Plainte d’Ingrid Charoux au CCID : Le beau-frère d’un ministre accusé de tenir des propos racistes

 

Ingrid Charoux est une activiste sociale et une professionnelle dans le secteur de l’hôtellerie. Ayant décidé de mettre un terme aux commentaires et propos racistes, elle s’est rendue aux Casernes centrales le jeudi 17 septembre en compagnie de son homme de loi, Me Jean Claude Bibi, pour consigner une déposition contre une page Facebook connue comme ‘Senna Budlorun’, une page où gravitent ceux qui se présentent comme les défenseurs d’une communauté en particulier. Il faut dire que cette page est en effervescence depuis peu, dans le contexte de tension actuel.

Selon elle, ces derniers ne la tiennent pas en odeur de sainteté car ils auraient mal digéré une vidéo qu’elle avait postée sur les réseaux sociaux en 2018. La vidéo avait été tournée sur la plage de Belle-Mare, et Ingrid Charoux avait été choquée par l’état de la plage après une cérémonie religieuse.  Pour elle, c’était une question de faire respecter l’environnement, et il n’était pas question de dénigrer telle ou telle religion dans sa vidéo. Il n’y avait aucune raison pour que ce groupe de personnes de prendre la mouche, maintient-elle.

Mais sur la page Facebook d’Ingrid Charoux, sous la vidéo, un groupe de personnes avait récemment traité Ingrid Charroux de raciste. « En me traitant de raciste, les personnes qui ne me connaissent pas vont croire que je suis effectivement raciste », dénonce-t-elle. Selon Ingrid Charoux, cela entachera sa réputation sur le plan professionnel, entre autres. « Je fais affaire avec différentes personnes, des Mauriciens de toutes les communautés, comme avec les étrangers », précise-t-elle. Si cette personne l’avait connue, elle aurait apprécié Ingrid Charoux à sa juste valeur.

Elle estime que sa décision d’aller consigner une plainte aux Casernes centrales pourrait insuffler du courage à une autre personne qui subirait le même sort qu’elle.

Or, la personne derrière le profil Facebook de Senna Budlorun est le beau-frère d’un ministre.

Ingrid Charoux ajoute : « Ils croient que quand ils sont proches d’un ministre, on ne va pas les arrêter ? Ce n’est pas comme ça que l’on va avancer ! » Elle compte laisser l’enquête suivre son cours mais ne mâche pas ses mots. Selon elle, il n’y a pas deux poids, deux mesures, mais bien trois poids, trois mesures dans ce pays, surtout quand on voit les récentes arrestations, comme cela a été le cas de Fariha Ruhomaully. « Quand certains critiquent telle ou telle personne sur Facebook, ils se font arrêter à 5 h du matin. J’ai moi aussi porté plainte et maintenant, nous allons voir ce qui va arriver », fustige-t-elle.

Dans le sillage des marches à Port-Louis et à Mahébourg, il y a apparemment eu une poussée de publications plutôt provocantes sur la page Facebook en question.

Pour elle, c’est sur cette page qu’il y a actuellement des propos racistes, surtout dans le contexte actuel : « Franchement, je ne connais pas personnellement l’auteur de cette page. Je pense d’ailleurs que c’est la politique qui entre dedans, créant ainsi la division, ce qui est dommage. »

Elle se demande comment des personnes en 2020 peuvent être aussi intolérantes. Elle explique qu’elle ne comprend pas quelles sont les intentions de ces personnes. Elle pense qu’il s’agit là d’une tentative pour créer la division, vu les marches organisées récemment. « Où allons nous dans ce pays ? Aret pense communalisme, pense mauricianisme », réitère-t-elle. « Ce n’est pas possible qu’un petit groupe de 10-15 personnes sème la division alors que tout le monde se sent Mauricien. On est Mauriciens avant tout, la religion doit rester à la maison. »

Hors-Texte

Interrogé sur ce sujet, l’inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office nous a déclaré pour sa part qu’une enquête est en cours pour rechercher la personne derrière ce profil sur Facebook.