Octroi d’un nouveau passeport express à Mike Brasse : Le rapport favorable soumis AVANT que l’enquête ne soit bouclée, contrairement aux règlements

Pourquoi un passeport avait-il été octroyé de façon expresse au passeur de drogue Mike Brasse ? La question reste toujours posée. Tandis que le DPP a ordonné une enquête plus approfondie sur cette affaire, d’autres éléments troublants font surface. Il nous revient ainsi que le rapport favorable soumis par l’ACP Vinod Domah à l’ancien Commissaire de police Mario Nobin était intervenu avant même que l’enquête relative à la perte du passeport de Mike Brasse n’ait été bouclée. Ce qui n’est pas conforme aux règlements stipulés dans deux circulaires émis par le bureau du Commissaire de police en 2011 et 2014…

L’affaire du passeport de Mike Brasse n’est pas près de terminer. Alors qu’elle avait été classée par le CCID juste avant que l’ancien Commissaire de police Mario Nobin ne soit nommé à la tête des prisons, le dossier a été relancé sur l’avis du Directeur des Poursuites Publiques (DPP). Ce dernier a réclamé que l’enquête soit approfondie. Les protagonistes, dont Mario Nobin, l’ASP Narendra Boodhram, qui vient de faire son comeback au « Passport and Immigration Office » (PIO), et l’ACP Vinod Domah, devront ainsi donner de « further statements ».

Contrairement à l’enquête initiale, les enquêteurs devront cette fois-ci interroger leur ancien chef, Mario Nobin. Maintenant que ce dernier n’est plus responsable de la police, certaines informations commencent d’ores et déjà à filtrer. De sources sûres, on apprend que le duo Nobin-Domah ne pourra complètement se dédouaner si l’enquête est réorientée comme il se doit car il est clair qu’ils auraient violé des règlements et les dispositions de la loi.

Il convient de souligner que l’octroi d’un nouveau passeport, après que l’original est déclaré perdu, n’est pas une mince affaire. Les règlements sont clairs et stricts. Ainsi, selon les « CP’s Circular No. 11/ 2012 » et « CP’s Circular No. 19 of 2014 » concernant « Lost or Stolen Passports », il est stipulé que « new passports can only be issued in such cases after exhaustive enquiries ». Cela en raison de la nature de ce « valuable document » qui demeure la propriété du gouvernement de Maurice. Or, il ne semble pas qu’il y ait eu d’« exhaustive enquiry » avant que le nouveau passeport soit octroyé, sous les instructions de l’ancien Commissaire de police, au trafiquant de drogue Mike Brasse qui était pourtant sous surveillance par l’ICAC.

Le fil des événements semblent effectivement démontrer cet état de chose. En effet, Mike Brasse avait rapporté la perte de son passeport le 25 août 2016 au poste de police de Grand-Baie alors qu’il dit l’avoir perdu le 10 août 2016, soit une quinzaine de jours plus tôt. C’est le 30 août que l’ACP Domah, « Divisional Commander », en avait informé le « Passport and Immigration Office », soulignant qu’une enquête est en cours. Cinq jours plus tard, soit le 5 septembre 2016, il devait adresser une lettre au Commissaire de police, soutenant que « lost passport has not been retrieved so far and enquiry is underway ». L’ACP Domah devait, selon cette même correspondance, ajouter que « complainant urgently needs to travel to Réunion Island on 16.09.2016 to bring back his speed boat PC 4713-Ol-17 – ‘Ilot Gabriel’ which is actually under repair thereat ». Une copie du courriel concernant le hors-bord et le billet d’avion de Brasse y était aussi annexée.

C’est en se basant sur ce rapport considéré comme étant favorable que l’ancien Commissaire de police aurait donné des instructions au PIO, selon l’ASP Boodhram, pour octroyer un « restrictive passport » à Brasse. Or, la condition contenue dans les circulaires No. 11/ 2012 et No. 19/ 2014 à l’effet qu’un nouveau passeport peut être octroyé seulement après d’« exhaustive enquiries » ne semble pas avoir été respectée puisque, selon les dires de l’ACP Domah lui-même, l’enquête était « underway », donc pas encore bouclée.

Pire, ce rapport a été adressé à Mario Nobin par l’ACP Domah le 5 septembre 2016 tandis que l’enquête n’aurait, selon nos informations, démarré que le 10 septembre 2016. Pourquoi l’ACP Domah a-t-il soumis un rapport positif à l’ancien No. 1 de la police cinq jours avant même qu’une « exhaustive enquiry » ne démarre ? C’est une des questions auxquelles les enquêteurs devront trouver réponse. D’autant plus que la raison fournie par Mike Brasse et laquelle Vinod Domah et Mario Nobin auraient approuvée ne correspond absolument pas aux critères établis par le « CP’s Circular No. 19 of 2014 » concernant les voyages en urgence (voir hors-texte).

En ce faisant, Domah n’a-t-il pas fait allègrement fi de ce circulaire qui enjoint, selon le paragraphe 6, les « Divisional Commanders are to follow instructions already conveyed in paragraphs 1 and 2 of CP’s Circular No. 11 of 2012 – Lost Passport, and avoid leniency and make members of the public understand that rigid control is exercised over the issue of passport. Divisional Commanders should pay heed to the above instructions before recommending the issue of any passport on a fast track basis » ? Et en se basant aveuglement sur le rapport fourni par Domah, Nobin n’a-t-il pas enfreint des règlements établis par le bureau qu’il dirigeait, d’autant qu’il n’a lui-même aucun droit de s’ingérer dans ces procédures car seul l’« Officer in Charge » du « Passport and Immigration Office » peut décider de la marche `å suivre suivant le rapport d’un « Divisional Commander » ?

Brasse pas éligible pour obtenir un nouveau passeport sur une base « fast track »

Les critères pour qu’un nouveau passeport soit émis sur une base « fast track » sont comme énumérés ci-dessous. Il est évident, sur la base de document, que la raison fournie par Mike Brasse ne correspond à aucun de ces critères.