Osman Mahomed : « J’y suis, j’y reste »

Il fait actuellement l’objet d’une pétition pour qu’il démissionne comme député de l’Assemblée nationale pour faire de la place à son leader, Navin Ramgoolam. Une démarche qu’Osman Mahomed, député de la circonscription no 2 (Port-Louis Central – Port-Louis Sud), qualifie de « malveillante ». D’autant qu’elle a été « sévèrement condamnée » par Navin Ramgoolam, dit-il. Il n’a nullement l’intention de se laisser intimider par des actes pareils, soutient-il, en affirmant qu’il bénéficie du soutien de son leader. Osman Mahomed maintient qu’il a été élu pour défendre les intérêts des habitants du no 2. Une mission qu’il compte accomplir jusqu’au bout de son mandat. Et cela en dépit des agissements « cheap » de certains élus du gouvernement qui tenterait tout pour l’empêcher de mener à bien cette mission.

Zahirah RADHA

 

Q : Vous faites actuellement l’objet d’une pétition de la part de certains agents du PTr réclamant votre démission en faveur de Navin Ramgoolam. Seriez-vous prêt à délaisser votre siège de député pour faire de la place à votre leader?

R : Autant que je sache, ce ne sont pas des agents du PTr, mais l’œuvre d’une personne de la circonscription no 3, en l’occurrence un ancien agent du MMM qui, au cours de ces dernières années, a rejoint le PTr. Quel droit cet agent du no 3 s’arroge-t-il pour demander à ce qu’un élu du no 2 soumette sa démission ? Quelles sont ses motivations réelles, d’autant qu’on sait maintenant que cette démarche n’est nullement cautionnée par le PTr ? Bien au contraire, c’est un acte malveillant et il a été sévèrement condamné par le leader du PTr.

Cependant, ce qui me réjouit dans toute cette histoire, c’est le fait de voir que Navin Ramgoolam soit toujours un leader très apprécié, au point où les gens pensent qu’il mérite amplement une place à l’Assemblée nationale. Mais Navin Ramgoolam est un homme de principe. Il retournera au Parlement par la grande porte, comme Premier ministre. La question de ma démission ne se pose donc pas. J’y suis, j’y reste.

 

Q : Justement, avez-vous évoqué la question avec lui ?

R : Après la parution d’un article me concernant dans un quotidien, il a été l’un des premiers à m’avoir appelé pour me dire que c’est de la foutaise. Il est, par la suite, monté au créneau, à travers les colonnes du même journal, pour affirmer que « des faussetés ont été dites sur Osman Mahomed » et qu’« Osman un bon parlementaire. Li fer so travay bien. Enn bann dimounn pé dir bann fossté lor Mahomed ». Je laisse à la population, et à mes mandants, le soin de tirer leurs propres conclusions.

 

Q : D’un côté, il y a les instigateurs de cette pétition qui pensent que vous ne défendez pas assez les marchands ambulants et de l’autre, votre présence sur le terrain semble donner du fil à retordre à votre colistière du MSM. Cette situation n’est-elle pas ironique?

R : J’ai vu la pétition et laissez-moi vous dire que l’instigateur de cette pétition n’a récolté que quelques signatures. Beaucoup de gens ont refusé de signer cette pétition pour des raisons évidentes, comme l’a d’ailleurs dit Navin Ramgoolam lui-même. Plusieurs de mes mandants m’ont appelé pour me témoigner leur soutien. Il en est de même sur les réseaux sociaux, surtout sur ma page Facebook. Revenons maintenant aux marchands ambulants. Je les ai toujours soutenus, fut-il à l’Assemblée nationale ou ailleurs. D’ailleurs, j’ai été le seul parlementaire à être présent à leur première manifestation au Champ de Mars en février 2016. J’ai aussi été le seul député jusqu’ici à avoir formellement exposé, à l’Assemblée nationale, le mode opératoire de la ‘Tornado Squad’. Je n’ai jamais politisé la problématique des marchands ambulants, même si certains d’entre eux, dont le président de leur association, ont ouvertement soutenu l’Alliance Lepep aux dernières élections. À mon avis, ce dossier relève plus d’un drame humain qu’autre chose. Plusieurs personnes, de surcroît éduquées,  sont devenus marchands ambulants par obligation et non par choix. Il y va de leur survie. Il est donc impératif qu’on trouve une solution humaine et acceptable à leurs problèmes le plus vite possible.

