NEF : gaspillage flagrant des fonds publics

Combat contre la pauvreté

Que se passe-t-il à la National Empowerment Foundation, institution censée d’être au service des plus démunis de notre société ? Il semblerait que rien ne va plus à la NEF depuis que l’actuel gouvernement a pris les commandes du pays en décembre 2014. Ainsi, 36 employés de cet organisme sont payés à ne rien faire depuis 2015 tandis que de nombreux pauvres ne savent plus à quel saint se vouer.

Rs 6 912 000. C’est la somme totale qu’auraient déboursée les autorités de 2015 à ce jour pour payer des « skilled workers » de la NEF. Ces skilled workers, au nombre de 36, touchent un salaire mensuel de Rs 8 000 chacun. Ils disent que depuis que le gouvernement actuel est en poste, ils se tournent les pouces à longueur de journée, à ne rien faire. Toutefois, ils émettent des doutes concernant la préservation de leur emploi, bien que la direction leur a donné la garantie qu’il n’y aura pas de licenciement.

« Nous ne faisons que chauffer les chaises de la salle de conférence de la NEF pendant toute une journée sans rien faire. Nous voulons bien travailler, mais le gouvernement a décidé que la NEF ne construirait plus de maisons désormais », affirme un skilled worker. Ces 36 skilled workers exercent comme maçons, peintres et charpentiers et ont été recrutés sous le régime PTr / PMSD pour construire des maisons pour les personnes démunies.

« Ancien gouvernement ti pe arange boucou lakaz pou bann pauvres. Aster nou pe trouve plito bane gaspillage ki pe fer », déplore un autre employé de cette institution. Il critique aussi le non-paiement d’une allocation de Rs 2 000 que les skilled workers percevaient dans le passé pour chaque maison construite, mais vu que la NEF ne construit plus de maisons pour les pauvres, ils ne touchent plus cette allocation.

Une centaine de social workers qui servent à quoi finalement ?

Ils sont plus de 100 social workers de la National Empowerment Foundation (NEF) recrutés pour faire le suivi des familles pauvres sur le terrain à Maurice. Or, selon les dires de certains, leur travail se limiterait seulement à passer des coups de fil.

Certaines langues se délient à l’effet que l’ex-ministre de l’Intégration sociale, Pradeep Roopun, avait transféré les tâches qui auraient dû être effectuées par les social workers de la NEF aux officiers de la sécurité sociale. « Auparavant, nous recevions Rs 75 pour chaque survey effectué auprès des familles démunies. Pour ce même travail, les officiers de la Sécurité sociale touchent Rs 300 par survey », affirme un employé de la NEF.

Les récents recrutements des Case Management Officers auraient été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ces derniers font le même travail que les social workers, mais empocheraient un plus gros salaire. Certains social workers de la NEF sont aussi remontés contre un courriel qu’aurait adressé le ministère de la Sécurité sociale aux familles bénéficiaires de child allowance  leur demandant de se rendre à la NEF pour les formalités. Résultat : les social workers font maintenant le travail administratif des officiers de la Sécurité sociale.

« Nous déplorons un manque de considération de la NEF et du ministre Alain Wong face à nos doléances. Outre l’inégalité salariale entre les social workers et les case management officers, nous déplorons aussi la façon dont les exercices de promotion se font. Tout cela nous démotive à faire notre travail convenablement »,  nous explique un social worker.

D’ailleurs, le projet de Social Registry of Mauritius (SRM) mis sur pied par le Ministre Roopun pour l’inscription des personnes en quête d’aide du gouvernement serait aussi sujet à de vives critiques. Sur les 17 000 familles mauriciennes qui se sont inscrites pour bénéficier d’une aide financière de l’État, plus de la moitié des demandes a été rejetée sans aucune justification.

Au fil de nos reportages dans les diverses régions de l’ile, l’équipe de Sunday Times a pu constater la pauvreté et la précarité qui prévalent dans de nombreux villages et cités (voir notre reportage sur Vuillemin et la Cité Sugar Planters dans cette présente édition). D’innombrables familles qui habitent dans des cahutes en tôle, sans eau courante ni électricité, sans WC ou salle de bains… L’histoire est la même : d’interminables démarches auprès de la NEF et des bureaux de CAB (Citizen Advice Bureau), qui se révèlent souvent infructueuses. Ces personnes sont contraintes de faire leurs besoins dans les champs de cannes… une réalité en 2017. Ce n’est certainement pas avec tous ces cafouillages et incohérences qu’on va combattre la pauvreté.

Nous avons essayé de contacter le ministre de l’Intégration sociale Alain Wong, pour avoir ses commentaires, mais il est resté injoignable.