On lui refuse l’accès à la banque Baroda parce qu’elle portait le ‘niqaab’…

Maurice est un pays démocratique, et les Mauriciens, toutes religions confondues, ont le droit de pratiquer leur religion comme bon leur semble. Mais au fond, certains de nos citoyens ont toujours du mal à accepter la pratique religieuse des autres, notamment en ce qui concerne leur tenue, ou encore quand on la pratique en public.

Ce n’est pas Nabeelah Fatadin, 21 ans, enseignante dans un collège, qui nous dira le contraire. Elle est venue de l’avant, attristée, pour relater sa mésaventure. Nabeelah, qui porte son niqaab avec fierté, a été refusée l’accès à  la banque Baroda à Vacoas, une première fois durant la période de confinement et la deuxième fois, pas plus tard que la semaine d’avant.

Pendant le confinement, Nabeelah s’était rendue comme d’habitude à la banque en compagnie de son époux, qui est un ressortissant étranger, pour effectuer ses transactions bancaires. Elle ne se doutait nullement de ce qui allait lui arriver à l’entrée de la banque. Le vigile lui refuse l’accès à l’intérieur, en exigeant qu’elle porte un masque selon le protocole sanitaire.

Nabeelah ne se laisse pas faire dans un premier temps et demande une explication avec le vigile sur l’obligation de porter un masque alors qu’elle est bien couverte par son niqaab : « Mone attrape mo parda, mo dire li sa aussi non, parski masque pe faire avec nimporte ki la toile ». Le vigile lui répond que c’est la loi et que le port du masque est obligatoire, et il n’est pas fait mention du ‘niqaab’. Nabeelah préfère que les choses ne dégénèrent pas et quitte la banque laissant son époux effectuer la transaction bancaire à la place.

Des moments humiliants que Nabeelah et son mari n’oublieront pas de sitôt. Nabeelah n’a jamais fait face à une telle réaction depuis qu’elle porte le ‘niqaab’, et jamais ne s’est-elle sentie différente des autres.

Dans un premier temps, Nabeelah croyait que c’était à cause du confinement que cet incident s’est produit. Elle se rend pour la deuxième fois la semaine d’avant à la banque Baroda où on lui refuse une fois encore l’accès, tout en lui disant de porter un masque pour pouvoir accéder a l’intérieur de la banque. « Mo pas kapav tire mo pardah en public pou met ene masque devant tou dimun », dit Nabeelah. Rouge de colère, Nabeelah a dû attendre une nouvelle fois à l’extérieur dans la chaleur.

Au début, Nabeelah ne songeait même pas  ébruiter cette affaire, mais à mesure que le temps s’est écoulé, elle a mûrement réfléchi, surtout après qu’elle a relaté ces épisodes pénible à ses proches et ses amies. On lui conseille de faire un pas en avant et de faire connaître l’injustice qu’elle a subie pour que cela ne se reproduise pas.

Pour cette jeune femme mariée, c’était important de faire entendre sa voix contre cette injustice et elle ne compte pas baisser les bras quand il s’agit de sa religion et de sa dignité de femme. « Mone vine de l’avant, pas juste a cause mo met pardah mais pou tous ban dimouns dans entier Maurice ki met parda », nous dit Nabeelah. Ainsi, elle prit la décision de porter  l’incident en public. Toutefois, elle juge que les mentalités des Mauriciens changent, et les gens acceptent de plus en plus qu’une femme issue de foi musulmane puisse porter le ‘niqaab’.

Elle explique que c’était très important pour elle de se rendre à la banque mais elle a préféré se taire face à cette situation. « Mone gagne boukou colère, mais mone mange mo coup juste pour pena villain et mone respecter sécurité la », s’insurge Nabeelah.

Cet abus d’autorité de la part de ce vigile ne l’empêchera pas de se rendre de nouveau à la banque Baroda, car qu’elle n’a d’autre choix, vu que la famille de son époux se trouve à l’étranger, et ce dernier doit leur expédier de l’argent.

Sarah Khodadin