Par contre, je ne souhaite pas me prononcer sur ma colistière du MSM. Je sais qu’elle fait de moi son sujet favori dans ses réunions politiques, même dans celle de Plaine-Verte tout dernièrement, mais je ne vais pas en faire de même.

  • « Navin Ramgoolam est un homme de principe. Il retournera au Parlement par la grande porte, comme Premier ministre »

 

Q : Le président de la ‘Street Vendors Association’, Hyder Ryman, a soutenu que la manifestation tenue à l’issue du dernier congrès du MSM à Plaine-Verte a été orchestrée par des agents d’un parti politique, en l’occurrence le PTr, et non par des marchands ambulants…

R : Je ne sais pas d’où Hyder Ryman a retiré cet argument mais c’est complètement faux. Showkutally Soodhun lui-même a reconnu que c’était bien des marchands ambulants qui étaient présents et qu’ils étaient ‘wild’ contre Anwar Husnoo. Je ne vais pas m’attarder sur leurs tentatives désespérées de faire croire qu’il n’y a eu aucune démonstration hostile envers eux. Les vidéos circulant sur les réseaux sociaux sont suffisamment éloquentes pour qu’ils soient pris à leur propre piège. Ces incidents confirment cependant que l’Alliance Lepep, particulièrement le MSM, a beaucoup perdu de sa popularité et sa crédibilité au sein de cet électorat précis. Heureusement pour eux que le pire a été évité. Tenir cette réunion dans la région dans un tel contexte était, selon moi, très mal inspiré.

 

Q : Nombreux sont les marchands ambulants qui disent avoir été bernés par le gouvernement. Partagez-vous leur indignation face à l’incapacité des autorités à trouver une solution qui leur soit acceptable ? 

R : Bien sûr. Ce que les marchands déplorent surtout, c’est qu’ils ont délogé bien avant qu’une solution permanente ne soit trouvée. Comment font-ils pour vivre entretemps ? Sont-ils condamnés à dormir le ventre creux ? Les colporteurs dénoncent aussi la politique de deux poids deux mesures adoptée par les autorités. Pourquoi les mesures prises à Port-Louis ne sont-elles pas appliquées dans d’autres villes et villages ?  Ce sont là des questions légitimes qu’ils se posent. C’est ce qui, à mon avis, explique la grande colère manifestée jeudi dernier au centre Idrice Goomany à Plaine-Verte. Ceci dit, je crois fermement que les autorités doivent trouver des solutions dans les plus brefs délais pour que ces colporteurs puissent gagner leur vie légitimement, et sans avoir à être constamment sur le qui-vive.

 

Q : Il paraît que certains au gouvernement tentent, par tous les moyens, de vous mettre des bâtons dans les roues. Cela ne gêne-t-il pas votre travail de député ?

R : Certainement. Néanmoins, je peux quand même résoudre beaucoup de problèmes auxquels sont confrontés les habitants de ma circonscription. En tant qu’ancien fonctionnaire, je connais bien les rouages, ainsi que les responsables des divers départements. Je dénonce toutefois la façon dont les officiers sont constamment intimidés afin qu’ils ne coopèrent pas avec moi. Cette façon d’agir est extrêmement ‘cheap’ ! Ces agissements ne me découragent guère, car c’est mon devoir et ma responsabilité de résoudre les problèmes de mes mandants. N’en déplaise à mes détracteurs ! Vous savez, un officier m’a même dit qu’en rapportant des problèmes et les faire résoudre, je suis en train d’aider l’administration publique. Je ne comprends pas comment des élus du pouvoir peuvent ainsi intimider des officiers pour qu’ils ne fassent pas leur travail, comme moi je leur demande de faire, et pour lequel ils sont payés des deniers publics. C’est illogique !

 

Q : Comment expliquer ce mécontentement grandissant de la population envers le gouvernement deux ans seulement après son accession au pouvoir?

