Opinion : Une conférence de presse qui laisse ‘Lepep’ sur sa faim…

 

Est-ce que vous vous rappelez de ce fameux petit jeu de la barbichette ? Celui qui consiste à se placer face à face avec l’autre en se tenant mutuellement le menton tout en chantant ensemble une comptine? Le but du jeu étant de rester le plus longtemps possible dans une posture sans esquisser le moindre rire ou sourire puisque le premier qui aura cédé aura bien sûr perdu mais sera infligé d’une [petite] gifle par son adversaire sur la joue. Eh bien, c’est ce dont la population mauricienne est en train d’assister depuis la semaine dernière avec cette crise au sommet de l’État entre l’hôtel du gouvernement et le bureau de la Présidence. Et la conférence de presse du Premier Ministre cette semaine n’a clairement servi à rien puisque notre population, démoralisée par tout cet épisode, est restée sur sa faim.

Eh oui, lors de cette fameuse rencontre avec la presse le jeudi 15 mars : À écouter le premier ministre – il est clair qu’il a préféré réorienter et recadrer sa communication à lui, de son bureau plutôt que de se concentrer sur l’essentiel, c’est à dire la destitution de la Présidente de la République étant donné que c’est la seule option valable – pour l’instant – qui reste puisque celle-ci ne compte pas démissionner selon le communiqué de presse émis mercredi dernier. Ce qui est le plus consternant d’ailleurs, c’est le fait que le Premier Ministre n’a pas trouvé nécessaire et utile – dans l’intérêt public et surtout dans l’intérêt du pays – de souligner les éléments et les faits reprochés au chef de l’état, ni une indication des procédures que compte déclencher son gouvernement avec la mise sur pied d’un  tribunal comme stipulé sous la section 30 (3) de la Constitution afin de remédier à cette crise inédite et sans précédent de notre histoire politique.

Bref, cette fameuse conférence de presse a été un fiasco, une blague et une perte de temps tout comme le point de presse de la semaine dernière. Et le comble, c’est que Pravind Jugnauth a dit face à la presse jeudi dernier qu’il est en possession d’informations très graves sur Mme Ameenah Gurib Fakim, ce qui l’aurait poussé à demander à celle-ci de quitter le Réduit. Des informations qu’il rendra publiques en temps et lieu. Ce qui soulève la question suivante : Serait-ce là du chantage à l’encontre de la première femme présidente de notre République afin de continuer à la pousser vers la démission plutôt que de mettre sur pied ce fameux tribunal dans lequel elle pourrait étaler des éléments et des faits qui mettraient en péril l’avenir de ce gouvernement ? Pourquoi tant d’hésitation de la part du gouvernement?  Pourquoi ce manque d’audace?

Entre temps, non seulement cette situation a déclenché une crise constitutionnelle mais a également pris la République en otage puisqu’il semble qu’il n’y aura plus de dialogue permanent entre la « State House » et la « Governement House » comme prévu dans notre Constitution pour le bon fonctionnement des institutions. Si cela continue ainsi, non seulement notre pays sortira affaibli mais sortira également avec un perdant, c’est-à-dire NOUS !

Alexandre Laridon