Non-paiement du ‘Self-Employed Assistance Scheme’: Des lourdeurs administratives de la MRA impactent durement sur des familles

Beaucoup de personnes qui auraient dû recevoir l’assistance financière du gouvernement, sous le ‘Wage Assistance Scheme’ (WAS) ou sous le ‘Self-Employed Assistance Scheme’ (SEAS), ne voient pas cet argent venir, par cause de lourdeur administrative. Or cela peut plonger de nombreuses personnes dans le désespoir, pouvant même mener à la dépression  ou au suicide. Un couple nous décrit le calvaire qu’il vit, de par les gabegies de la Mauritius Revenue Authority (MRA).

Si de nombreux plaisanciers de la côte sud-est sont toujours en attente de la ‘Solidarity Grant’, c’est aussi le cas pour de nombreuses personnes ‘self-employed’, qui sont toujours en attente de leur paiement sous le ‘Self-Employed Assistance Scheme’ (SEAS).

Salim et Fidou (prénoms fictifs) sont les parents de trois enfants, âgés de 18 ans, 15 ans et 6 ans. Salim travaille comme marchand ambulant sur les plages. Il détient un permis en bonne et due forme depuis environ 30 ans. Fidou travaille elle aussi sur les plages comme ‘Beach Trader’, et détient un permis de la ‘Beach Authority’ depuis 10 ans.

La pandémie de covid-19 et la fermeture des frontières qui a suivi ont frappé de plein fouet cette petite famille. Mari et femme ont pu bénéficier d’une somme de Rs 5 100 pendant trois mois sous le ‘Self-Employed Assistance Scheme’ (SEAS). Ils ont pu subvenir à leurs besoins et à ceux des enfants pendant ce temps.

Mais depuis le mois de juin, Fidou ne reçoit plus la somme de Rs 5 100. Ce qui a mis toute la famille dans l’embarras : les dettes s’accumulent et Salim et Fidou essayent désespérément d’écouler leurs stocks d’articles qu’ils vendaient sur les plages.

« Mauritius Revenue Authority so la main lourd pou payé »

Sa femme n’ayant pas reçu le SEAS, Salim essaye d’entrer en contact avec la Mauritius Revenue Authority (MRA). « Il faut faire au moins cent appels pour pouvoir joindre un préposé », nous relate ce père de famille. Ce dernier a finalement pu avoir un officier de la MRA au bout du fil, qui lui a indiqué la marche à suivre.

Ce dernier a scrupuleusement suivi la procédure exigée de lui : envoi des photocopies des documents pour que l’on puisse faire le nécessaire mais cela est resté lettre morte.

Salim tente une nouvelle fois. Les officiers vont lui faire comprendre que son dossier a bien été envoyé au département concerné pour faire le nécessaire. Après un mois, Fidou reçoit un appel de la MRA, l’informant que la ‘Beach Authority’ lui a fait parvenir une liste des bénéficiaires sous le SEAS et que le nom de Fidou figurait bel et bien sur cette liste. De ce fait, il fallait envoyer les documents nécessaires encore une fois. « Nou ine allume ene long la bouzie. Nou ine pensé ki san fois la, tou pou korek. Me encore ene fois la bouzie la ine teigne », lance Salim, désabusé.

Ne voyant aucun argent venir, Salim et son épouse décident de se rendre en personne au siège de la MRA à Port-Louis. Sur place, un officier effectue une vérification. Il admet que Fidou aurait dû recevoir le SEAS. Stressée par cette situation, Fidou perd connaissance sur place.

Les officiers de la MRA vont faire comprendre au couple qu’ils vont faire le nécessaire en une semaine. « Enkor ene fois nou fine gagne lespoir, nou pe dir si lindi nu fine aller, vendredi pou fini gagner, mais zero meme », lance un Salim plus qu’excédé.

Le couple décide de se rendre encore une fois à la MRA. « Cette fois-ci, nous avons rencontré une cadre qui est en charge des doléances, mais nous étions choqués de sa réaction », nous explique le couple. En effet, cette dernière devait leur lancer : « Nou pa pou kapav faire narien. Nou fine envoy ou complaint ene lot departement. Banla ki pou get sa aster ».

Depuis, aucune régularisation de la part de la MRA. Fidou n’a pas encore reçu son paiement sous le SEAS depuis 4 mois. « Mauritius Revenue Authority so la main lourd pou payé, mais kan bizin koup kass dimun, sa zot premier », fustige-t-elle.

 

Neevedita Nundowah