partie en même temps ? Paradoxalement, les principales décisions sont prises par un sous-comité, qui détermine la subvention des planteurs après avoir nourri les grosses vaches de l’industrie ! », dit-il. Il exige ainsi une enquête financière sur le MSS qui, selon lui, fonctionne comme un club privé soumis aux « caprices et aux fantaisies des barons sucriers ».   

Un détournement de fonds ?

Pradeep Jeeha explique de façon imagée une situation entourée de zones d’ombre. « Allons dire que Maurice a deux raffineries de sucre avec une capacité totale de raffinage d’environ 350 000 tonnes.  On entend dire que le MSS est entré dans un accord contractuel avec les deux raffineries pour leur garantir une offre de 370 000 Mt de sucre à des fins de raffinage à un prix de 65 euros la tonne.  Cependant, toute insuffisance résulte en une pénalité de 45 euros la tonne, soit Rs 1 800. De ce fait, la légalité de cet accord est hautement discutable, vu que l’indemnité de pénalité à payer aux raffineries aurait dû être payable aux planteurs de canne. Toute personne ayant du bon sens verrait qu’il s’agit d’un détournement de fonds des planteurs, pour ne pas dire une fraude. Comment peut-on conclure un tel accord quand notre production annuelle ne dépasse pas les 330 000 tonnes ? », se demande Pradeep Jeeha, qui demande au Premier ministre de se réveiller sur ce dossier.