R : Vous savez, puisque vous me le demandez, il y des gens, y compris des fonctionnaires, qui sont en train de compter les jours jusqu’aux prochaines élections. C’est un phénomène unique. Ma réponse est simple et je suis sûr que vous l’avez déjà entendu : les gens ont voté par défaut en décembre 2014. Mais, deux ans après, la population reste toujours sur sa faim quant aux grandes promesses faites par l’Alliance Lepep. Le deuxième miracle économique n’aura finalement été qu’un mirage. La création d’emplois tarde à venir. L’approvisionnement en eau pendant 24h/24 et 7/7 n’est toujours qu’un leurre. Loin d’être transparentes, les nominations sont les unes plus scandaleuses que les autres. Est-ce cela la bonne gouvernance promise par l’Alliance Lepep ? Pis encore, la drogue connaît une explosion sans précédent.

  • « Les incidents à Plaine Verte confirment que l’Alliance Lepep, particulièrement le MSM, a beaucoup perdu de sa popularité et sa crédibilité au sein de cet électorat précis » 

 

Q : Votre première question parlementaire à l’Assemblée nationale était justement axée sur la drogue. Êtes-vous satisfait de la lutte menée par les autorités contre ce fléau?

R : Quelle lutte ?! La drogue a pris une ampleur phénoménale, voire catastrophique, dans ma circonscription, aussi bien que dans le pays en général. Selon mes mandants, l’ADSU a effectué pas mal de descentes au no 2 à la suite de ma question. Ce qui prouve l’efficacité de mes démarches au Parlement.

Suite à une récente PNQ, j’avais suggéré au Premier ministre de considérer la création d’une ‘special court’ pour la drogue. Les petits consommateurs et les grands trafiquants ne peuvent pas être condamnés sous le même toit, car tout contact entre eux pourrait s’avérer néfaste. Cette cour spéciale pourrait également traiter les affaires concernant le nombre grandissant des policiers impliqués dans des trafics de drogue. C’est inacceptable que ces derniers perçoivent toujours leurs salaires, même en étant suspendus. Les affaires en cour durent pendant plusieurs années, avec pour conséquence que la plupart de ces cas sont affaiblis, les preuves ayant été trafiquées ou disparues tout simplement. Une cour spécialisée pourrait procéder plus rapidement et plus efficacement.

 

Q : Le pays aura, tôt ou tard, un nouveau Premier ministre en la personne de Pravind Jugnauth. Que compte faire le PTr dans une telle éventualité?

R : Le parti est catégoriquement contre cette proposition et prévoit d’organiser de grands forums politiques, y compris un rassemblement à La Louise, Quatre-Bornes, pour dire NON à cette démarche, que le PTr considère comme un ‘deal’ entre père et fils. Comme dirait l’autre, tout ce qui est légal n’est pas forcément moral.

 

Q : Maintenant que huit des onze accusations qui pesaient contre Navin Ramgoolam ont été rayées, cela permet-il au PTr de reprendre du poil de la bête?

R : Personnellement, je suis très content pour Navin Ramgoolam. Le PTr et le leader du parti lui-même ont beaucoup appris après la défaite des législatives de 2014. Le charisme et la personnalité de Navin Ramgoolam rendent le PTr encore plus populaire. Et maintenant que les accusations qui pèsent contre lui sont, les unes après les autres, rayées en cour, il est plus que jamais déterminé à sauver le pays des griffes de l’Alliance Lepep. D’autant que les gens réalisent désormais que le leader du PTr a été victime d’une vendetta politique. Le PTr fait en même temps une remontée spectaculaire. Le succès que connaissent nos meetings et nos congrès en est la preuve. Il n’y a pas de doute que nous reviendrons aux prochaines élections plus requinqués et plus forts afin de répondre aux aspirations de la population.

 

Q : Mis à part votre couleur ou vos convictions politiques, êtes-vous en faveur qu’un jeune soit à la tête du pays?

: Je suis persuadé que le jour viendra où il y aura un jeune à la tête du pays, comme Justin Trudeau au Canada. Mais en attendant, je pense sincèrement que le prochain Premier ministre sera Navin Ramgoolam.

 

Q : Et si vous êtes appelé à prendre les rênes du pouvoir ?

R : (Rires) Je préfère ne pas répondre à cette question à ce stade, car une réponse affirmative de ma part me créera trop d’ennemis et Dieu sait que j’en ai déjà assez!